Médusant MED

Quelle est la genèse de ce projet ?
Plus jeune, je n’étais intéressé que par ce qui venait du Royaume-Uni ou des Etats-Unis. Et dans les 90’s en France, c’était Diabologum, Miossec ou Dominique A, je ne me retrouvais dans aucun de ces trucs. Vers la fin des années 90, j’ai découvert via des compilations ou des rééditions la musique africaine (collection Ethiopiques, compilations d’afrobeat), brésilienne (Les Tropicalistes) et même un pan de la musique française que j’ignorais jusqu’alors (compilations Wizz, Stereo Ultra). J’achetais pas mal de disques en brocante aussi et là tu trouves à 80 % des productions françaises. Ça c’est fait tout doucement l’idée de chanter en français. J’ai commencé par écrire Trêves, puis La Nuit, plus par jeu qu’autre chose mais j’ai maquetté les deux titres.
Pedro de Tahiti m’a proposé de remixer ces deux titres et le résultat donnait hyper envie, c’est là que j’ai commencé à écrire ou à adapter des morceaux que j’avais déjà chantés en anglais et que le projet a pris forme.
Et j’ai tenu à ouvrir le disque avec ces deux titres.

MED – Avec toi

Cette crise t’a donnée la possibilité de travailler sur un projet de longue date ou est-ce la situation qui t’a amené à te retrouver seul avec tes idées et du temps ?

La crise du Covid ? non, le disque était déjà engagé, la crise a freiné l’élan de l’enregistrement, c’est vrai mais tout était au ralenti quoi qu’il en soit… et l’est encore hélas, c’est plutôt pour la vie du disque que ça va être compliqué (les concerts…).

Les textes sont en français et travaillés, même personnels (EKO, Avec Toi) il est important que l’idée soit aussi étendue que la musique ?

Je fais attention aux ambiances des phrases mais je ne raconte pas des histoires pour autant. Même si dans un couplet on peut se demander de quoi il est question, j’espère qu’on peut ressentir par l’ambiance, une phrase, une intention de chant, ce qui est abordé dans la chanson. Que la libre interprétation soit possible, que les auditeurs s’approprient les morceaux, quelque part. Je voulais que le style soit simple et qu’il y ait un peu d’humour, de décalage, je ne sais pas si ça s’entend… Et aussi un peu d’images, de refs, mais pas trop, ça reste de la pop. Je ne suis pas hyper fan des trucs trop « malin » dans l’écriture. Après et pour être plus concret, il y avait pas mal de séparations autour de moi quand j’écrivais ces morceaux et ce thème revient beaucoup dans l’album.

J’entends Les Pirouettes et Daho, quels sont les artistes Français dont tu te sens proche ?

Je ne connais pas Les Pirouettes. Étienne Daho, je ne sais pas. On pourrait citer Eli et Jacno aussi, ou Depeche Mode ? Enfin des trucs que j’entendais gamin à la radio et qui ressortent inconsciemment peut-être, des thèmes de synthés haha … Daho j’aime bien, grand respect mais je n’ai pas écouté plus que ça. On me dit aussi que ça ressemble aux Innocents, pareil je ne sais pas. Le point commun avec tous ces gens c’est cette influence anglo-saxonne et ça s’entend….

À un des premiers concerts parisiens de Tahiti 80, on avait rencontré JP Nataf et on avait fini par s’avouer qu’on adorait Frosting On The Beater de The Posies. On partage une sensibilité. Pas sur que Bruel écoute Big Star n’est-il pas ? (haha) … Enfin il y a plein de super trucs en français, à la volée : Polychromés de Claude Lombard, Ma Rencontre de Bertrand Burgalat, Roche de Sebastien Tellier, Pas tant d’chichi ponpon de Jean Constantin, Cousin Kneypper de Violaine, Le Rêve du Cheval de Thousand, Merry go sound de Gary Bellington, Rolling & Scratching de Daft Punk, Essaie de comprendre de Lucievacarme, Le condamné à mort de Marc Ogeret….

On attend un disque de guitariste et je découvre un album avec un versant électro, des basses groovy typées Moog, des batteries électroniques ?

Comme je te le disais, il n’y avait pas vraiment de concept à la base, du genre le mec seul avec sa guitare sur un 4 piste …nan nan… mais l’écriture était un peu dans un registre folk quand même, j’écris beaucoup à la guitare. J’avais envie d‘arranger un peu plus tout ça. Je maquettais chez moi, j’ai utilisé ce que j’avais sous la main (des boîtes à rythmes, des synthés) pour compléter ce truc folk des chansons et aussi pour expérimenter et me surprendre par la même occasion. Au final on a joué et rejoué plein de choses avec Pedro lors de l’enregistrement (des batteries par exemple) tout en essayant de garder cet esprit du disque fait à la maison, pas trop produit, touchant, qui était sur les maquettes. Du coup…ha oui … Le disque du guitariste ? Je ne sais pas ce que c’est, désolé haha.

Tu as fait appel à Pedro pour le mixage et le mastering et Sylvain pour les photos, rester dans la sphère Tahiti 80 était important ?

Pedro est arrivé au début de l’aventure comme je te disais, Sylvain ça s’est fait par hasard, il est passé au studio pendant une session de Tahiti 80 pour faire des photos, on en a gardé quelques-unes pour accompagner MED. Maxime Prieux (Phntm !) qui a réalisé l‘artwork du disque, est aussi l’auteur de visuels pour Tahiti 80 (The Sunshine Beat Vol.1, Fear Of An Acoustic Planet).Quand j’ai commencé à penser album, j’ai tout de suite pensé à lui…. Je me sens très proche de ces mecs-là, on se capte facilement et j’aime beaucoup les idées qu’ils apportent. C’est évident que sur ce projet, tout neuf, où j’étais sûr de pas grand chose, j’avais besoin d’être entouré de personnes proches, avec qui je pouvais échanger sereinement et pleinement. Le mastering, par contre, c’est Phil ShawBova (Canadien) avec qui on a déjà travaillé via Tahiti 80 et qu’on avait découvert via les disques d’Andy Shauf.

Le disque va sortir sur le Label de Tahiti 80 HumanSounds, mais en quantité limitée (100),pourquoi une si petite série ? Et Comment se le procurer ?

On fait un pressage numéroté de 100 disques vinyles, pas de CD. Le disque est disponible en précommande sur le shop de Bigwax le distributeur. J’ai pas trop envie de finir avec des caisses de disques sous mon lit alors je préfère represser le disque plus tard s’il le fallait, on verra, c’est une situation particulière liée au Covid où les usines sont saturées. Il sera dispo en streaming aussi.

Comment va se jouer le live, si il est réalisable, (une date est prévue à la Boule Noire le 2 avril 2021) qui va t’accompagner sur scène ?

C’est une date qu’on repousse depuis décembre, je ne sais pas encore à quoi ressemblera ce concert, s’il a lieu un jour. Le concept de départ, c’était seul sur scène (règles sanitaires) mais depuis j’ai commencé à répéter les morceaux avec 3 musiciens (Pedro Resende à la basse, Hugo Haudrechy à la batterie et Antoine Cottret aux claviers) et j’ai plutôt envie de jouer avec ce groupe. On fera en fonction de ce qui est permis, une fois de plus. Dans l’attente peut-on espérer au moins une version live de type Facebook live ? Si la situation sanitaire rend impossible le jeu en live, je n’ai pas non plus envie que ces répétitions ne servent à rien, imagine la frustration. Pourquoi-pas faire une captation live et trouver un moyen fun de la diffuser ? Je n’y ai pas vraiment réfléchi, j’espère encore.

Enfin, fais nous voyager et rêver un peu, quels sont les lieux secrets de Rouen où tu aimes profiter des périodes non confinées ?

Alors, je n’habitais pas Rouen jusqu’à il y a 5 mois et t’imagines bien qu’atterrir ici aujourd’hui avec les restrictions qu’on connaît, je n’ai pas grand chose à te vendre … Et j’en arrive déjà à regretter mes balades quotidiennes à vélo en campagne. Les endroits que je fréquente le plus à Rouen aujourd’hui sont les disquaires Select Records et Un Son Impur, des mecs et des lieux supers, presses-y toi !

MED de Médéric Gontier sera disponible le 26 février 2021 chez Bigwax.
En pré-commande ici.