Aaron
Pour mon grand plaisir personnel, le duo Olivier Coursier/Simon Buret avait aidé à repopulariser le mouvement « piano rock », concentré comme son nom l’indique sur des parties de piano à (semi) queue, et non de pâles synthés comme on l’entend malheureusement (et souvent faute de moyens) trop souvent, là où les marteaux devraient résonner de leur patte profonde.
Forcément, aujourd’hui, après un tel succès et des titres comme « U-turn (Lili) », ou encore « Little Love », on voit déjà frémir d’impatience les adeptes du « c’était mieux avant », qui, après une demi-écoute sous la douche d’un quart de morceau se contenteront d’un lapidaire « bof », assassinant avec désinvolture trois ans de travail acharné. La question se pose, néanmoins : doit-on ici faire part de plus de sévérité dans le jugement ou écouter l’album comme il est, sans attache antérieure ? J’opte, princier, pour la seconde solution.
Discographie
AaRONLe disque s’ouvre sur « Ludlow L », première piste plutôt déroutante introduite par un combo batterie-voix, prenant ensuite un rythme assez martial tout le long de la chanson. Heureusement, coeurs et violons viennent nous faire décoller le tout, donnant au titre un côté « montée progressive » des plus appréciables.
Les batteries électroniques me semblent déjà bien plus justifiées pour « Rise », qui avait été le tout premier single de l’album, sans me convaincre plus que ça à l’époque. Le morceau est sympathique, mais à quelque chose de très terre à terre, la basse fixant la chanson dans le béton, à la manière d’un Joy Division ou d’un The Killers fatigué qui ne correspond pas forcément à l’image qu’on attend du duo.
On accède heureusement, dès la troisième piste à un des meilleurs morceaux de l’album. « Seeds of Gold » était en écoute depuis quelques temps, vous l’aviez vu chez nous ou ailleurs, et je ne m’en lassais déjà pas à l’époque. Ici, elle prend tout son sens avec sa lente ascension rythmée.
Ce titre est important dans le sens qu’il porte le sceau d’Aaron en n’utilisant pas les mêmes ficelles, à savoir le duo piano-voix strict qui les a fait connaître. Ici, pas de deuxième U-turn, l’utilisation des choeurs et du riff de guitare est totalement inédite par rapport à la composition du premier album, et apporte ce que l’on attendait réellement de « Birds In the Storm ». L’artiste reste le même en utilisant une technique différente.
On passe assez rapidement sur « Waiting for the Wind to Come », qui à mes yeux, n’est pas à la hauteur de l’album.
Une piste plus loin, « Song For Ever » marque un autre des temps forts de l’album. Musique simple et posée, voix contemplative, Simon and Garfunkel dessinent paisiblement leurs fantômes dans la voix et les accords lascifs de guitare. On s’intéresse un instant aux paroles : « Hello Darkness, what’s your name today, I heard you were back in town. » Plutôt joli, et toute la chanson suivra cette tristesse tranquille et amère. Voilà pour moi une belle façon d’exprimer la douleur, sans se presser, avec calme et contemplation presque dans l’absence. Olivier Coursier semble presque ailleurs, chantant pour un autre, et c’est cet éloignement qui donne toute la force à la chanson.
Appréciant au passage Arm Your Eyes, on en vient à se demander l’intérêt de Birds in The Storms, et ses synthés technophilisant qui ne prouve pas son utilité dans l’album dont elle (lourde charge) porte quand même le titre. A vouloir aller trop loin dans les machines, il me semble que le duo se perd dans une sorte de complexité trop travaillée et sans grand rendu final.
Et puis l’album passe, j’aime, j’aime moins, je m’interroge sur les structures, où ont ils voulu aller, qu’ont ils voulu prouver, et j’en arrive à la dernière chanson, presque convaincu d’avoir tout écouté, prêt à finir ma chronique. L’album pour moi tient le pari de tout bon deuxième opus. Il consolide la base du talent de Simon Buret et d’Olivier Coursier, tout en apportant sur certaines chansons une nouvelle couleur musicale qui ne peut que bien présager pour l’avenir. Birds In the Storm est, mis à part quelques faux pas, très bon, notamment avec Seeds Of Gold et Song For Ever.
Je crois qu’il m’a fallu quelques secondes pour sortir de ma réflexion, et puis j’ai levé les mains de mon clavier, toutes oreilles dehors. Les premières notes d’ « Ember » venaient de résonner dans le silence et ma chronique entière allait être bouleversée. Il était là, ce morceau sublime que j’attendais d’Aaron, ce Little Love qui m’avait levé le coeur sur le premier album, cette ligne de piano intime et touchante, et cette voix qu’on entend, triste et magnifique, nous conter avec simplicité la douleur des amours perdus. Il était là ce morceau que j’attendais pour arrêter de réfléchir simplement, et partir, la gorge serrée, dans mes propres pensées noires.
Et elle est là, la vraie force d’Aaron, quels que soient les albums. Pas dans les envolées de violon, pas dans les montées en puissance de machines ou de batteries, de voix ou de piano, mais dans le simple fait qu’il a fallu cinq secondes de piano pour que mes sens m’échappent, et que ma pensée s’envole, loin, bien loin de mon clavier, vers mes propres fantômes.
Je suis tellement d’accord avec toi concernant « Embers ». Coup de poing de tristesse. Meilleure pièce de l’album. Je recherche d’ailleurs les paroles de la chanson sur internet si tu peux m’aider !
Merci !!
Rien de plus à dire sur « Embers »… Bouleversant
Je recherche également les paroles (en Anglais)
merci de m’aider
à Laurent; tu peux les obtenir directement sur mon blog: http://www.pile-ou-face.net
Mille mercis Max