Ebony Bones!
La soirée était gratuite mais sur invitation donc seulement une poignée (2000) de happy few eut la surprise de recevoir le carton d’invitation dans leur boîte aux lettres IRL. Début des festivités à 22h. J’arrive avec mon plussun (nouveau nom de la hype parisienne) devant le musée d’art moderne et nous nous glissons dans la file d’attente qui grossit à vue d’œil. Nous pénétrons dans le musée environ deux heures plus tard, frigorifiés et courbaturés – certains ont renoncé en chemin, un agent de la sécurité a même été blessé !
Le concert n’a heureusement pas encore commencé. DJ Julia est aux platines et nous passe du Mickael Jackson pour nous faire patienter. Soudain, on entend des coups de sifflets (comme à la techno parade) et des aliens montés sur échasses scrutent la foule en se mouvant étrangement. Nous nous rapprochons de la scène, intrigués.
Chaque fois que j’avais mentionné le nom d’Ebony Bones!, on m’avait précisé que c’était très visuel comme groupe. Le mot est faible ! Le violoniste a une chapka, un des synthés ressemble à Boy Georges, l’autre a piqué le masque de PacoVolume, le sax est, quand à lui, le clown triste de la bande. Puis nous avons le batteur qui ressemble à Kiss avec un collier de plumes noires très Them Crooked Vultures, le guitariste est un chef incas et les deux choristes ont apparemment piqué les robes de Solange La Frange. Enfin arrive la chanteuse… dans un magnifique manteau qui parait tout d’abord indescriptible – tout comme la musique.
Les choristes démarrent par des percussions sur des bouteilles de J&B, le partenaire de la soirée et la chanteuse émet des sons bizarres. Le tout, très rythmique, semble vouloir retranscrire une soirée dans une tribu africaine. La chanteuse sautent dans tous les sens, fait tourner ses énormes bracelets (qui semblent venir tout droit de la boutique cadeau du musée) et se contorsionne dans une danse. Certains suivent ses pas, les bras se lèvent, l’ambiance est à la fête.
Quand on y regarde de plus près : on n’entend pas du tout le violon, le saxophone se devine plus qu’autre chose, le guitariste joue comme sur une basse (pas d’accord, que des notes) et le tout est noyé sous les synthés et la batterie. Quand au chant, j’ai envie de dire que la chanteuse ne fait pas le poids face aux choristes : elle chante pour elle-même, si on peut appeler ça du chant… Elle enlève son manteau de Yéti, à mon grand soulagement car avec ses mouvements d’aérobics bizarres, elle me faisait penser à un gallinacé.
La cacophonie bat son plein quand tout à coup, je reconnais un riff provenant du synthé au masque de plumes ; le refrain se clarifie, plus aucun doute, c’est bien une reprise de ‘Another Brick in the Wall‘ des Pink Floyd*. Et comme si c’était pas suffisamment difficile à encaisser, nous aurons aussi le droit à une reprise d’Iggy Pop & the Stooges avec la fameuse ‘I Wanna Be Your Dog‘. Deux reprises pour un set de 35 minutes, c’est édifiant !
Le concert se finit, nous nous retrouvons un peu déphasés. Nous nous mettons en quête d’un remontant, mais au bout d’une vingtaine de minutes, ayant plus ou moins saisi le système de jetons de poker, nous renonçons car impossible de mettre la main sur une J&B girl. Nous quittons enfin le musée et la nuit froide nous semble d’un coup très accueillante.
*d’après J. Bordat & B. Farkas : Groupe favorable à l’illettrisme (cf. Dictionnaire de la Mauvaise Foi Musicale)