Théo Charaf en cinq questions
Ton souvenir de concert ?
Aaah il y en a tellement, pas évident de n’en ressortir qu’un.
Bon je pense évidemment à mon tout premier concert en solo. C’était à la Maison Mère. J’avais été booké disons « à l’insu de mon plein gré » par Jean-Luc Navette, mon Don King personnel comme il aime à s’appeler haha. Je n’avais jamais fait ça avant, c’était la panique, mais au bout d’un moment je me suis rendu compte que la salle bien que pleine à craquer était religieusement silencieuse.
C’était vraiment très fort, une énergie et une expérience incroyable.
Discographie
Théo CharafTa rencontre en tournée ?
Là encore, impossible de n’en choisir qu’une, on croise tellement de gens géniaux, adorables ou cintrés.
Va pour celle-là : avec The Scaners à Los Angeles, on était au Redwood et voilà qu’un vieux gominé en cuir se pointe et éteint le fumoir parce qu’il préfère l’obscurité.
Personne ne bronche. Ok.
Pendant qu’on jouait, il ne nous lâchait pas des yeux et après le concert il est venu me taper sur l’épaule au bar pour me dire que ce soir-là on avait « gagné le battle of the bands, point barre ».
J’ai trouvé ça cool ! On s’est présenté, en fait c’était Bill Bateman, batteur des Blasters et des Cramps, j’ai un peu halluciné.
Théo Charaf – Going Down
Ton anecdote dans le van ?
Ah non mais là… c’est le Van, l’anecdote.
Tu as beau être assis entre quatre taules, tu as le monde entier dans le cockpit.
Ton splendide album en quelques mots ?
Ben j’ai écrit cet album principalement la nuit, au travers de réflexions, d’émotions dont j’avais salement besoin de me décharger, ne serait-ce qu’en partie.
Bien sûr maintenant, chacun est libre d’y trouver ce qu’il veut.
Ton prochain rêve ?
A vrai dire je suis loin d’avoir fini celui-là. D’autant qu’il est malgré tout bien brimé ces derniers temps. Pour l’instant je veux que nous puissions tous reprendre notre activité, notre job. Repartir en tournée avec les frangins, voir du pays.
Que la culture se relève et se libère, qu’elle soit reconnue à sa juste valeur.
Théo Charaf – Vampire
La playlist de Théo Charaf
En écoute avec Théo Charaf
En écoute avec Théo Charaf
En écoute avec Théo Charaf
Une guitare, des voix divinement arrangées, le tout interprété avec une ferveur incroyable. (Funny fact : ici on peut voir Rosetta Tharpe et son énorme chœur se délecter de la scène en attendant leur tour)
C’est dur de trouver les bons mots pour parler d’Elizabeth Cotten tant j’y suis attaché. Sa douceur, son expression, sa fragilité, mais aussi sa technique incroyable font d’elle un être absolument unique et précieux. Gauchère, elle apprend seule, inventant ses propres techniques ragtime en retournant purement et simplement une guitare pour droitier. Elle écrit son plus grand tube Freight Train à l’âge de 11 ans. Voilà.
Ami voir disciple de Robert Johnson, Elmore James est un des instigateurs du Chicago Blues avec son style de slide unique sur des amplis poussés à fond. Voilà un grand classique qui panse toujours à merveille.
Dieu est une femme et elle est noire, la preuve.
Y’a qu’un seul type qui peut appeler un de ses albums I Am the Blues et avoir raison sur toute la ligne. Willie Dixon a tout écrit, tout joué, tout chanté. Il est partout. C’est lui le Boss. Voila un morceau qui me transcende et ne me quitte jamais.
Une des plus grosses baffes que j’ai pris ces dernières années grâce au Marché Gare et qui de surcroît m’a permis de pogoter la couenne à Me Navette. Une ambiance entre Lynch et Dixon avec les dents très serrées. Pour moi tout est parfait dans ce groupe exceptée la mortalité de ses membres. RIP Dale <3
Grâce au talent de Bruno de Dangerhouse, j’ai découvert les compiles « La Noire » dont j’ignorais tout. Aujourd’hui j’ai un but, il me les faut toutes ! Voilà ce qu’on peut y trouver, Harlem Shuffle : un des samples les plus connus au monde et soudainement la chaleur moite d’un club en pleine transe . Pousser les meubles avant usage.
Une perle intemporelle signée Stax. Un morceau qui me suit depuis des années maintenant.
Les Sweet Inspirations ont un sens du groove et de l’harmonie à couper le souffle, et elles savent appuyer sur le kitsch juste ce qu’il faut. Leur discographie s’écoute d’une traite. Quelle sensation quand j’ai entendu ce morceau la première fois, donné en offrande un soir par RTU, comme un pansement au lendemain du 13 Novembre 2015.
En voilà un qui me manque beaucoup, Le « Black Velvet » débarqué subitement pour nous coller de l’Amour plein la vue et reparti aussi sec des suites d’un foutu crabe. J’ai eu la chance de le voir aux Nuits de Fourvière, il y a quelques années et je ne m’en suis toujours pas remis.
Pourtant en activité depuis un bail notamment avec des petits groupes méconnus de type « Kool And The Gang », Il faudra attendre 2010 pour que Lee Fields explose dans cette nouvelle vague Retro-Soul instiguée par des labels géniaux comme Daptone ou Big Crown. Voilà une intro qui ne manque jamais de me faire bondir partout en imitant le batteur.
Si il n’y a plus besoin de la présenter, il est primordial d’en parler encore et toujours. Billie Holiday c’est la beauté pure, née de la douleur la plus profonde qui soit. Un des actes de résilience les plus puissants que je connaisse. Et je crois que c’est à ça que sert la musique, l’art en général, transcender sa condition pour pouvoir avancer, « transformer la merde en engrais » en somme.
Visiter la page Facebook de Théo Charaf et sur le site du label Wita Records.
Théo Charaf - Théo Charaf
- Vampire
- Forward
- Going Down
- In Vain
- Devil Got My Woman
- Oh Sister
- Wander Boy
- See the Man
- Waiting Around To Die
- Hard Time Killing Floor
Un régal tout simplement !
Merci pour lui, il le mérite !!