Comment s’est passée la création de cet album, cela a été long ?
Ben oui un peu, mais en fait c’était plus lié aux concerts ! On devait faire une tournée du premier album sur quelques mois et au final elle s’est étalée sur trois ans ! Du coup cela a été un petit peu difficile de trouver des plages de composition, c’était entre chaque date, cela ne m’a pas trop laissé de choix quant au processus de création. Mais ce qui a été top c’est que finalement ces trois dernières années ont été une source d’inspiration énorme, parce-que j’ai vécu des choses assez folles, aussi bien au niveau des rencontres que des concerts, il y a eu également des moments difficiles, j’ai vécu la perte d’un proche et je me suis retrouvé aux portes de créer ce deuxième album en me disant « en fait je n’ai pas à aller chercher l’inspiration à droite à gauche, tout est là, sous mon nez, toutes ces choses fortes qui m’ont marqué ».
Discographie
TaliscoDu coup tout s’est fait petit à petit, tu n’as pas eu de moment pour souffler, ni de moment où tu as eu l’occasion de te dire « bon là, je fais un album » ?
Disons que j’ai du avoir deux mois consécutifs où je me suis dit, bon allez cette fois, je me pose et je le fais.
Cela t’a finalement plus permis de finir ce que tu avais commencé, j’imagine ?
Oui c’est ça, j’avais travaillé plein de petits bouts et je me suis vraiment plongé dedans à ce moment là, pour prendre du recul, harmoniser tout ça.
Talisco – Stay
Et comment se fait-t-il qu’elle ait duré si longtemps finalement, cette tournée ?
Parce-qu’il y a eu des répercussions imprévues, on a été signé en Allemagne, on a fait une tournée là bas aussi, ça a fait boule de neige en Suisse, en Belgique, aux Etats-Unis même. Et puis on est revenus en France, on a continué, on a continué jusqu’à la fin de l’année 2016 même !
Ah oui c’est encore la tournée du premier album ? Cela a progressivement glissé avec l’arrivée de ce deuxième non ? Je t’ai vu à La Cigale en novembre, tu mélangeais déjà les deux !
Oui maintenant on mélange les deux albums, mais depuis peu finalement !
Et pendant les concerts, comment a réagi le public face aux nouvelles chansons ?
Ben déjà il y a deux types de publics, ceux qui nous connaissent et ceux qui ne nous connaissent pas vraiment. Ces derniers découvrent quoi qu’il arrive, mais pour les autres, tu sens qu’il y a des questionnements sur ce que tu leur envoies, ils sont plus acteurs que spectateurs, et c’est souvent positif ! Pareil avec la sortie des singles pendant les mois qui ont précédé l’album, ils ont été bien accueillis par notre public, et ça c’est vraiment important !
Pour moi, à l’écoute de l’album c’est Thousand Suns qui est vraiment sortie du lot !
Ahah celle avec les trompettes ! J’adore ce morceau. C’est un morceau qui a été complètement immédiat en plus ! Je te jure, j’étais sur mon canapé et j’ai eu ce truc dans ma tête, cette mélodie avec des trompettes, j’étais à coté de mon home studio, je suis directement allé retranscrire ce que j’entendais et c’est comme ça qu’elle est née, d’un coup !
Talisco – Thousand Suns
Je la trouve moins pop que le reste de l’album, plus lourde, avec Shadow qui est assez rock aussi. Au premier abord, quand on les entend, on se dit que ça change de ton style habituel. En même temps, c’est toujours un peu ça le deuxième album d’un artiste, il faut faire des choix, continuer dans sa voie, bifurquer un peu ou alors parfois prendre un tournant radicalement différent. Tu l’as senti comment toi ?
Alors moi j’ai pas trop eu ce problème là, parce-que je voulais justement surtout pas me le poser, formuler ces questions là, qui t’influencent forcément !
Tu n’as senti aucune pression artistique, et business peut-être d’ailleurs, du fait de faire un deuxième album ?
Si.. ! Si, si bien sur, tu as toujours une pression artistique, mais j’y suis allé perdant disons. Je me suis dit, quoi qu’il arrive tu ne peux pas vraiment le maîtriser. Ça peut complètement être un énorme flop. Mais alors qu’est ce qui vaut mieux ? Il vaut mieux que ce soit un énorme flop et que tu sois fier de ce que t’as fait, plutôt que d’essayer de donner un truc qui ne me ressemble pas.
Donc tu étais plutôt sûr de ce que tu voulais ?
Oui c’est ça. Du coup perdant mais enthousiaste, sur de ce que je voulais faire. Mon objectif c’était au-then-ti-ci-té, et là, je suis super content au final. J’ai crée un album, que ce soit en terme d’écriture musicale, d’écriture de paroles, ou même d’image véhiculée, eh ben franchement j’ai exactement ce que je voulais. Après, il est probable que je ne réponde pas à la « demande du marché », c’est un fait. Mais je voulais surtout pas faire en fonction de ça.
Oui en plus ton cas est assez particulier, dans le sens où, même si ça n’était pas voulu tu as eu deux importantes synchros dans des publicités qui t’ont fait connaître, mais ont aussi donné un certain côté viral et « commercial » à ta musique, dont il doit parfois être difficile de se détacher, j’imagine.
Carrément, non mais j’essaie de dissocier complètement ce qui s’est passé avec The Keys de la création artistique ! Oui la musique est prise pour une pub, et c’est finalement plutôt flatteur quand une énorme marque te dit qu’utiliser ta musique les intéresse, mais pour autant ça n’influence en rien la création musicale .
Je me demandais, derrière comment tu rebondis sur un deuxième album, est-ce que cela change quoi que ce soit un tel succès au départ, associé à un univers qui n’est pas forcément directement celui pour lequel tu avais pensé ta musique ?
Non, franchement rien du tout. Il faut rester détaché, j’ai pas du tout l’ambition de devenir « l’artiste du moment » de suivre les traces de Stromae ou j’en sais rien, je ne me pose pas vraiment ces questions. J’avais pas envie de polluer ma création artistique en ayant des ambitions marketing, des idées reçues par rapport à mon album précédent. Je fais de la pop, donc déjà dans la pop, il y a un coté immédiat, un coté facile.
En même temps moi j’aime ça, j’aime la musique spontanée et immédiate, je n’ai pas besoin de faire quelque chose qui soit trop complexe, j’aurais l’impression de me cacher derrière un truc alambiqué.
Il y a pourtant des musiques moins « accessibles » dans cet album. C’est toi qui composes de A à Z ?
Oui c’est vrai, ben tout simplement j’ai laissé libre cours à ma créativité, et parfois c’était vraiment de l’immédiat, parfois c’etait un peu plus recherché. Oui c’est moi de A à Z, et même avec mon label, à aucun moment on ne m’a dit « Jérôme il faut que tu changes ça ou ça, faire un single plutôt comme ça. »
Et le reste du groupe, tu n’es pas en studio avec eux alors ?
Non c’est vraiment que sur scène ! En studio je suis tout seul, ou alors j’ai un peu travaillé avec Gautier, le batteur, car il a un home studio, il m’a pas mal secondé. Mais globalement sur la réal et la production, je suis seul.
Donc là tu redémarres une tournée pour cet album ? Ça ne te dérange pas désenchaîner ?
Ben j’aurais préféré avoir une pause, j’aurais vraiment préféré avoir un bloc d’au-moins un mois pour pourvoir souffler un peu. Mais là on enchaîne, promo, dates… En même temps je n’ai pas à me plaindre, c’est quand même hyper cool ce qu’on fait, même si il y a un stress, c’est un stress positif, et puis on se marre, on ne s’est pas mis de contrainte d’image. On a envie de donner un truc, un truc sincère. Surtout sur cet album, qui a vraiment une histoire.
Capitol Vision, justement, ça a une signification particulière ?
C’est une métaphore, l’association des mots pour moi est très importante, la manière dont ça sonne. Capitol, c’est un mot assez imposant, comme un monument, et Vision, c’est plus qu’un aperçu, c’est la vue d’ensemble, le regard que tu portes sur l’extérieur. Et pour moi c’est ça la métaphore, je me mettais en hauteur, et l’idée c’était de contempler les moments les plus importants que j’ai vécu sur ces dernières années. Prendre de la hauteur. Chaque chanson porte son moment, comme quand tu pars en voyage et que tu prends des photos.
Tu as un titre qui te tient particulièrement à cœur ?
Disons qu’il y a pas mal de choses qui se sont déclenchées à partir de A Kiss From L.A., c’est la première chanson que j’ai composée de cet album, et elle a un peu « ouvert les vannes », donc c’est vrai que j’ai de l’affection pour ce titre. C’était le début d’une aventure.
TOP 5
1 – Le meilleur endroit pour faire un concert ?
Alors LE concert où j’ai pris ma claque c’était à Beauregard.
2- Le meilleur endroit pour voir un concert ?
J’ai vécu un concert incroyable au Bataclan avec The Vaccines, j’avais fait leur première partie, j’avais vécu la scène, et quand j’ai vu le spectacle après, eux sur cette scène où j’étais juste avant, avec toutes leurs groupies, c’était juste dingue.
3 – Un album qui t’as marqué récemment ?
Le dernier album de Bon Iver
4 – Un album que tu attends ?
J’attendais le dernier album de Justice. c’est pas encore au niveau incroyable de leur premier pour moi, mais il y a des titres vraiment bien. Love SOS notamment.
5 – Un artiste que tout le monde a écouté sauf toi ?
Je boude un peu les trucs « electro chill » ambiance Push Abbleton. Je ne crache pas dessus hein, mais c’est pas quelque chose qui me transcende. Autant il y a de l’electro qui me plait beaucoup, je pense à Jacques par exemple. Mais cette vague là me touche moins.
Talisco - Capitol Vision
22 Nov 2024 | FESTIVAL HAUTE FREQUENCE 2024 Aire-sur-la-lys (FR) | TICKETS |
30 Nov 2024 | Atabal Biarritz (FR) | TICKETS |
Dates de concerts fournies par Bandsintown