Hiromi
Ahmad Jamal ne tarit pas d’éloges sur sa petite protégée, Hiromi, qui ouvrait le bal. Ce n’est pas une jeune trentenaire japonaise qui rentre sur la scène du festival Jazz in Marciac, ce soir là, non, c’est un extraterrestre. Les spectateurs assistent ce soir là au plus bel acte d’amour jamais fait, entre un instrument de musique, et un artiste. Elle joue, elle sur joue même, ses notes, ses inspirations et expirations, ses sourires, ses soupirs. Hiromi frôle l’orgasme tous le long de son set. Finira-t-elle par l’atteindre ? On suppose que oui. Mais une chose est sûr, bien que l’auditoire n’était pas venu pour assister à autant de sensualité, c’est lui, qui par ses très nombreuses acclamations, aura atteint le nirvana.
Ahmad Jamal
Tandis qu’Hiromi finit de s’éclater dans la virtuosité, Ahmad Jamal tutoie la sérénité et la sobriété, lors de son apparition sur scène.
Difficile, pour le public ayant apprécié le concert d’Hiromi d’applaudir à tout rompre lors du set de son mentor, Ahmad Jamal, tant le contraste entre les deux prestations est important.
Un ange parmi les diables
Jamal s’est toujours distingué de ses confrères en jouant la carte du minimalisme. Il n’a pas trahi sa réputation à Marciac, livrant un set d’une remarquable précision. Tandis qu’Hiromi se présentait seul sur scène, qu’elle a, par ailleurs, su très bien combler, Ahmad Jamal se présentait en quartet, avec James Cammack à la contrebasse, Herlin Riley à la batterie et Manolo Badrena aux percussions. Une certaine communion agissait sur scène, peut-être même trop importante, ne laissant aucune place à la mise en avant de soliste, même de Jamal. On sent tout de même les musiciens ‘du terrible’, comme on le surnomme, maintenu parfaitement sous contrôle, à l’aide d’indices et signaux tels que regards et gestes discrets. Malgré cela, le pianiste de Pittsburgh se place comme leader, et il lui suffit de jouer pour que les amateurs de jazz, venus en masse sous le chapiteau du festival, le comprennent.