Quand Patton annonce un nouveau fait d’arme, une fois sur deux on a tendance à se jeter sur une boite d’aspirine. Mais avec Mondo Cane, les amateurs de Fantômas et autre réjouissances expérimentales à la John Zorn, risquent d’être déstabilisés.
Avec Mondo Cane, Mike Patton revisite des standards italiens des années 50 et 60. A ses côtés on retrouve Daniele Lupi pour les arrangements (qui a notamment travaillé avec Danger Mouse), Roy Paci (que l’on peut entres autres retrouver sur tous les albums de Manu Chao) à la trompette et un groupe au grand complet (guitare, basse, percussions diverses et variées, mandoline, claviers en tous genres etc…). Les débuts de Mondo Cane se sont fait en Italie, en Mai et Juin 2007. Pour l’occasion, la troupe est accompagnée par un orchestre Italien. Puis en 2008, rebelote en Hollande, accompagné du Metropole Orchestra. Ah oui parce que si on ne l’avait pas précisé, les morceaux de ce Mondo Cane sont faits pour être joué avec orchestre.
Voila comment Mondo Cane est né (Mike Patton dans une interview accordé au site internet ARTISTdirect.com) :
« L’idée a commencé à germer quand je vivais en Italie, il y a 7 ou 8 ans. Je cherchais de la musique italienne. Pour être honnête, je cherchais des groupes contemporains, et il n’y avait pas grand-chose qui m’excitait. Je me rappelle, j’étais assis dans mon appartement, suant comme un porc, un jour d’été, et la station de radio que j’écoutais ne passait que des vieux trucs. C’était à l’époque des cassettes (rires). J’en ai mis une dans le lecteur et j’ai juste enregistré toute la programmation qui diffusait toute cette merde extraordinaire. Je veux dire, beaucoup était de la merde, mais certains des morceaux étaient véritablement extraordinaire. Je crois que c’est là que tout à commencé, en voulant connaitre l’Italie, la façon dont ils font de la musique, leurs points forts, leurs points faibles. »
Si l’américain est fidèle aux mélodies originales, il ne peut évidemment pas s’empêcher d’y mettre sa touche personnelle, sans trop en faire, et c’est ce qui fait tout le charme du projet. Patton introduit des ponts (celui bruitistes de Che Notte!), étire les intros (voir celle organico stridente d’Il Cielo In Una Stanza qui ouvre le disque ou la réécriture de l’intro de Quello che Conta qui donne au morceau un côté plus épique et dramatique). Et on retrouve évidemment un travail sur la voix (modulations, cris, passages parlés), parce qu’on parle de Mike Patton tout de même. L’Urlo Negro est un petit bijou de déflagration sonore. Mike Patton renoue avec sa tendance au chant (relativement) beuglé. La version est survitaminée et en même temps étrangement fidèle à l’originale. Les morceaux sont dynamisés et rafraichis par petites touches discrètes.
Mike Patton réinscrit ses morceaux dans une dynamique plus contemporaine, mais toujours avec un charme délicieusement daté. Sans toutes fois jamais tomber dans le second degré d’un kitsch rigolard qui pourtant aurait été si facile.
Patton est extrêmement convaincant en crooner, mais ça on le savait déjà (Il n’y a qu’à voir ses reprises de I Started a Joke et This guy is in love with you avec Faith no More, ou l’album Lovage en collaboration avec Dan The Automator) et sa tendance excessive à la gomina ne fait que rehausser encore la chose. On a alors tout le loisir d’apprécier l’étendue de son talent et de son organe vocale. Qu’il a très large.
Faith No More – I Started a Joke – Live Chile 1995
Faith No More – This guy is in love with you – Live
Pour les curieux, le concert d’Amsterdam en image :
Mike Patton – Mondo Cane