Nahui évoque la Mona Lisa mexicaine moins célèbre que Frida Kahlo. María del Carmen Mondragón Valseca, cinquième fille d’un général porfirien, connue également sous le nom de Nahui Olin était une peintre poétesse née en 1893 en avance sur son temps. Si elle avait été du notre, elle aurait été assurément #meetoo, elle qui n’a pas cédé aux sirènes d’Hollywood et qui conchiait les coucheries pour réussir. Elle s’est servie de son corps comme d’une œuvre d’art, magnifié entre autre par le photographe Edward Weston, chantre de la straight photography et fondateur de groupe f/64. Car oui, Nahui était sublime, yeux émeraudes, coupe garçonne, beauté solaire insolente, cérébrale et câline, elle était moderne et libre dans un monde étriqué et bientôt opprimé. Sa peinture intuitive plus que naive déborde de formes et de couleurs vives, « j’ai un corps si beau que je ne pourrai jamais priver l’humanité du droit d’admirer cette œuvre » proclamait-elle. Le docteur Nicolas Comment ressuscite donc cette Vénus aztèque dans une chanson qui se fait littérature, histoire de l’art, histoire d’une femme hors normes tellement actuelle, où chaque mot cache une facette de ce joyau d’indépendance et de révolte, de « Malinche lynchéenne ».
Nicolas Comment avec Brisa Roché – Nahui
Quelques traces d’ADN
Sur l’écaille d’un peigne
Découvert près de l’ex-
Couvent de la MercedUne épreuve chromogène
Aux coins cornés mais qu’ex
-clusivement cède
Une vendeuse indigèneParmi les occasions
Du marché aux voleurs
Place du Zocalo
Face au Temple MajeurSerait-ce
Tout ce qu’il reste
Du séjour terrestre
Et du corps célesteDe Nahui ?
Ce rare original
D’Optica Cérébral
Parfaitement conservé
Où peuvent s’observerSous des cheveux coiffés
À la chien et chargés
De l’électricité
De Mexico D.F.D’iconiques yeux verts
Fluos au caractère
Volcanique qu’exaltent
Les toiles du docteur AtlSerait-ce
Tout ce qu’il reste
Du séjour terrestre
Et du corps célesteDe Nahui Olin ?
Malinche lynchéenne
Aux habits abolis
Sur le verre dépoli
D’une chambre eight-by-ten inchQu’Edward Weston venu `
Des USA usa
En dix-neuf-cent-vingt-trois
Puis l’immortalisa, nue :Telle une Mona Lisa
Aztèque Llorona
Sœur siamoise de Frida
Que la Gloire ignoraEst-ce
Tout ce qui reste
Du séjour terrestre
Et du regard célesteDe Nahui Olin ?
De ce regard inouï
Tel un phare dans la nuit
Que Riviera Diego
Peignit à frescoDans le grand escalier
Du Palais national
Comme une Image clef
Quasi-subliminaleDe la Libération
Féminine sous deux traits
D’Eye liner : le portrait
De la Révolution !Est-ce
Tout ce qu’il reste
Du séjour terrestre
Et du corps célesteDe Nahui Olin ?
Pour s’être offerte en cible
À la plaque sensible
Léguant son postérieur
À la postéritéDu canon Saint-Chamond
Dit « La Cucaracha »
Dont elle portait le nom
Que retenir sinonLes fatals Yeux de chat
De Carmen Mondragón
Qu’un Kodak, la dragonne
À l’oubli arracha ?Serait-ce
Tout ce qu’il reste
Du séjour terrestre
Et du regard célesteDe Nahui Olin ?
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