Décembre, l’heure des comptes, elle me résume l’année écoulée très simplement : les tournées au Etats-Unis et en Europe, les festivals cet été, la sortie du premier album, et préparation en studio du deuxième album. Elle a omis un détail, et de taille : leur single ‘Around the Bend‘ choisi pour la pub iPod. Elle se justifie immédiatement : « Je pense que c’est cool pour un petit groupe qui démarre. Ca a toujours été un moyen efficace de se faire remarquer pour un nouveau groupe. Tous les groupes le font, c’est plus du tout politique, parce qu’il faut survivre et s’entraider.»
Nous sommes interrompus, et pendant les trois minutes de conversations pendant lesquelles elle n’est plus le centre d’intérêt, elle se regarde sans discontinu dans le miroir. J’embraye sur l’origine du nom choisi pour le groupe. Mette explique : « The Asteroids Galaxy Tour, ça peut être un film, un bouquin, c’est pas nécessairement le nom d’un groupe. » Elle continue dans une envolée lyrique : « L’astéroïde, ça peut être une personne, seul dans le monde à la recherche de quelque chose…comme un tour de la galaxie pour un astéroïde… On aimait bien le nom parce que c’était pas pompeux avec un ‘The’ devant. » Je n’ose objecter qu’il y a un ‘The’ devant quand même.
On aime pas être taggés comme ceux qui veulent être les nouveau Coldplay
Discographie
The Asteroids Galaxy TourNous continuons sur leur style de musique: « On aime pas décrire le son qu’on recherche, parce qu’à tous les coups, tout le monde va critiquer notre définition. C’est de la pop, mais on fait référence à beaucoup de groupes différents : on aime le hip-hop, on a beaucoup de groove et de beat inspiré du hip-hop… On adore David Bowie, Billie Holiday, tu sais, genre le jazz, et… Stevie Wonder, Michael Jackson, Jay-Z, the Cure, Blur, Bob Dylan… C’est pour ça qu’on aime pas être taggés comme ceux qui veulent être les nouveau Coldplay ou je ne sais quoi… c’est de la pop, la pop c’est un mélange de tout ce qui vient…»
Elle reviendra sur le souhait de ne pas être catégorisés, ça lui tient à cœur : « Tout le monde s’obstine à nous comparer alors qu’on veut juste être nous-mêmes. On essaye pas d’être Coldplay, mais si vous pensez qu’on sonne comme Coldplay alors Wahou ! Bien sûr on a des influences, mais on veut pas y être toujours référés… parce qu’au bout du compte, on est toujours influencé par quelque chose, non ? » Quelqu’un a dû la comparer à la référence pop britannique du moment récemment, elle s’en est apparemment toujours pas remise.
C’est vraiment beau de penser que certaines personnes utilisent notre musique pour quelque chose d’utile – comme combattre la crise
Ils sont en tournée depuis longtemps : « C’est difficile de voyager aussi, parce qu’on est loin de chez nous, tout est minuté. On a joué tous les soirs pendant un certain temps, mais on reçoit tellement de la part du public. » Leur but quand ils sont sur scène : « On veut que les gens ressentent quelque chose, peu importe si c’est de la de la joie ou de la tristesse. On est en mission pour partager nos émotions avec le public, on veut que le concert soit un moment spécial. »
Et un fois de plus elle part toute seule : « C’est comme si en se laissant aller, on pouvait être guéri… de nos expériences… peut-être qu’on va pleurer mais ça veut dire qu’on a ressenti quelque chose ! Nous, on veut envoyer de bonnes vibrations. C’est comme quand t’écoutes un album sans arrêt pendant quatre mois. C’est tellement hallucinant de penser que certaines personnes ressentent ce genre de sensations avec notre album… parce que c’est ce que je ressens par rapport à d’autres artistes. C’est vraiment beau de penser que certaines personnes utilisent notre musique pour quelque chose d’utile – comme combattre la crise. »
Ce qui est bien avec l’art, c’est que les gens peuvent en ressortir quelque chose pour eux
Effectivement, certains ont choisi leur album ‘Fruit’ comme un remède aux répercussions de la crise économique. Mette continue sur sa lancée: « Ce qui est bien avec l’art, c’est que les gens peuvent en ressortir quelque chose pour eux. C’est la beauté de la musique, on peut en faire ce qu’on veut, ça dépend de l’état d’esprit de chacun : tout est inspiré ou influencé par ce qu’on ressent. J’aime pas donner le thème des chansons… je peux le faire : ‘The Golden Age’ raconte cette impression, quand on regrette de pas avoir vécu à une autre époque. Tout le monde a déjà eu cette envie : d’être né dans les années 70 ou d’être né suffisamment tôt pour avoir été touché par la vague des Beatles. »
The Asteroids Galaxy Tour – The Golden Age – SK Session
Et la voilà repartie : « On prend ce qu’on veut des paroles : c’est comme quand j’étais petite, j’écoutais une chanson, et ce n’est que plus tard que j’ai enfin compris les paroles ; c’est là que j’ai réalisé que ça n’avait rien à voir avec ce que j’avais ressenti ! C’est pour ça que je veux pas donner la signification des chansons, parce que je veux pas gâcher l’expérience des gens. Si j’écoute la même chanson à 2 ans d’intervalle, je vais pas la ressentir de la même manière, tout simplement parce que quand j’écoute, j’y mets une part de moi-même. »
Le temps imparti touche à sa fin, j’ai besoin de savoir : est-ce le même Lars qui était le bassiste du groupe Nu? Mette est d’un coup beaucoup moins bavarde et répond évasivement, oui, mais ils ont splité, elle ne se souvient plus trop bien… Par contre elle enchaîne très rapidement sur la formation du groupe. « On faisait des bœufs ensemble avec des amis de Copenhague. Lars a un studio chez lui et un soir il m’a fait écouter certaines de ses démos. On a commencé à mélanger des sons anciens avec des sons plus récents pour créer du nouveau matériel. Puis, pour notre premier concert, c’était en première partie de Amy Winehouse à Copenhague, on voulait jouer avec un groupe pour les live. Miloud était un de nos amis, on jouait ensemble de temps à autres, on lui a tout de suite proposé de se joindre à nous. On a appelé des potes, des gens qu’on trouvait cool, dont on aimait le son. On a répété deux fois et on s’est lancé. C’était complet, c’était impressionnant ! Je me souviens de rien, parce que tout est passé si vite. »
Les gens ne savent pas me regarder
Nous passons aux dix minutes photos à l’issue de cette discussion, qui a failli devenir intéressante à plusieurs reprises ; comme quand elle explique que l’état danois ferme des lieux de répétitions un à un, ce qui les a poussé à jouer dans un bunker, mais elle conclut par un « ouh c’est creepy ». Je ne trouve rien d’autre à ajouter que des compliments sur son habit de lumière – qu’elle changera pour la scène. Elle adore l’objectif et prend des poses de danseuse. Son naturel revient manifestement au galop quand elle nous explique : « On m’a envoyé des photos prises il y a un mois, mais ils se sont trompés. C’est pas que ce doit être parfait, mais je sais quand c’est bien ou pas. Les gens ne savent pas me regarder: ma peau est très pâle, presque de la porcelaine, mais à la retouche, ils m’ont mis de la couleur aux joues… »
Mette joue décidément son rôle de muse à la perfection.
« En même temps, beaucoup auraient tué pour se retrouver seul avec une jeune femme aussi belle – et Danoise de surcroît ! »
Y a pas à dire, tu possèdes une connaissance parfaite de ton lectorat ;-)
C’est surtout que j’ai vu la tête de David quand il est venu pour le portrait… certains tombent amoureux comme on tombe d’une chaise! ;)
Comment ne pas tomber sous le charme d »une si belle chanteuse!
Il faudrait être un homme insensible pour rester de marbre et prendre des photos sans broncher!
Très bon interview et très belles photos
Bah disons que j’avais écouté l’album, mais je n’ai pas forcément regarder à quoi ressemblaient les artistes … :D (d’où la surprise)
Sinon merci filou pour le commentaire sur le texte et les photos. (j’ai bien fait d’allumer accidentellement les lumières du miroir :D)