Cheap House en cinq questions
Votre souvenir de concert ?
Au milieu de notre tournée de février 2020, nous sommes passés par un petit lieu autogéré à Lausanne. Trente personnes autour de nous dans un petit caveau, on devait jouer une heure trente… le concert a duré trois heures. On a beau aimer les grandes scènes, cette énergie ultra-vive des petits clubs possède une puissance émotionnelle inouïe. Le lien qui se tisse entre les spectateurices et les artistes est sans pareil. À la fin tout le monde s’est pris dans les bras, l’atmosphère avait quelque chose de magique, au point que nous avons remis ça le lendemain qui était censé être un day off.
Votre rencontre en tournée ?
LA rencontre de cette année c’est Arnaud Rebotini. C’est un maître des synthés analogiques et des boites à rythmes… On a tellement accroché qu’on a déjà fait une résidence et un enregistrement avec lui… On ne vous en dit pas plus pour l’instant, mais ça viendra !
Votre anecdote dans le van ?
C’était en revenant d’un concert à Bordeaux pour la release party de Mezerg. La date des galères : on faisait l’aller-retour (environ 24h de route), il y a eu plusieurs coupures de courant sur scène et des soucis de matos (même pour Mezerg, car son Nordstage s’était perdu entre deux avions)… Bref, on repart de Bordeaux et deux heures plus tard, panne de moteur sur l’autoroute. On a dû laisser le van avec tout notre matériel dedans au garage, et rentrer à Stras en taxi depuis la Corrèze !
Votre actualité musicale en quelques mots ?
Comme dit plus haut, on prépare un bel objet avec Arnaud Rebotini. On a choisi une démarche bien différente par rapport à notre premier disque sorti en avril dernier. Ce sera beaucoup plus terre à terre, et les ponts entre techno et jazz seront très sensibles… On explore une espèce de mixture entre la culture club et la culture free jazz, avec des élans radicaux dans un sens ou dans l’autre qui sonnent comme des ovnis, des éruptions solaires. Évidemment, en live ça donne quelque chose de totalement inédit aussi ; on met beaucoup plus en avant le son naturel des instruments et on emmène les gens dans un voyage vraiment varié. On a hâte de vous montrer ça le 8 septembre.
Votre prochain rêve ?
On fait partie d’un collectif d’artistes et d’un label de jazz alternatif à Strasbourg. Ces deux entités sont réunies sous une bannière : OMEZIS. Notre rêve serait que cette bannière devienne une référence artistique et un centre de gravité pour les musicien.ne.s qui partagent notre vision des jazzs.
On s’est beaucoup inspirés de ce qui se fait à Londres avec Jazz Refreshed et Brownswood Records notamment, et on aimerait devenir comme elleux un véhicule pour la richesse créative de nos communautés de musicien.ne.s, et une source d’inspiration pour les générations à venir.
Vos attentes vis-à-vis du Crossroads Festival ?
Que les gens ressortent de notre concert à la fois en ayant mal aux jambes, du soleil dans la tête et la rage au ventre.
Cheap House – Concert au Musée de l’Aventure Peugeot
La playlist de Cheap House
En écoute avec Cheap House
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Théo : Jamais un morceau n’a aussi bien porté son nom. On est littéralement envoûté par cette séquence de Korg MS20 pendant les 7 minutes 48 qui composent ce titre. Open eye signal fait partie des morceaux qui nous ont fait aimer la musique électronique. Il nous a fait comprendre qu’on pouvait raconter des histoires avec une ou deux idées, en les exploitant jusqu’au bout. Hopkins montre ici toute l’étendue de son savoir-faire et de sa personnalité unique, à mi-chemin entre sound design et prod très organique. On aime tellement ce titre qu’on lui a rendu hommage dans notre prochain EP.
Nils : Un autre morceau qui porte bien son nom. Un énorme morceau club, d’ailleurs on l’a découvert dans un dj set de Lefto au worldwide festival. On s’est regardé tous les quatre, et on s’est dit qu’il fallait absolument qu’on retrouve ce morceau. En revisionnant des vidéos de la soirée au worldwide, on a fini par retrouver le nom du morceau et le voilà qu’il tourne régulièrement dans nos playlists.
Nils : Il s’agit d’un morceau de techno Detroit légendaire, un de ceux qui nous ont énormément inspirés pour le studio avec Arnaud Rebotini. Le riff principal du morceau est juste complètement envoutant, c’est le genre de boucle qu’on pourrait entendre à l’infini. Un track légendaire qui n’aura pas influencé que nous c’est certain !
Paul : C’est LE morceau qui nous chauffe avant un concert. C’est brut, c’est frénétique, c’est vaste, c’est hypnotique, comme un voyage dans une ceinture d’astéroïdes. Il y a de grandes chances que vous l’entendiez dans la salle juste avant qu’on monte sur scène.
Théo : On le dit dans chaque interview, mais Cabaret Contemporain est l’une de nos principales inspirations. Ils ont ouvert la voie. On a pris une énorme claque sur leurs albums et la manière qu’ils ont de détourner le son des instruments acoustiques (piano, contrebasse(s), guitare, batterie) pour les faire sonner « techno ». Leurs prods nous ont tellement plu que leur ingénieur du son, Pierre Favrez, enregistre et mixe nos Eps depuis le début du groupe.
Paul : Une des dernières sorties d’Arnaud, sur le label allemand Mannequin Records. À mon sens c’est clairement représentatif de sa patte et de la puissance de son live. Le clip est mortel aussi avec ses images d’archives de club. Ça donne envie d’entrer dans la transe, avec du cuir noir qui colle à la peau.
Paul : Ça, c’est juste parce qu’on est végétariens, et qu’on adore Quentin Dupieux dans son univers absurde et cynique. Perso c’est aussi le morceau qui m’a fait connaître Monsieur Oizo.
Pour nous, Nubiyan Twist font partie des plus grands représentants de la nouvelle scène du jazz anglais. Scène qui a été fondatrice à la fois dans la création de Cheap House, mais également dans celle de notre collectif Strasbourgeois OMEZIS. La communauté du jazz anglais a su redonner vie à un monde qui était tombé dans les mains des conservateurs, en prouvant à quel point ses discours, sa philosophie et ses énergies sont actuels.
Théo : On a découvert ce morceau dans un DJ set mis en ligne par Flying Lotus en mars-avril dernier, une semaine avant notre entrée en studio avec Arnaud Rebotini. On se rendait à cet enregistrement avec en référence les pionniers de la techno de Detroit des fin 80’s – début 90’s (le label Underground Resistance en tête). On aurait pu prendre n’importe quel morceau de ce fameux DJ set qui est une véritable déclaration d’amour à cette période et qui sent bon le revival de la culture rave, de la VHS et de la streetwear.
Matthieu : Lorsque l’on décide d’écouter ces deux producteurs néerlandais, c’est à coup sûr pour se faire voyager. Ils dressent des portraits tantôt intimistes, tantôt grandioses avec comme palette les sons, les timbres et les mélodies. En deux mots, Weval maîtrise à la perfection l’art de la production.
Matthieu : On a mis ce morceau, mais on aurait pu piocher aléatoirement dans leur discographie tellement ce groupe a une capacité constante à produire de la qualité. ADHD c’est le règne de la subtilité, le son froid des paysages glacés d’Islande, et la puissance viscérale d’une énergie brute produite dans la retenue.
Paul : Je ne sais pas qui de la nostalgie, de la mélancolie ou de la plénitude l’emporte ici… Sans doute un certain équilibre entre ces trois sentiments. En même temps, l’équipe de Kamasi apporte à la mélodie la plus célèbre de Debussy un pouvoir neuf que seul un jazz venu du fond des tripes peut insuffler. On en ressort forcément puissant.e et inspiré.e.
Plus d’informations sur la page Facebook de Cheap House.