C’est le trio grenoblois Settled In Motion qu’ouvrait le bal avec son rock anglosaxon à la bloc party, Thomas à la batterie déchire ses fûts, les titres comme Question of time, No drama, no heroes ou Lost with Control sont très courts et efficaces, posés mais en mouvement perpétuel et l’on attend avec impatience la sortie de leur premier album en espérant une trajectoire à la Rhesus.
Après ce tour de chauffe réussi, Joseph Leon vient nous proposer ses polaroids du coeur avec son album Hard as love. Les chansons sont sobres, guitare voix, à l’ancienne, aérienne, évoquant la souffrance comme l’apaisement , à la fois tendre et lucide, ses complaintes ne sont pas complaisantes, on pense au Dylan des débuts, à Nick Drake ou plus récemment à Piers Facinni, un diamant brut comme sa barbe mal taillée.
Discographies
Féloche ★ Florence + The Machine ★ Mika ★ Paul Weller ★ Renan Luce ★ Rodrigo y Gabriela ★ Seasick SteveMais la Première sensation de l’après midi est bien le jeune clermontois Zak Laughed et sa compagnie de Hobos. Loin du concept baby rocker ou petit prince du folk des montagnes auvergnates qu’une certaine presse a voulu lui coller sur le dos, il balance crânement ses bombinettes country punk rock psyché qui oscillent désormais entre le Brian Jonestown Massacre, Girls et Jesus and Mary Chain, Pillow suicide est une tuerie (!) sans oublier quelques perles pop comme Each Day. A l’écart de la hype des groupes pour groupies, le quarteron progresse de concerts en concerts Yann The Hair (aussi dans les Elderberries) assure la cohésion de sa batterie carrée, Al Schuster T se lâche enfin sur ses solo pendant que Sitting Gus reste concentré à la basse. Et même lorsque le Wurlitzer tombe en panne, giant Zak ne se désarme pas devant les déjà 5000 spectateurs de 17h00 et joue Travelling Cat à la Danelectro achetée sur le bon coin « comme en répét’ car on n’a pas les moyens d’un Wurli ! ». C’est frais, pas préfabriqué, on sent la passion, voir l’érudition quand il reprend Waiting des trop méconnus Feelies que l’on espère voir tourner à la rentrée.
A peine le temps de souffler que Seasick Steve débarque armée seulement de sa gouaille et d’un batteur pour sa seule date en France cet été. Comment expliquer la claque et le respect qu’impose ce monsieur, musicien hors norme, poète du quotidien, de son quotidien. Ce type dégage une profonde humanité, il raconte au fil de ses chansons sa vie, ses déboires familiaux, et amoureux,ses histoires de flingue, c’est à la fois dur et tendre, grave et farfelu comme tous les instruments qu’il fabrique. Une corde tendue sur morceau de bois suffit à faire rugir des sons que toutes les guitares réunies des ZZ Top ne pourront reproduire. Il tressaute sur sa chaise, ronronne quand il invite une jeune femme près de lui le temps d’une sérénade bluesy, le public en redemande et c’est peut être là tout l’intérêt d’un festival où beaucoup sont venus pour un Mika formaté et découvre un artiste improbable.
Florence And The Machine – My Boy Builds Coffins | SK* Session
Autre univers très personnel que celui de Florence And The Machine. Elle déboule nus pieds dans une robe vespérale, le teint diaphane qui tranche sur le roux de sa chevelure flamboyante. Florence Welch est une sorte de dame blanche, une apparition spectrale entourée de fleurs quasi mortuaires qui mêle une voix à la Kate Bush et des riff à la White Stripes. Cette Castafiore rock impressionne par la puissance de ses vocalises, sa voix est une pate qu’elle modèle à sa guise accompagnée d’un tambourin ou du son cristallin d’une harpe. Alors l’atrmosphère est parfois lugubre, le jeu théatral est très appuyé, mais on salue la performance et le public peut dire Welcome to the Machine même s’il n’y a pas de flamands roses sur le lac.
Quand Paul Weller commence son set, bien peu connaisse le parcours de ce mythe vivant en Angleterre. A 52 ans, l’ex leader des Jam et de Style Council demeure le prince des Mods même en solo et il continue à vendre des milliers de copies à chaque nouvel album. C’est un peu comme si Johnny Halliday avait un peu de culture et un casque argenté. Lui et son groupe enchainent les titres en picorant dans une longue carrière, cela sonne parfois comme du Phil Collins quand il prend le clavier mais reste très rock à la guitare. Quelques Union Jack fleurissent dans le public, c’est la seule date française de Paul Weller et quelques anglais mettent l’ambiance parmi le bac à sable qui attend attend Mika le GO du club de vacances : « the Modfather passes the test of time » écrit le journaliste australien Sam Kelton, tous les artistes n’auront pas cette chance.
Vient ensuite la curiosité du jour, entre un Mod et une gravure de mode, le duo mexicain Rodrigo et Gabriela qui met le feu partout où il passe, même à la Maison Blanche très récemment et connu pour ses reprises latino de standard de Metallica, Hendrix ou Led Zeppelin. C’est comme d’habitude très impressionnant de maestria, transformant la guitare en percussion avec un golpe furieux. C’est très efficace mais un peu longuet du fait de l’absence de chant et tourne vite au concours de virtuosité sans guère d’émotion mais cela plait au public qui les acclame longuement, un bo tour de chauffe avant l’entrée en scène du garçon qui est savait trop.
Mika semble un éternel ado qui nous montre ses jouets. C’est plein de couleurs flashy, entre Charlie et la chocolaterie et Alice au pays des merveilles, avec un zeste de la Famille Adams. Alors pourquoi pas si l’on est mineur, mais à scruter le public on s’aperçoit vite de la méprise et l’on se dit que Freud avait raison avec le concept de régression. Chapeau, cape en plumes multicolores, escarpin gonflable, poupée, ballons décors féeriques avec arbres multicolores et pleine lune, costumes les plus divers, musiciens melting pot, tout est fait pour en avoir plein la vue à défaut des oreilles, la gestuelle et les mimiques entre Marcel Marceau et les frères Jacques sont millimétrées pour chaque chanson, les tubes sont là, Grace Kelly en français, Relax, Take It Easy, Lolllipop et toute la ménagerie. On a même droit à la reprise de circonstance sur le statut d’artiste, La Solitude de Barbara, comme dans un bon vieux show des Carpentier du temps de l’ORTF. Mika rappelle que son meilleur souvenir de festival était ici même en 2008 sous des trombes d’eau et l’on conchie le ciel d’être si clément cette année. Alors bien sûr on peut adorer le pop corn, les bublegums et les marshmallows mais attention à l’indigestion aiguë dans le rollercoster.
Renan Luce en coulisse n’était pas rassuré malgré ses disques multiplatinés, de passer après une telle débauche d’effets appuyés et de vocalises kaleidoscopées. Avec sa tête de bon élève d’école de commerce ou de gendre idéal, ce n’était pas facile, malgré son succès énorme de retenir la transhumance du public de Mika vers la sortie. Mais comme on dit, les meilleurs sont restés pour écouter des tubes comme Les Voisines, La fille de la bande, On n’est pas à une bêtise près ou encore en rappel Repenti, Nantes (k) ou bien sûr La lettre.
La lourde tâche de clore cette seconde journée revenait à Féloche et son mélange de chanson, d’électro et de rock cajun. Armé seulement de sa mandoline, accompagné d’une contrebasse, d’un accordéon et d’une trompette, porté par des textes rigolards et acides, il transforme les roselières du lac du Bourget en Bayou où le voodoo child hypnotise les derniers survivants de la journée en leur chantant Reste avec moi ou Darwin avait raisonceux-là même qui ne se reposeront sûrement pas dimanche afin d’acclamer les 10 derniers artistes de ce Musilac 2010.
Quelle plume !
Yes, et comment ça fait trop plaiz’ de lire un paragraphe aussi sympathique sur ses copains les SIM !!!