Albin de la Simone & l’ensemble Contraste @ L’Aqueduc – Dardilly | 26.01.2023

Il y a des soirées hors du temps ou plutôt où celui-ci s’arrête pour nous permettre de souffler, de mélancoliser. Celle d’hier fût un formidable moment d’humanité élégante, de proximité facétieuse, de génie musical. Mêlant ses propres chansons à un choix soigné et bigarré de reprises, plutôt d’appropriations, Albin de la Simone virevolte dans ce tour de chant entre basse, piano et … ciboulette, nom donné par sa fille à cet étrange instrument électro-acoustique aux multiples sons que n’aurait pas renié Antoine Delafoy dans les Tontons Flingeurs. Entouré de Johan Farjot au piano et aux arrangements, d’Arnaud Thorette à l’Alto et de Rozenn Le Trionnaire à la clarinette, ils ne font qu’un tellement la complicité est palpable. Chaque titre est un baume apaisant et quand point le vague à l’âme on est emportés par les Rimes et le parfait équilibre entre les instruments et la voix avec cette sensation que le concert n’est que pour soi, au creux de l’oreille. On sourit à cet emboîtement drolapoétique du déjeuner du matin de Prévert, on avait oublié les points, les pointillés du Vertige de l’amour de Bashung, Ma gueule de Johnny devient chaplinesque ou peut être tragique. On est forcément bouleversés par La chanson d’Hélène où le soleil n’entrera plus dans la chambre mais le cœur est tout aussi gros quand Le grand amour s’éteint, « elle souriait, mais je devinais, le vent avait tourné ». Mais l’on est rassérénés par le gravement léger ou légèrement grave Mes épaules car on est tous pas bien gaulés et l’on est émerveillés par la beauté simple du nouvel extrait du prochain album à paraître le 3 mars, la sublime Petit petit moi d’une folle tendresse qui fait écho à la photo intime en noir et blanc de la pochette. Et comme Albin est un mélancolique heureux, on finit par une version a cappella avec solo de flûte à coulisse de l’hilarante et pragmatique Tu vas rire. Padadadampampadadampampadadampam !!!

Au final, Albin de la Simone n’a pas changé, tour à tour touchant, espiègle, souvent désarmant de sincérité et entouré de formidables musiciens avec un piano parfois jazzy, un alto qui des graves aux aigus redessine la carte du tendre et une clarinette polissonne contrepoint parfait à la voix amical d’Albin de la Simone.