Foals
Antidotes avait ravivé au gros sel nos plaies béantes et laissé depuis des égratignures à vif. En bons thérapeutes sonores, les cinq britanniques viennent appliquer pommade et strappings le temps de onze chansons, sans pour autant se gêner pour souffler sur les braises de l’addiction.
À la première écoute, surtout si Antidotes est encore frais dans vos mémoires, Total Life Forever est d’une subtilité et d’une intelligence d’un niveau supérieur. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, Antidotes n’est pas un brouillon, mais il sent la rage et l’envie d’en découdre à plein nez, salvateur mais nerveux.
Total Life Forever ajoute une borne à l’aventure, mais ce sont des décennies qui semblent s’être égrainées en à peine deux ans. Maturité peut-être (pitié non), ou plutôt onze moments figés dans la vie d’un groupe qui s’introspecte et qui trouve son rythme.
Discographie
FoalsBien sûr il y a encore de la rage, des base line et des riffs à décoller un parquet flottant, mais il y a bien plus que ça: une mélancolie et une contemplation cathartiques, chaque morceau enlève un peu plus d’épiderme pour ne parler qu’à l’essentiel et à l’authentique. Car Total Life Forever parle aux tripes là où Antidotes parlait aux couilles.
Intelligemment pensé pour doser à merveille lyrisme et énergie, l’album est un véritable hybride relativement inclassable qui vient emprunter ça et là ses outils pour réaliser sa chimère. Des singles évidents comme This Orient aux compositions plus éthérées comme Alabaster en passant par le poignant Spanish Sahara, le groupe nuance et apprend l’art de la retenue, en danseuse sur un fil invisible au dessus d’un paysage désertique, mais toujours à fleur de peau.