Bob Dylan
A presque 70 printemps, le Zimm est toujours vert. Après une année 2009 bien remplie avec un 33ème album studio “Together Through Life” pas si mauvais et un album de Noël carritatif « Christmas In The Heart » dans la plus pure tradition américaine, où Santa Claus danse la gigue en levant le coude.
Cette année il nous revient pour quelques dates en France (Lyon, Nice, Marseille, Carcassonne, Bordeaux et Nantes) étapes de son Never Ending Tour commencé en juin 1988, c’est à dire une centaine de concerts par an.Alors bien sûr les nostalgiques du Newport Festival, du protest singer à la guitare folk en bandoulière, du clochard céleste slamant sa poésie avec une voix de Daffy Duck ont été déçus.
Discographie
Bob DylanDylan est arrivé sans Patt Garrett ni Billy le Kid dans l’uniforme bleu des Etats de l’Union pendant la guerre de Sécession, fine moustache à la Errol Flynn, yeux mi clos des vieux du muppet show, chapeau espagnol « El Cordobès » à la blancheur immaculée des afficionados de la Corrida. C’est une sorte de dandy rabougri, entre Tatayé pour le chant ventriloque sans quasiment ouvrir la bouche et une statue du musée Grévin pour l’agilité.
Le set commence à 20h45 précise par Leopard-Skin Pill-Box Hat, Bob est au clavier, il brame dans une langue ésotérique bien épaulé par son guitariste solo, Charlie Sexton entre Chris Isaak et Jon Spencer. Le public que l’on aurait pu penser avarié est au final très varié, de 7 à 77 ans. Tous sont très émus de toucher du doigt un mythe à défaut de reconnaitre les chansons qui dégueulent d’électricité. La ballade It’s All Over Now, Baby Blue est méconnaissable mais pas désagréable, une des seules qu’il jouera à la guitare. Old Bob puise alors dans son immense répertoire, on traverse les décennies et le public enfin donne de la voix sur Just like a woman, il alterne les titres les plus connus, l’explosif Highway 61 Revisited pour le coup revisité avec des raretés comme Blind Willie McTell paru sur un Bootleg. Il fait la part belle à des albums plus récents comme Time ou of mind (1997) avec Cold Irons Bound et Tryin’ To Get To Heaven ou l’excellent Modern Times (2006) avec Ain’t Talkin’ et Thunder On The Mountain. Ca pogote presque du déambulateur dans la fosse surtout quand résonne le rif surpuissant de Ballad Of A Thin Man où le Zimm s’éclate sur son clavier et invective Mister Jones. 1h30 de show chronométré sans un mot pour le public.
Le rappel ne se fait pas attendre, il faut vite rentrer pour manger une soupe avant que la nuit ne tombe ; le master of ceremony (not of war) présente son gang dans un anglais à la john Wayne et rigole du bassiste Tony Garnier, homonyme de l’architecte de ces anciens abattoirs de la ville de Lyon transformés en salle de concert et qui l’accueillent ce soir. Like a rolling stone commence alors dans une lumière très blanche et Bob sautille sur son clavier. Il termine par une version bruitiste de Blowin’ in the wind que les oreilles sonotonées, pardon bouchonnées d’une partie du public n’identifient qu’au bout de cinq minutes. Il est 21h30, le rideau tombe, on n’est au final pas déçu , c’est comme si on retrouvait un vieux copain pas vu depuis longtemps (19 ans qu’il n’était pas venu dans la capitale des Gaules) : Dylan is Dylan, (c’est comme un soleil dans le gris du ciel)…
Set list : 1.Leopard-Skin Pill-Box Hat 2.It’s All Over Now, Baby Blue 3.I’ll Be Your Baby Tonight 4.Just Like A Woman 5.High Water (For Charley Patton) 6.Simple Twist Of Fate 7.The Levee’s Gonna Break 8.Blind Willie McTell 9.Cold Irons Bound 10.Tryin’ To Get To Heaven 11.Highway 61 Revisited 12.Ain’t Talkin’13.Thunder On The Mountain 14.Ballad Of A Thin Man //15.Like A Rolling Stone 16.Blowin’ In The Wind