Le don Gendron

Dans le Gendron, tout est bon. Mayday est le troisième album de Myriam Gendron, après Not So Deep As a Well (2014) et Ma Délire (2021). Elle est parfois accompagnée de Marisa Anderson à la guitare électrique et de Jim White à la batterie sur certains titres plus énervés ou du saxophoniste Zoh Amba pour une formidable Berceuse. Ce disque comme les précédent étonne par sa simplicité et sa proximité. On a l’impression de connaître ces chansons hors d’âge. La voix de Myriam Gendron nous perfore l’estomac, nous fait frissonner, nous emporte dans un monde que l’on pourrait croire perdu. La belle Françoise, une chanson folklorique qu’elle a réécrite pour la dédier à sa mère décédée d’un cancer nous déchire le cœur. Quand j’étais jeune et belle est une sorte de madrigal qui se clot sur un vers magistral, c’est fou l’mal qu’on peut faire quand on veut faire l’amour. Quand en 2052 sortira une nouvelle Anthology of American Folk Music, Myriam Gendron y figurera assurément.

« J’ai gagné en confiance dans l’écriture des paroles parce que j’ai changé la langue de certaines chansons de l’anglais au français », explique Myriam Gendron. « Et environ un quart du disque contient des paroles originales. Mais elles sont toujours en relation avec d’autres choses qui existent déjà. Je ne veux pas gâcher une chanson en faisant trop de recherches et en étant intellectuelle. Les gens me diront des choses après coup ou je m’y intéresserai après l’avoir enregistrée. Les mêmes histoires reviennent sans cesse à différents endroits et il y a des détails qui ne peuvent pas être une coïncidence. J’aime utiliser des archétypes et des formes de culture populaire, les transformer et les faire miennes, parler de qui je suis et de comment j’existe dans le monde d’aujourd’hui. »

Ne ratez pas Myriam Gendron en concert à l’indispensable Sonic à Lyon le vendredi 15 novembre et au Café de la Danse le dimanche 17 novembre dans le cadre du festival Les femmes s’en mêlent.

Mayday de Myriam Gendron est sorti chez Chivi Chivi.

Myriam Gendron – Quand j’étais jeune et belle

Quand j’étais jeune et belle, belle comme le jour
J’ai courtisé un homme avec tous mes atours
J’ai pas réalisé qu’il tombait en amour

Un soir il vint me voir au chevet de mon lit
Son linge était trempé, son corps était transi
Moi j’ai pas hésité, j’ai serré mon ami

Qu’est-ce que tu fais dehors, il est près de minuit
Viens dans mes bras, trésor, j’te protégerai d’la pluie
Il s’est mis contre moi jusqu’au matin joli

Au matin il me dit j’veux jamais te quitter
Sous les branches d’un chêne, faudrait se marier
C’est le printemps, la belle, et moi j’ai le cœur gai

Quand j’étais jeune et belle, belle comme le jour
J’ai brisé l’cœur d’un homme et j’m’en voudrai toujours
C’est fou l’mal qu’on peut faire quand on veut faire l’amour