« Je crois à la nuit » affirmait Rainer Maria Rilke. Anodine nous fait entrer dans sa Nuit Blanche aux guitares tranchantes. On gamberge, on prend la route pour noyer ses idées noires, on échange un regard et l’on croise son double. Arno Villenave vient du documentaire et l’on est saisi par la crudité frontale de cette complainte, ce miroir tendu qui nous renvoie à nos propres angoisses de solitude.
Nuit Blanche est extrait du prochain EP d’Anodine réalisé par Benoît Pithon (Le SuperHomard, Mâle, Send me love letters).
Anodine sera en concert le Samedi 25 mars au Cargo à Arles, le Samedi 1er avril au Pub de l’Europe à Istres et le Samedi 6 mai à la MJC Allain Leprest à Venelles.
Anodine – Nuit Blanche
je passe parfois des
nuits noires
sucre dans un café
l’ombre me ronge et me pénètre et me dissous
elle me laisse sans dessus
dessousdes airs funestes parsèment l’espace de mes nuits blêmes
l’amer me saigne de ses coups bas
et je me vide et me livide
et ces morsures soufflent l’effroi
sur le sang chaud de mes blessuresdes chrysanthèmes parfument
les veillées funèbres
quand soudain la vie sonne le glas
est-ce l’odeur de la fin ou peut-être celle des fleurs
qui me donne la nausée
et m’écœureje rêve souvent de nuits félines
de celles où tous les chats sont gris
de celles où tous les chats sont griffes
et je te nuit et tu me jour
et si je te suis chaque jour
qui est aveugle et qui est sourdqui est aveugle
et qui est sourd
et qui est contre et qui est pourje voudrais passer des
nuits blanches
inanimésentir doucement s’essouffler
le vent des angoisses oubliées
dans un instant d’éternité
inanimé