C’est Ronan Siri qui ouvrait la soirée avec sa folk ciselée dans les clairières moussues du Bois d’Oingt. Pour sa première grosse scène avec un plateau de choix, il ne fut nullement impressionné par ses ainés. La guitare acoustique assurée, l’harmonica bien en bouche et les chaussures bien cirées, il a séduit le public avec une voix de miel qui coule des aigus vers le grave et des chansons polaroids de son âme déjà torturée. Il a pu en une quarantaine de minutes interpréter l’intégralité de son futur album avec entre autre Happy Sunday, Post Girl, l’émouvante Swallows et bien sûr son hit lumineux, Little Sweet Shame Undatrees. C’est touchant d’assiter à l’éclosion d’un futur grand artiste, « Un P’tit Jeune qui n’en veut » comme dirait François Morel.
Changement de registre avec l’arrivée des Hey Hey My My qui ont apparemment fini de s’amuser (Not Fun anymore) avec la folk pop harmonieuse des débuts. Les guitares se font beaucoup plus ascérées à la Weezer comme sur Pool ou Oh Lord, parfois cela groove franchement comme sur Jazzol ou Go to hell. On a connu les deux Julien plus énervés dans de plus petites salles comme ce fameux 8 juin 2007 dans la cave du Citron, hier le public était un peu atone même quand le groupe entame un Too much space toride.
Jil on le sait est chanceux, lauréat du FAIR 2010, un titre diffusé dans le monde entier grâce à une publicité pour un parfum, le groupe surfe sur les ondes positives. On ne peut qu’être séduit par ces personnalités hétéroclites, aux surnoms super héros de dessins animés, Superschneider, La Vega, The Steamroller, The Black Rabbi, mené par un Droopy barbu à la voix parfois nazillarde mais toujours expressive et émouvante de Daffy Duck. Le club des cinq s’empare de la scène avec gourmandise, on les sent complices au delà de l’amitié ou de la fratrie, le violoncelle et la batterie sont au premier plan et tout cela se finira dans le public. Jil is lucky séduit par la variété des sonorités et des ambiances, tantôt le violoncelle mis en avant, tantôt la guitare acoustique, puis électrique et la catharsis émotionnelle de chansons qui vous prennent à bras le corps. Jil a aussi l’intelligence de nous faire voyager en TGV sur le tube aux coquelicots The Wanderer vite expédié pour privilégier le contact avec le public. Le groupe termine vautré au milieu de celui-ci en le faisant assoir pour que tous puissent voir Jil malgré sa ‘petite taille’ avant d’entonner un lyrique et tendre Supernova en duo avec son camarade « tchèque » au violoncelle et d’enchainer avec un Without you gracile et sensible sublimé par les choeurs de l’assistance. Hovering Machine en rappel clot le concert, le limitateur de son est dans le rouge pendant ce morceau limite progressif de plus d’un quart d’heure, Jil est ‘au tapis’ pendant que ses quatre compagnons font rugir leurs instruments : il n’y avait pas que Jil de chanceux ce mardi au Ninkasi Kao à voir les yeux brillants du public qui a eu du mal à quitter la salle.