Avec ce Seul au Piano, il semble se dévoiler encore un peu plus, n’ayant désormais plus aucune possibilité de se réfugier derrière de quelconques artifices. Le pari lancé par le québécois est globalement réussi, notamment lorsque ses chansons les plus tonitruantes (Deux par deux rassemblés, Au bar des suicidés) révèlent des trésors de mélancolie sous l’effet de ce minimalisme soudain. On touche même au sublime avec Le lion imberbe, déjà symbole de la symbiose entre la grandiloquence et la pudeur de La forêt de mal-aimés, le meilleur album de l’artiste.
Pierre Lapointe - Pierre Lapointe Seul Au Piano
Moins convaincants hélas, les instants où Lapointe reprend dans un silence de cathédrale des morceaux qui se montraient déjà très discrets sur les albums. Le bouleversant Au 27-100 rue des partances n’hérite ainsi que d’une interprétation sans plus value, copie quasi conforme de la version album. Reste que la qualité supérieure d’écriture et d’interprétation du monsieur rend ce Seul au Piano assez incontournable, d’autant qu’il parvient à éviter sur (presque) toute la longueur du disque de dispenser ses habituels traits d’humour, à la fois hilarants et perturbants pour un public venu avant tout dans le but d’être bouleversé par la poésie végétale de ce chanteur absolument hors norme.
Pierre Lapointe – Seul au piano