Le Yeah! est décidément un festival pas comme les autres. Ici, vous ne croiserez ni Clara, Juliette, Christine ou Zaho mais des groupes qui bousculeront vos certitudes en plus des pogos des festivaliers imbibés. Ce samedi l’orage grondait mais c’est sur scène que le tonnerre frappa avec en ouverture Comfort et son flow cru et salvateur entre Kae Tempest et Janis Joplin. Sean à la batterie, Nathalie à la gouaille, les radicaux de Glasgow en ont dit assez sur l’hypocrisie du monde avec le sourire radieux et le genoux en sang de cette real woman, grimpée dangereusement en équilibre sur les douves du château. Une bonne gifle pour commencer la soirée.
Changement d’ambiance avec les paysagistes bruitistes lillois de Nor Belgraad qui viennent de sortir chez Howlin’ Banana un premier album qui anime le dance floor avec un post punk aux influences new wave. Cela manque un peu de présence sur scène mais l’on sent un gros potentiel derrière la chemise à fleurs estivales et l’on remercie le groupe pour son hommage à Denis Quélard du mythique Pop’in décédé en juillet dernier. Quand ensuite débarque sur scène Jan Verstraeten, on se dit qu’il va transformer Lourmarin en Las Vegas. Les musiciens sont en costumes rose fuchsia et lui déboule cintré en bleu pétrole affublé d’oreilles de mickey et d’un maquillage à la Joker. Le set oscillera donc entre crooneries grandiloquentes et déshabillage intime planqué sous un masque de lapin accompagné d’un bestiaire d’une féerique noirceur. Le flamand distille son Violent Disco à coup de Ice Dreams, de vampire de la pleine lune et d’adieu au monde bravache. Le clown est souvent triste derrière le masque de la bonne humeur et le peps des couleurs.
Quand Meule installe son matériel, on se dit immédiatement que le trio tourangeau va moudre du gros grain. Le fly case rempli de fils colorés façon bonbons torsadés du synthé modulaire et les deux batteries face à face dans un format resserré sur le devant de la scène estourbiront la fosse. Se rajoute à ce charivari une guitare tonitruante et le grabuge est jubilatoire. On se prend littéralement un déluge sonore sans risquer les intempéries. Avec Makoto San, le changement est radical. Leur électro inventive à base de bambous asiatiques est impressionnante sur scène avec leurs instruments gigantesques et leurs masques d’escrimeurs. Après le Kung Fu Panda rose (bon ok c’était un ours) de Jan Verstraeten, les bambous apaisent avec leurs sonorités faites de codes, de rituels, de répétition conduisant à une forme de transe. Bien sûr on peut retrouver une pincée de Bonobo, de Moderat de Nicolas Jaar voir de Brian Eno mais c’est surtout 悪魔のように original.
Comfort – Real Woman
Nor Belgraad – Washed out kid
Jan Verstraeten – Cry Baby
Meule – Full Performance (Live on KEXP)
Makoto San – Kodama
Que ce soit Comfort, Nor Belgraad, Jan Verstraeten, Meule ou Makoto San, je n’en connaissais aucun !!
Merci pour ces découvertes, ça a l’air convivial et une expérience musicale unique.