J’ai lu que tu avais une nouvelle manière d’enregistrer avec ce disque…
Vincent Eckert : C’est un peu ça. J’ai souvent fait des arrangements assez fournis sur les précédents disques… Là, il y a eu naturellement le choix de me centrer sur l’écriture, d’éviter ce qui est accessoire musicalement. Peut-être aussi pour revenir à des fondamentaux en me concentrant sur les textes pour les rendre plus directement accessibles
D’où est venue cette envie ?
Je pense que ce sont les chansons qui appellent cela. Elles n’ont pas besoin de plus.
Ce fut un disque facile à enregistrer ?
Oui. C’était une tout autre démarche, plus simple, plus fluide. Sans remettre en cause ce que nous avions fait avant, j’ai essayé de ne pas accumuler trop d’instrumentaux. Avoir ce recul pour me dire stop lorsque l’essentiel était enregistré. Ça s’est fait naturellement au fil de moments de créations en studio.
Vincent Eckert – Amoureux
Avec qui l’as-tu enregistré ? Et combien de temps as-tu mis ?
Matthieu Geiger et Julien Beaulieu étaient évidemment de la partie. Isabelle Klein aka Isaka est venue chanter et faire du piano. Nous avons étalé les séances sur près d’un an au fil des idées, presque avec spontanéité et cette idée de battre le fer tant qu’il est chaud. C’était s’offrir un luxe. Nous avons enregistré 14 morceaux. 11 morceaux, qui nous semblaient être cohérents entre eux, sont sur ce disque.
Dans quel studio avez-vous enregistré ?
Aux DownTown Studios à Strasbourg. C’est un endroit que je connais par cœur, où je suis presque chez moi, donc c’est très confortable pour faire tes prises de sons. Tout dépend aussi du budget dont tu disposes. Comme je suis auto-produit, j’ai décidé de ne pas trop regarder à la dépense. La notion de plaisir a été primordiale sur ce disque.
Quel est le meilleur souvenir lié à cet enregistrement ?
L’enregistrement de la chansons Elle entend la mer. C’est une chanson qui est liée à la perte et au deuil de ma mère.
Je te dis ça… Ce n’est pas un souvenir très heureux. Faut dire aussi que nous avons passé de très bons (et légers) moments pendant cet enregistrement. Mais pour cette chanson, il s’est passé quelque chose de spécial. Elle est née spontanément, comme ça…a pris forme dans le studio. J’avais quelques notes et un texte. La chanson est née pour ainsi dire sous nos yeux.
L’enregistrement d’Un canon pour 4 saisons fut aussi un grand moment.
Tu as écouté des disques pendant cet enregistrement ?
J’ai écouté mes fondamentaux comme Led Zeppelin, ou plein de vieux trucs.
Comme beaucoup, j’ai peur d’être influencé sans m’en rendre compte.
On m’a dit par exemple que le premier morceau du disque avait des airs de Gainsbourg. Et si j’avais écouté Gainsbourg pendant l’enregistrement ? J’aurais sans douté hésité à le mettre sur l’album, c’est dommage de se limiter avec ces idées parce qu’Au final, faire de la musique, ce n’est pas être novateur juste pour être novateur , c’est avant tout être libre et authentique.
C’est un choix d’être auto-produit ?
Non, même si on en tire un certain avantage. Mais si une major venait frapper à ma porte, il y a peu de chances que je refuse.
Dans quel contexte as-tu écrit Amoureux ?
J’étais extrêmement seul sentimentalement et bien que ces moments peuvent être difficile à vivre, il y a toujours l’écho de ce qu’on a vécu, imaginer les émotions futures. J’évoque, dans cette chanson, l’état amoureux nostalgique, présent, à venir, rêvé. Même avec une espèce de mélancolie, quelques regrets, il nous en reste toujours ces soupçons de d’émerveillements.
La sensation amoureuse d’une rencontre, tomber amoureux, cet instant là de réciprocité, de partage. Tout le monde le connait, qu’il dure une seconde, quelques heures, qu’il débouche sur l’amour, une longue histoire, qu’il disparaisse, il aura eu le mérite d’exister ! J’ai essayé de retrouver cela avec le clip. J’avais mis une annonce sur les réseaux sociaux. Dans l’annonce, il y avait le mot « être amoureux ». C’est un langage universel, chacun est venu tel qu’il était sans chercher à remplir des rôles ou des cases. Nous avons tourné ce clip entre deux périodes de confinement. Et c’est presque mystique car l’équipe, tous les figurants nous avons le sentiment d’avoir vécu ensemble quelque chose d’intense, d’unique et d’heureux.
Vincent Eckert - Les Années Vaines
Les Années Vaines de Vincent Eckert est disponible ici.
- La mauvaise pente
- Amoureux
- Le Phare
- L'estompe
- Canon pour quatre saisons
- Elle Entend La Mer
- Ne plus rien entendre est tout ce qu'il me reste
- Les escaliers du 18 sème
- Sténopé
- Au fil de l'air
- Conte à rebours