Le lieu en soi (récemment photographié par Ludwig Wallendorff) pourrait être une motivation suffisante pour venir assister au concert, si Thylacine n’avait déjà ses fans conquis : la salle est comble et les spectateurs profitent du confort des fauteuils et de la beauté de l’architecture avant que le changement d’éclairage n’accompagne les premiers samples électroniques de la soirée.
Maître dans l’art du voyage, le musicien, une des têtes d’affiche du festival, qui a su imposer sur la scène électro française, son ambient-world si personnelle, nous fait monter à bord de son arche au son des instruments acoustiques qu’il performe en live dans un morceau aux tonalités orientales d’emblée planant. Une Gnossienne vient s’y agréger sous les doigts de Bravin (Bravinsan), pianiste rencontré quelques années plus tôt et qui avait alors rejoint le label Intuitive Records avec son duo Jaffna. Satie, le compositeur de ce tube minimaliste et mélancolique se trémousse d’aise dans sa tombe.
Après cette douce prise de contact, le musicien remercie Days Off d’avoir permis la concrétisation d’un rêve né durant le confinement et la composition de l’album Timeless, de jouer avec un véritable orchestre symphonique. Ce dernier, en l’occurrence l’Orchestre national d’Île-de-France s’installe sur scène et s’accorde à travers l’interprétation d’un morceau que Thylacine a composé pour « esthétiser », dit-il, ce moment particulier. Un peu plus tard, l’ami guitariste Thibaut Cauvin à l’enthousiasme communicatif, vient jouer un autre tube classique, Asturias, d’Albeniz, à qui il avait par le passé consacré un album : arrangements inédits créés pour l’occasion.
Le voyage s’est poursuivi avec le nouveau track tout nouveau tout chaud : Poly (sorti le 30 juin), dont le sample de voix féminines bulgares est à tomber, puis dans l’alternance de morceaux de différents albums, notamment le dernier en date : 9 pièces, dont plusieurs titres font la part belle au saxophone (Pleyel) et au saz (Anatolia, Bosphorus), dont joue Thylacine, mais aussi le fameux Timeless, duquel est parti le projet d’orchestration, puisque le jeune homme osait s’y inspirer assez librement de grands morceaux classiques : il y eu notamment Mozart, arrangement du Lacrimosa du musicien autrichien. Nouvel inédit, mais toujours dans la veine des classiques revisités : l’été des Quatre Saisons de Vivaldi, fut l’occasion d’applaudir le violon soliste Clément Verschave.
Discographie
ThylacineD’une manière générale, ce sont ces mises en exergue de solistes qui ont le mieux permis de se rendre compte de l’apport des musiciens classiques, le volume des sons électroniques emportant souvent tout sur son passage, d’une façon assez jouissive dans ce lieu. On entraperçoit bien que les trombones, soubassophone et timbales redoublent les basses fréquences du synthé sur War dance, mais l’entendons-nous vraiment ? Oui, dans le magnifique dernier morceau qui a révélé toute la puissance de l’orchestre. Mais peut-être le jeu de lumière, parfois subtil, d’autres fois plus étourdissant, eut-il gagné à éclairer davantage les musiciens. Et si le public s’est levé au moment du rappel, il faut bien admettre que sur certains titres au beat qui pulse, le fauteuil peut devenir frustrant.
Prochaine date dans l’agenda estival du chaman de l’électro : Les Nuits de Fourvières le 24 juillet. Les amis lyonnais nous donneront des nouvelles.