Jimi Hendrix : Valleys of Neptune
Qui suis-je pour chroniquer un album de Jimi Hendrix ? On parle d’une légende du rock ici ! Mais la curiosité est trop forte : j’associe Hendrix à mes premiers pas dans le rock, je me souviens encore avec émotion la première fois que j’ai joué ‘The Wind Cries Mary‘ (d’accord, c’était à la batterie, mais bon).
Je me retrouve seule dans une immense salle de conférence – les autres journalistes n’ont pas osé braver les éléments et outrepasser le périphérique pour rejoindre les locaux de Sony. Je suis seule avec Jimi pour une heure entière : je vais m’en prendre plein les oreilles.
Sur les premières chansons, j’essaye de discerner si les plages sont des contrefaçons – après tout, avec les technologies d’aujourd’hui il suffit d’une phrase pour recréer une chanson… mais en même temps, je ne suis pas ingénieur du son, donc je n’ai pas les compétences pour discerner quoi que ce soit.
Après ‘Stone Free’, que l’on connaît déjà bien, ‘Valleys of Neptune’, le single de l’album, un peu moins rythmique, s’élève. Mais je ne me sens pas enveloppée par sa musique comme c’est naturellement le cas, et sa guitare est discrète, ce qui est inhabituel. ‘Bleeding Heart’ part, et de même je sens un Jimi hésitant, cherchant à poser sa voix. Sur cette reprise d’Elmore James, la basse est entêtante, au point d’éluder le solo de guitare…
C’est sur ‘Hear my Train a-comin‘ que je sens enfin la puissance de Jimi ! Les plus érudits la connaissent déjà du Jimi Hendrix Experience. Le livret explique que la version sortie sur Midnight Lightning n’est pas à la hauteur, et que la vraie version est celle présentée sur Valleys of Neptune. Tout ce que je sais c’est que je l’ai trouvée furieusement présente ! J’ai ressenti comme un duel entre la basse et la guitare, avec la batterie qui trépigne derrière. Puis la batterie s’emballe et poursuit la guitare pour se retrouver épuisés après la cavalcade. Un vrai plaisir !
‘Mr Bad Luck‘ est une composition originale d’Hendrix, du temps où il jouait encore dans les petits bars de Greenwich Village ; elle m’a fait l’effet d’un Easy Rider. Puis, une intro très familière se fait entendre, puisque c’est une reprise de ‘Sunshine of Your Love‘ de Cream. En fait, ça sonne surtout comme un riff qu’il aurait repris comme base pour un bœuf: on a presque l’impression d’assister à une scène de studio.
Le titre ‘Lover Man‘ est quant à lui une adaptation de ‘Rock Me Baby‘ de BB King. Puis ‘Ships Passing Through The Night‘ passe pour un exercice pour se délier les doigts en début de répète. Bien entendu, ce qu’il fait tout en dégustant un café et sa première clope de la journée, beaucoup s’y feront saigner les doigts, mais ça fait aussi partie de la légende.
On repart sur un terrain plus que connu avec ‘Fire‘, pour arriver au plat de résistance : ‘Red House‘. Comme c’est ma préférée, je prends un pied total sur les 8 minutes 20 que dure cette version. Elle est plus lente, encore plus chaude, le doigté est plus délicat, sa voix est plus langoureuse, on ressent un réel dialogue entre Jimi et sa guitare… Un pur régal !
‘Lullaby for the Summer‘ est la chanson originale de cet album : apparemment, la prise aurait été égarée pendant 30 ans, on vient de retomber dessus lors d’un ménage de printemps, incroyable, non ? Sur cette piste, comme sur la suivante, ‘Crying Blue Rain‘, on sent les prémices d’une chanson, mais pas de chant – donc dans un sens, ça pourrait être n’importe qui, non ?
Tracklist :
1 Stone Free
2 Valleys Of Neptune
3 Bleeding Heart
4 Hear my Train a-comin’
5 Mr. Bad Luck
6 Sunshine Of Your Love
7 Lover Man
8 Ships Passing Through The Night
9 Fire
10 Red House
11 Lullaby For The Summer
12 Crying Blue Rain