Ceci dit, il faudrait faire attention. Car si on pourrait se marrer en écoutant comme ça les premières chansons de Vikken, si d’une certaine façon on ne pourrait retenir un sourire amusé devant tant de catastrophes jouissives placidement énumérées, si ça sent la migraine dansante ou le Lexomil heureux, la joie passe quand même très rapidement au mixeur. Et de celle-ci, il n’en reste pas grand-chose.
Joie est alors probablement une façon de parler, au mieux un trait d’ironie. Plus sûrement une dérobade. Au moins une tentative. Car on a surtout l’impression que Vikken expérimente la mise en apesanteur dans une cocote minute.
Ça s’affole sans s’affoler, du moins pas au début. C’est plus tard, souvent, quand les chansons avancent, qu’elles prennent la forme d’un compte à rebours qui aurait oublié de s’arrêter, qui ne déboucherait sur rien, et qui s’égrènerait comme un chapelet. Avec derrière des bruits de hachoir ou de rafales. Tout devient dès lors un espace clos, un dialogue impossible, qui prend des airs de garde à vue. Ça court, ça tape dans les murs, ça rebondit, ça se calme, ça retape. Ça questionne, ça tourne en rond. La machine s’emballe. L’aiguille file dans les rouges, et Vikken bétonne les échappatoires.
Pourtant ça voudrait bien se raccrocher à tout, à l’autre et aux corps, s’en souvenir aussi, et se souvenir de soi, pour ralentir la course, la farandole, pour trouver du sens, comprendre ou se comprendre, avant de finir en morceaux, découpé, dispersé. Mais voilà…
Mais voilà…
Vikken – Pour une amie
Vikken – C’est OK
- C'est OK
- Pour une amie
- So(m)bre
- Chanson triste
- Aghet (Catastrophe)