Ce troisième opus du hobbit dromois est un disque rugueux, plein d’aspérités, d’âpreté, qui prend à rebrousse poils les barbes hirsutes de l’Americana des origines pendant que la France sombre mollement depuis deux ans dans la folk attitude de salon.
S’éloignant des clochards célestes, H-Burns a clairement changé sa hache de bucheron d’épaule. Le hobo du Dauphiné, à force de tailler la route chère à Steinbeck, Kerouac ou Guthrie a accumulé suffisamment d’histoires pour prendre les chemins de traverse.
Discographie
H-BurnsBien sûr, Renaud Brustlein ne désire pas s’affranchir de la trilogie des figures tutélaires Cash, Cohen, Dylan, enfouie au plus profond de son âme, mais comme le Zim en son temps au Newport festival de 1965, il opère un virage électrique entre le Neil young de Heart of Gold, le Springsteen de The River, tout en se rapprochant du meilleur de la scène indé des années 90, de Palace à Pavement en passant par Smog.
Les onze titres enregistrés dans les frimas de l’hiver grenoblois, toujours personnels et intimes, s’enchainent, lumineux comme la réverbération sur le glacier de la Meije.
Finie la terre asséchée et la poussière ocre de l’Americana, on se souvient pourtant de ce moment épique et fraternel au premier festival Goud’Accoustic de Goudargues en 2008, submergé par des trombes d’eau. Désormais, H-Burns ne brûle plus pour le cow boy Marlboro, il a digéré son rêve américain et se tourne résolument vers des sonorités plus rock avec une batterie qui s’affirme avec Stephane Milosevitch, Thousand en solo ou avec son partenaire Bramier, des guitares qui s’énervent avec l’électrique et slide Antoine Pinet, le piano aérien et élégant du Droopy de Syd Matters, Jonathan Morali, le tout étoffé avec du Banjo, de la scie musicale et du lap-steel.
Mais c’est d’avantage la voix chaude, rocailleuse, amicale, qui vous enveloppe et vous séduit dès la première écoute de We go way back. H-Burns maitrise désormais le feu qui le dévore pour écrire des titres rythmés et efficaces comme Fires in empty buildings (une référence à Gravenhurst ?), des ballades déchirantes comme Half a man, half a freak où la voix éraillée, débraillée est lacérée par une guitare électrique lancinante. Suivent l’existentiel Are you scared of the dawn, le brut So long Dying cities qu’enchaine avec beaucoup de calme, de charme et d’élégance le hanté et habité I can haunt you. Quand sur Lonely nighs on Queen St, Renaud mêle sa voix sépulcrale à celle limpide de Tony Dekker de Great Lake Swimmers, une douce sensation d’apaisement, de quiétude vous étreint : la lumière de Toronto rencontre le spleen de la Drôme. Après Images are getting hard to see, une petite vignette très âpre, la fin du disque semble plus sereine, voir radieuse avec ce très springsteenien Melting point et enfin le constat apaisant et apaisé I can’t kill the world.
Un artiste à suivre d’urgence donc et dès la semaine prochaine en concert au Mo’Fo festival avec Phoebe Killdeer le samedi 30 janvier, puis le 18 février à Bordeaux avec Zak Laughed, le 20 février à Payzac avec Coming Soon, le 20 mars à Annecy avec Fink.
Tracklist :
01 We go way back
02 Fires in empty building
03 A part of the film
04 Half a man – half a freak
05 Are you scared of the dawn
06 So long dying cities
07 I can haunt you
08 Lonely nights on Queen St feat. Tony Dekker
09 Images are getting hard to see
10 Melting point
11 I can’t kill the world