You And You
Hindi Zahra
Il s’en passe des choses étranges autour d’Hindi Zahra… dès le premier signe de faiblesse des lumières, la salle s’échauffe, les esprits s’aiguisent et les pointes de pied se durcissent.
Le rideau s’ouvre sur une scène d’une chaleur incroyable : tous les éléments se parent d’un rouge terre battue et de reflets safran. Le code est simple mais efficace.
Discographie
Hindi ZahraPrécédée de ses musiciens, Shéhérazade peut faire son entrée, timide, humble mais sans hésitation. De la première à la dernière note, la voix sera impeccable, veloutée mais saisissante, une voix qui vit par elle-même, comme détachée de son porteur.
Chaque instrument porte son lot de cartes postales mais mention spéciale à la guitare manouchéenne qui donne le véritable grain à ce tableau.
Hindi Zahra est une chanteuse habitée, qui, à bien des égards, ajoute une branche à l’arbre généalogique de Luz Casal. Puisque l’on compare d’ailleurs, vous me ferez le plaisir d’oublier de suite le sobriquet de « nouvelle Billie Holiday », qui n’est au final rien de plus qu’un téléphone arabe journalistique.
Flanquée de sa Foxy Brown de choriste, elle pratique l’atonal et le décalage chromatique avec talent et sa voix s’éraille quand elle vient à gratter les aigus, dévoilant une palette de jeu vocal que l’on a plaisir à retrouver en live.
Côté scène, c’est un véritable concert de rock star: chaque solo de guitare déclenche cris et applaudissements, chaque rythme est scandé, et chaque chanson se termine sur une ovation.
Il suffit alors de fermer les yeux pour se trouver transporté dans un bar madrilène baigné de pourpre, à peine révélé par la caméra d’un Almodovar.
Chaque son est une caresse, qu’elle soit rugueuse ou frissonnante, l’Esmeralda ne force pas et préfère jouer des mains que de grossir le trait.
Ainsi, Beautiful Tango sent bon l’huile d’olive, et Hindi Zahra s’enveloppe d’une rare sensualité et d’une élégance de tous les instants. Elle aime viscéralement sa musique, dont elle est la première destinataire.
Hindi Zahra – Beautiful tango
Ma bête noire de la soirée sera la batterie, bien trop occidentale et brute, qui s’immisce grossièrement et renverse les vases de porcelaine que la belle dissémine. Conséquence fâcheuse, Oursoul, est un peu décevante, bien trop Johnny Clegg/Yannick Noah, le mélange des genres s’y fait un peu trop poussif. Heureusement, elle s’arme d’une basse trois fois plus grosse qu’elle et étire à l’infini son morceau, si bien que la chorba finit par prendre et la batterie se fait alors oublier…
Sur Set me free, elle emprunte aux accents d’Harlem les traits des divas black, glissant un clin d’oeil à Erykah Badu.
Toujours cette même batterie, générique, sans caractère…à laquelle on aurait préféré des percussions racées.
Au final oui Hindi Zahra est une poétesse du voyage, mais d’un voyage plus intérieur que géographique, une introspection de son propre métissage qu’il soit culturel ou simplement musical.
Le couronnement s’achève sur Stand up, une intro en arabe-esque à défriser un chameau. Le percussionniste intègre enfin les rangs et c’est la liesse généralisée. Un triomphe j’vous dit…!
Avec en prime un secouage de crinière qui ferait passer Steven Tyler pour un BB Brun…
Photos : Alain G.
Superbes photos ! superbe live report ! Ca donne envie !
pas mieux.
Merci pour ce cr et ces superbes photos cela m »a donné envie de la voir en live ….
C’est à se demander comment j’ai pu passer à côté de cet article vu que : 1. J’adore Hindi Zahra 2. J’ai mes habitudes ici 3. j’aime spécialement les photo reportages de concert. Qu’importe, j’ai fini par trouver cette petite pépite : Tout est excellent ici, aussi bien le texte que l’image. Merci :-)
merci :)
Avec grand plaisir… :) La belle demoiselle sera aux Solidays…;)