Jb Hanak en cinq questions
Ton souvenir de concert ?
Le premier concert avec Pierre Richard. En décembre 2014. Chez Jacques Genin, rue de Turenne à Paris. Ingrid Astier m’avait prévenu peu de temps avant et je ne connaissais pas Pierre Richard. J’ai tout d’abord cru à une blague au téléphone lorsqu’elle m’a proposé de faire un concert avec lui. Je me suis pointé dans la chocolaterie de Jacques Genin, Pierre Richard m’attendait en buvant un café. Après s’être dit bonjour, la première phrase qu’il m’a dite fut : « Bon alors, on fait quoi ? ». Il était 18 heures et la soirée commençait une heure plus tard. Le but de la manœuvre était de mettre en musique des textes du livre Petit Éloge de la Nuit d’Ingrid Astier. J’ai donc proposé à Pierre Richard de me donner la direction avec sa lecture et je l’ai suivi. C’était une improvisation totale sur une trentaine de minutes, sans autre repère que le texte que je n’avais lu qu’une seule fois. Ça a énormément plu, autant au public qu’à Ingrid, Pierre et moi. J’en garde un souvenir très fort car c’est à partir de ce concert que tout s’est construit par la suite.
Ta rencontre en tournée ?
Après notre second concert, à l’Hôtel de Ville de Caen. Ingrid Astier et Pierre sont partis en train et je suis resté pour dormir sur place. Une fois le concert terminé, nous nous sommes dit au revoir, et je suis parti dans ma chambre d’hôtel. J’étais crevé, je me suis immédiatement mis au lit. En allumant la télévision, je suis tombé sur un documentaire sur François de Roubaix, un musicien que j’ai toujours adoré. Soudain, dans ce documentaire, je vois apparaître Pierre Richard. Je n’en croyais pas mes yeux. C’est ensuite que j’ai appris que lui et François de Roubaix étaient des amis proches. Bref. C’était une rencontre surprenante : juste après avoir quitté Pierre Richard, je l’ai de nouveau vu dans ma chambre d’hôtel, comme s’il ne voulait pas me quitter.
François de Roubaix – un portrait au présent
Ton anecdote dans le van ?
Nous voyageons en train. Justement, pour nous rendre à ce même concert à Caen, nous étions ensemble Ingrid Astier, Pierre Richard et moi. Un couple nous a croisé à la sortie de la gare et nous avons entendu l’homme dire à sa compagne : « t’as vu ce type, il ressemble un peu à Pierre Richard je trouve ». Pierre Richard s’est retourné pour lui répondre : « Vous savez, on me le dit souvent ! »
Votre album, Nuit à Jour en quelques mots ?
Je le vois comme un disque de comptines, tant pour les adultes que pour les enfants. C’est un disque à écouter au calme, en fermant les yeux, pour se retrouver soi-même. L’écriture d’Ingrid Astier est très profonde, tout en usant de la beauté phonétique des mots. Pierre Richard lui rend hommage avec une lecture belle et apaisante, chargée d’émotion, d’humour aussi parfois. C’est un disque qui s’inscrit à contre-pied de notre époque où tout va beaucoup trop vite.
Ton prochain rêve ?
Voir Pierre Richard jouer pour David Lynch.
Pierre Richard – Nyctalope
En écoute avec Jb Hanak
- Steve Reich – Electric Counterpoint
Je suis obsédé par cette pièce de Steve Reich depuis 25 ans. Dans l’album avec Pierre Richard, les textes d’Ingrid Astier portent sur la nuit. Certains des morceaux se posent sur la thématique du rêve et pour les illustrer je me suis beaucoup inspiré du mode opératoire de Steve Reich, consistant à faire de la musique faussement répétitive. Les notes semblent se répéter alors qu’elles se métamorphosent progressivement au travers du jeu de delay. - Jean-Claude Vannier – Theme 504
Comme beaucoup, j’ai découvert Jean-Claude Vannier au travers de la musique qu’il a écrit pour Serge Gainsbourg (Melody Nelson). A mesure de plonger dans son travail, j’ai réalisé à quel point l’œuvre colossale de cet homme était importante dans la musique française. Pour l’anecdote, ce morceau de 1971 fut repris en 1990 dans la bande originale du film Bienvenu a bord de Jean-Louis Leconte ; dans une version où Jean-Claude Vannier y fait chanter Pierre Richard. 30 ans plus tard, il reprendra le thème de nouveau, mais cette fois-ci avec Mike Patton. Auriez-vous imaginé que Pierre Richard et Mike Patton puissent un jour être liés l’un à l’autre ? C’est arrivé grâce au génie de Jean-Claude Vannier. - Antonio Carlos Jobim – Insensatez
Ouverture : très lent traveling sur un jardin immobile, le soleil se lève sur Los Angeles. Le calme absolu après la déflagration. 1997. Lost Highway de David Lynch emprunte à Antonio Carlos Jobim pour nous offrir le plan le plus extatique de l’histoire du Cinéma. - Zorn plays Morricone – The Big Gundown – Chi Mai
Un thème rendu célèbre par la B.O. du film Le Professionnel de Georges Lautner, avec Jean-Paul Belmondo. Tout du moins, c’est ainsi qu’on l’a découvert en France. Ennio Morricone l’avait composé dix ans plus tôt pour Maddalena de Jerzy Kawalerowicz ; puis décliné sous plusieurs versions (dont une version disco, que Belmondo a entendu à la radio avant de la faire découvrir à Lautner). C’est ici une reprise par John Zorn, tirée de l’album The Big Gundown où le compositeur rend hommage à Ennio Morricone au travers de 15 reprises toutes plus magnifiques les unes que les autres. - Bobbi Humphrey – Harlem River Drive
Bobbi Humphrey est une compositrice, flutiste et chanteuse américaine des années 70. Mon grand frère et moi l’avons découvert au travers de samples dans le hip-hop, c’est des années plus tard que nous nous sommes directement intéressé à son travail grâce aux rééditions du label Blue Note. Elle a un style unique, avec une manière très affirmée de poser ses notes et de répéter ses mélodies avec insistance ; comme si elle se samplait elle-même. C’en est donc devenu rétrospectivement poétique pour moi de l’avoir découverte au travers de samples. - Chico Buarque – Construção
Ca commence minimaliste pour progressivement exploser avec une orchestration mégalomane où tout, absolument tout possède sa place. Chaque note est parfaite et parfaitement placée, c’est absolument grandiose. - Georges Moustaki – Solo (Theme du film de Jean-Pierre Mocky)
Il s’agit du thème principal du film de Jean-Pierre Mocky, de 1968. Mocky considérait lui-même que c’était son meilleur film, je suis d’accord avec lui. Georges Moustaki n’a composé que deux morceaux pour cette bande originale, j’ai eu du mal à choisir car j’adore les deux. - François de Roubaix – Dernier Domicile Connu
J’en parlais plus haut. Pierre Richard et François de Roubaix étaient deux grands amis sans que je ne le sache. Je l’ai découvert au travers du documentaire de Christophe Conte : « François de Roubaix l’homme orchestre » que je ne peux que trop vous conseiller. Ce titre est issu du film « Dernier Domicile Connu » de Jose Giovanni, avec Lino Ventura et Marlène Jobert. Il est aujourd’hui très connu à l’international de par les samples pour des morceaux de Robbie Williams ou Missy Elliott. Tout simplement parce que l’œuvre de François de Roubaix est la mine d’or idéale pour tout digger d’hier, d’aujourd’hui et de demain. - Alain Goraguer – Au Delà De La Peur
Alain Goraguer : l’homme derrière Le Poinçonneur des Lilas. Serge Gainsbourg savait vraiment bien s’entourer. L’œuvre de Goraguer est absolument immense, de ses orchestrations pour Brigitte Fontaine à la bande originale de La Planète Sauvage. Ce titre est issu de la bande originale du film de Yannick Andrei Au-delà de la peur, avec Michel Bouquet et Michel Constantin. Le gimmick de guitare m’obsède, il est axé autour d’un seul et unique accord ultra répétitif, autour duquel l’orchestration évolue pour la faire résonner différemment. - Stelvio Cipriani – Mary’s Theme
C’est sensuel et enfantin à la fois. Réconfortant et dérangeant, ça parfois jusqu’à faire un peu peur. L’orchestration est assez minimale et pourtant il y a un panel d’émotion super riche qui en ressort. Tout ça en juste deux minutes. Je n’ai jamais vu le film de Piero Schivazappa dont est issu cette musique. J’ai découvert cette B.O. un soir en laissant couler youtube et j’ai immédiatement été scotché. - Michel Colombier – L’alpagueur
Noyé au milieu d’une orchestration musclée, ce petit thème de clavier minimaliste est tellement beau et entêtant qu’il réussi à prendre le devant (sur toute la B.O.). Michel Colombier est connu pour avoir travaillé avec Pierre Henry sur le tube inter planétaire Messe Pour le Temps Présent. Son œuvre pour le cinéma français est absolument monumentale. - Wendy Carlos – Funeral of Queen Mary
Wendy Carlos, je t’aime, pour toute la vie entière.
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Steve Reich: Electric Counterpoint (complete), Pat Metheny
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Theme 504
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Lost Highway / Antonio Carlos Jobim - Insensatez
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Bobbi Humphrey - Harlem River Drive [HD] ►Stand With Ukraine!◄
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Chico Buarque - Construção (Construction) - English subtitles
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Solo (1970) - Georges Moustaki
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François de Roubaix - Dernier Domicile Connu
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Alain Goraguer - Au Delà De La Peur (1975)
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Stelvio Cipriani - Mary's Theme (1969)
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l'alpagueur - michel colombier
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Clockwork Orange - Funeral of Queen Mary ( Cover by Carlos ) HD
Plus d’informations sur Nuit à Jour de Pierre Richard, Jb Hanak et Ingrid Astier chez Modulor.
Pierre Richard - Nuit à Jour
- Évidence
- L'Appel de la Nuit
- Datura
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- Évasion Volontaire
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- L'Armée des Ombres
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- Zoom
- Cinéma
22 Déc 2024 | Théâtre à l’Ouest Caen Caen (FR) | TICKETS |
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Dates de concerts fournies par Bandsintown