L’Editeur Singulier publie ces jours ci une compilation de certaines de ces chroniques parues dans Libé entre 1988 et 1999. Didier Lestrade a été l’un des premiers en France à s’intéresser à la House et la Techno à l’heure où d’autres crachaient dessus, censuraient à tout va et prédisaient une durée de vie minimum à cette musique. Avec le recul, il est salutaire de constater qui avait raison… Et histoire d’enfoncer un peu le clou, je ne vais pas me gêner pour citer ceux qui se sont plantés : TF1 et NRJ qui décidèrent de censurer (difficile d’être constructeur de pavillons pour classe moyenne et visionnaire ou fan de rugby et fin observateur de la musique…), ceux qui ont retournés leur veste : les Inrockuptibles qui après avoir méprisé le mouvement pendant des années ont décidé de prendre le train en marche mais désolé les gars c’est un peu tard pour qu’on vous accorde de la crédibilité, ceux qui tentèrent de s’y retrouver dans la pléthore de disques : Best et Rock & Folk… et tous les autres trop largués pour y comprendre quoi que ce soit l’Humanité en tête où l’on put lire que les ravers étaient de méchants fachos et les dj’s des prêtres voulant les convertir…
Pendant ce temps donc, Didier Lestrade publiait ses chroniques. En connaisseur du mouvement, il nous aidait à nous y retrouver dans la jungle des sorties quotidiennes et sa liberté de ton, son humour, sa culture musicale apportèrent un éclairage nouveau à cette scène encore méconnue. Il faut bien replacer les choses dans le contexte de l’époque, pas d’internet dans ces années juste le 36 15 Rave, des infolines qui apparaissent et disparaissent, des parties de cache-cache avec les forces de l’ordre, Radio FG qui fut un formidable vecteur et des milliers de passionnés qui veulent juste danser et s’amuser. Il est beaucoup question de danse justement dans les écrits de Didier Lestrade et assez vite il s’insurge contre la radicalisation du mouvement qui s’éloigne de ses racines blacks et soul pour prendre un virage trop hardcore à son goût. La fraîcheur et la naïveté qui se dégagent de toutes ces chroniques peuvent surprendre à notre époque, justement Didier Lestrade confesse s’être peu à peu désintéressé du mouvement le jour où la musique a cessé d’être naïve, le jour où il s’est rendu compte que les Daft Punk ne réinvestiraient jamais l’argent qu’ils avaient gagné en ouvrant un grand club en France comme New Order l’a fait à Manchester. C’est donc à une belle leçon d’histoire que nous convie ce livre. Histoire qui transpire la joie et l’optimisme malgré la vie pas toujours rose du chroniqueur. Bien entendu il parlera beaucoup plus à quelqu’un qui a vécu ces folles années qu’à un néophyte en la matière. Il est bien concevable que pour se sentir captivé par Rave Age, Plus Au Sud, les raves du Pont de Puteaux ou du Fort de Champigny, la Rave O Trans à Rennes il faut avoir vécu ces années là plutôt que d’être resté chez soi.
La plus belle leçon qui ressort de cet ouvrage est que pour écrire sur la musique il n’y a pas besoin d’être musicologue ou de savoir déchiffrer une partition, le plus important et de ressentir l’émotion aux fond de ses tripes et de la retranscrire en des mots simples et compréhensibles au commun des mortels. C’est plutôt holistique n’est ce pas ?
Pour ceux que ça intéresse, il y aura une séance de dédicaces le mercredi 26 Mai de 18h à 20h à la Galerie du Mail 12 rue du Mail, 75002 Paris
Plus en bonus les archives d’eDen.
Bon, je vais pas faire le malin! Merci Frédéric, c’est la première critique du livre sur le net. C’est vrai, j’avais oublié que les Inrocks avaient MIS BEAUCOUP DE TEMPS POUR PIGER LE TRUC de la house! Maintenant je me rappelle pourquoi je ne leur ai jamais proposé de papier (rires)
non merci
bises
didier
Merci Didier.
« Bon elle est où cette rave? » (Fanny Ardant dans Pédale Douce).
C’est aussi DL qui a « lançé » Craig Amstrong en France par son article dithyrambique dans Libération. N’oubliez pas les inuendos (sous-entendus) pédés, plus ou moins clairs pour le lecteur lamda mais toujours drôles, marque de fabrique de DL.