Ghost In The Loop dessine des paysages sonores dans des lieux d’habitude silencieux. Mais l’idée n’est pas de bousculer l’environnement, mais plutôt de s’en inspirer et de communiquer avec les cieux et peut être les étoiles. Echoes From Afar est extrait d’un EP, Cold Space Symmetrie qui sort le 25 novembre. SK* a voulu en savoir plus sur cette experience inédite que Ghost In The Loop nous offre en avant première avec en plus une playlist commentée.
Au sommet avec Ghost In The Loop
Comment est née cette folle idée ? Quel a été le déclencheur ?
J’ai longtemps joué en groupe, depuis le début de l’apprentissage de mon instrument (Basse et guitare), j’ai joué dans de nombreux projets aux styles toujours très varié, sorti quelques albums (Altavilla en 2012 et The Conquest Of Gravity en 2017 avec le groupe Altavilla), et fait de très nombreux concerts.
C’est lors du confinement en mars 2020 que j’ai décidé de m’essayer à la musique électronique et à la production, j’ai donc progressivement investi dans des machines et synthétiseurs, mais aussi des vieux appareils à bandes ou à cassette pour faire des Tape Loops (Les Tape Loops sont des boucles de bande magnétique utilisées pour créer des motifs musicaux répétitifs et rythmiques ou des couches sonores denses lorsqu’elles sont jouées sur un magnétophone).
C’est lors des nombreux confinements et dé-confinements successifs que j’ai commencé à jouer des musiques plutôt orientées « electronica / ambient » en pleine nature.
Et ce nom mystérieux, Ghost In The Loop ?
Le nom Ghost In The Loop vient de plusieurs choses, tout d’abord je joue beaucoup sur des Tape Loops, ou des samplers / synthétiseurs en utilisant des motifs mélodique ou rythmique minimaliste et répétitifs, comme des échos vaporeux et altérés de mélodies figées dans le temps, légèrement déstabilisantes, mais aussi familières à notre esprit qui se rapportent à un sentiment unique et combiné de mélancolie et de nostalgie.
L’image du fantôme qui hante ces boucles musicales me parait plutôt cohérent, et c’est aussi un joli jeu de mot en référence à Ghost In the Shell (Ghost in the Shell est un manga futuriste, de type cyberpunk, se déroulant aux alentours des années 2030.) et tout cet univers que j’aime beaucoup (Akira, Neon Genesis Evangelion pour ne citer que les principaux).
Tu as déjà joué dans différents lieux naturels, comment as-tu choisi le plateau de Bure ?
En 2021 j’ai fait toute une série de vidéos live en extérieur sur des tables d’orientations, toujours dans un style « Electronica / Ambient » ou j’improvise en étant inspiré par le paysage environnant, et je cherchais un ou des nouveaux sites pour 2022 afin de réaliser de nouvelles vidéos.
J’ai appris l’existence de ce site exceptionnel lors d’une conversation avec un ami pilote de drone qui m’en a parlé et m’a montré des photos.
Ça a été une évidence pour moi, il fallait que j’enregistre mon prochain album la haut.
Comment s’est déroulé le voyage vers les hauteurs ?
L’ascension était plutôt très compliqué pour nous, il n’y a pas de téléphérique pour accéder à l’observatoire du Plateau De Bure, il faut marcher, on a étudié les itinéraires possible, et nous avons choisi l’accès par la Combe Ratin, départ au deuxième poteau du téléphérique de l’IRAM (Il ne transporte que du matériel pour les scientifiques), tout de même plus de 3h de marche, 1000 mètres de dénivelés sur 5 kilomètres, beaucoup de pierriers, et surtout très chargé niveau matériel, vraiment très très chargé…
Mais nous nous étions bien préparés, nous avions fait un repérage deux mois avant avec mon ami Hugo Préverand pour être sur de l’accès, et on a investi dans du matériel adapté. En tout cas, l’effort en vaut vraiment la peine.
Jouer au sommet a-t-il changé les morceaux ? la prise de son ?
Pour ce projet un peu spécial, je n’ai pas eu besoin de trop adapter mon matériel et mes méthodes d’enregistrement, je commence à avoir l’habitude d’enregistrer dans des lieux hors du commun et parfois dans des conditions compliquées. Tout a été enregistré live sur deux pistes stéréos, comme j’ai souvent l’habitude de faire.
Quels sont les morceaux que tu as joués ? des créations ? le lieu a t-il été une source d’inspiration ?
J’aime improviser le plus possible pour ce type de performance en extérieur, et me laisser porter par l’instant présent et le paysage environnant.
Pour ce projet j’ai voulu pousser le concept un peu plus loin, et mélanger la musique générative ou algorithmique et l’improvisation.
C’est donc des compositions qui se construisent en direct à l’aide d’un micro ordinateur (Monome Norns) et de scripts écrits à l’avance qui conditionnent ce que la machine à le droit de faire d’un point de vue musicale, tel type de sons, tel gamme, tel ou telles possibilités d’évolution etc. Et j’improvise à la guitare par-dessus cette petite machine qui joue toute seule (il m’arrive aussi parfois de prendre le contrôle et de modifier certains paramètres en direct pour coller à mes improvisations) en enregistrant des boucles et en superposant les textures sonores pour construire les musiques.
Donc oui le lieu à eu une énorme influence sur le résultat final.
Ghost In The Loop – Echoes From Afar
Que t’évoquent les radiotélescopes ?
Je trouve ces radiotélescopes absolument fascinant, je suis aussi passionné par l’espace, la conquête spatiale etc. Et voir ces immenses machines qui observent les confins de l’univers, nuit et jour, donnent le vertige. Ça nourrit aussi énormément l’imaginaire, et c’est très stimulant pour ce genre de projet.
Tu as laissé carte blanche pour filmer ? Pourquoi un drone ?
J’ai eu la chance d’être accompagné par deux talentueux amis pour immortaliser cet évènement, Fabrice Buffart (Photographe) et Hugo Préverand (Vidéaste), tous deux immensément passionnés de cinéma, ils étaient totalement dans leur élément, et très inspirés pour varier les prises de vues. Je les ai donc laissé gérer intégralement l’aspect vidéo. De plus j’étais trop concentré sur les musiques et l’installation du matériel, pas le droit à l’erreur, nous étions pris par le temps, il fallait enregistrer les musiques en une prise pour être sur de ne pas avoir une trop grosse portion du trajet de retour de nuit (échec sur ce point la, on a quasiment tout descendu à la frontale, expérience lunaire, mais fortement déconseillée).
Quel est ton rapport à la nature ?
Pour moi la nature est indispensable pour nourrir mon inspiration, c’est une source intarissable d’idées qui n’attendent qu’à être découverte, au détour d’un chemin, au sommet d’une crête montagneuse ou dans le son des vagues et du vent…
En écoute avec Ghost In The Loop
Sûrement la plus belle musique au monde pour moi, envoûtante et hypnotisante, je pourrais l'écouter des heures en boucle.
16 minutes de mélancolies intenses mais salvatrices.
Une bouffée d'air frais après "Again", un rayon de soleil pour disperser la noirceur.
Un classique pour les amateurs de musique ambiante, une boucle minimaliste parfaite qui peut s'écouter des heures, cette musique peut emmener très loin.
Selon moi la plus belle montée en puissance jamais écrite.
Ce riff, tout simplement.
J'ai découvert ce groupe avec cette musique, une véritable décharge électrique encore aujourd'hui.
Encore une magnifique musique instrumentale qui emmène loin.
Pour rester dans la thématique du voyage, un groupe avec lequel je reverrai de collaborer.
Encore une magnifique montée en puissance de 4 minutes, quel suspense.