The Boxer Rebellion
Il faut dire que le single « Flashing Red Lights Means Go », de leur précédent album « Union », alliait avec habilité un puissant rythme de batterie et un usage de la voix et des guitares extrêmement planant, du style de ceux qui te font décoller sans même prévenir, pour ne te laisser redescendre qu’à la toute dernière seconde. D’autre part, la chanson « Soviets », partant simplement d’une base guitare/voix était passé tranquillement en tête de mes écoutes, jour après jour, sans même que je ne m’en aperçoive. Avec leur version alternative de Semi-Automatic (disponible dans l’édition Deluxe), magnifique morceau ramenant mon chouchou le piano droit sur le devant de la scène, The Boxer Rebellion avait fini de me conquérir. En quelques semaines, ils s’étaient imposés dans mes écoutes, et je n’en finissais plus d’être charmé par la voix du sieur Nicholson.
L’histoire du groupe n’est pas des plus banales. Première formation à avoir rejoint le Top 100 Billboard britannique en quatrième position avec pour seul album une version digitale non pressée, et surtout sans label, les Boxers avaient su faire parler d’eux autant pour leur musique que pour ce qu’y avait été vu par mes chers confrères de l’époque comme un scandale : un groupe d’un tel talent, et surtout d’un tel succès, qui aujourd’hui encore n’est toujours pas signé chez une maison de disques. Vaste plaisanterie quand on observe les dernières signatures de majors dont je tairai le nom mais qui ont une tendance abyssale à se concurrencer dans le mauvais goût.
Autant dire que les ayant découvert quelques mois avant la sortie de The Cold Still, j’étais plus qu’impatient d’écouter leur nouvel album. Un peu sceptique aussi. Il est de nombreux groupes qui se perdent après un succès aussi fulgurant qu’Union.
Discographie
The Boxer RebellionThe Boxer Rebellion – Step Out Of The Car
Et pourtant, avec le premier single de The Cold Still, « Step Out Of The Car« , les Boxers annoncent directement la couleur : ils n’en ont pas terminés avec la musique. Frappe directe au ventre, le morceau contient tout ce qui peut-être attendu d’un single, et bien plus encore réussissent à me faire aimer un jeu de guitare saturé sur lequel je suis d’habitude très pointilleux.
Et puis le sublime No Harm intervient, avec son lent roulement de batterie si propre à TBR, et la voix complainte du chanteur, toujours plus belle dans les ballades. No Harm est à n’en point douter une des pistes phares de l’album. De celles qu’on retient, qu’on se repasse en boucle, qui nous accompagne. Mention spéciale à la basse qui prend un peu plus d’importance que d’habitude dans la mélodie.
Caught By The Light décharge aussi son émotion lente sur l’auditeur, avec ces quelques lentes notes répétées et répétées, montant tout en douceur vers un final d’une explosion presque lointaine, étouffée. On pourrait fermer les yeux et se laisser emporter, mais quelques pistes plus loin, c’est le géant Both Sides Are Even qui emporte soudain tout sur son passage.
La plage de cinq minutes est à mon avis la plus belle piste de l’album. Dès l’introduction, on est automatiquement posés sur la piste de décollage par cette lente couverture de violons nappés qui s’impose en douceur à nos oreilles. Et c’est l’envol. Avec (encore une fois) cette si belle utilisation de la batterie, le ton est posé : musique planante et pourtant rythmée, c’est l’effet Boxer. On ferme les yeux, et la basse percute le début du chant, faisant vibrer les premières paroles. Une longue, très longue montée nous amène, tout en vibration sur le magnifique « And both sides, are even, they are even, and alone, » que Nicholson expulse à plein poumons, dans de longues harmonies déchirantes. On est vraiment au milieu des nuages, avec cette pointe de nostalgie et de souffrance que sait distiller le chanteur dans sa voix. La redescente est longue est l’arrivée de « The Runner » presque un peu brutale. TBR est là pour nous rappeler qu’avant tout, avant leur signature et avant mes attentes, ils sont là pour faire du rock, et on accroche finalement à ce rythme de batterie qui connaît décidément la recette parfaite pour convaincre.
Le dernier morceau, « Doubt » se veut démonstration vocale du chanteur sur fond de guitare folk. Il déçoit presque tant la batterie et les instrumentalisations recherchées ont leur place dans la structure musicale du groupe. Encore marqué par Both Sides, on regrette presque qu’une telle chanson n’ait pas été placée antérieurement dans la playlist, tant le final emporté vaut le déplacement.
Petite surprise, dans le ton syncopé des paroles, le bonus track « Losing You » s’impose par contre tout à fait comme une des chansons que l’on retiendra de l’album. Encore une fois, les quatre musiciens arrivent à conclure (exercice difficile) sur un vrai morceau de rock sans concessions, guitares au maximum, batterie toujours au top, et bien sur accompagné de ce petit plus qu’est la voix du chanteur, véritable moteur de l’unicité The Boxer Rebellion.
Au final, on se souviendra de cinq véritables coups de coeur tout au long de l’album. La crainte véritable que j’avais eu à la première écoute de ne pas retrouver de morceau à la hauteur du grand « Flashing Red Lights« , a été pulvérisée par ce splendide morceau qu’est « Both Sides Are Even« , véritable démonstration du talent du groupe : la mélancolie des voix mêlée à une surprésence de la batterie et à l’envol des guitares ne nous laissent revenir au sol qu’armé d’une seule certitude. Il y a des groupes qu’on n’oubliera pas : The Boxer Rebellion en fait désormais partie.
Oui, alors quand je disais tout à l’heure que je n’écouterais plus d’albums d’ici le mois prochain, c’était à l’exclusion des écoutes sur Deezer, bien entendu ;-)
Superbes mélodies, superbe pochette, superbe chronique !
Avec « Step Out Of The Car » qui s’impose déjà comme un tube incontournable de cette année 2011… et rien que pour écouter « Losing You », l’achat du disque vaut son pesant d’or ! C’est pas stupide d’avoir réservé un bonus track, non accessible en écoute « intégrale » : du coup, les 15 € que j’aurai économisés ce soir, en remplaçant ma sortie au Nouveau Casino par le concert des Kills, dans un instant sur le HibOO (enfin… en premier lieu, pour cause d’overbooking et de nécessité d’une mise à jour, avant ma résidence exceptionnelle prévue demain ;-)) je compte bien les réinvestir dans « The Cold Still » ! Du coup, bien qu’ayant découvert ce premier single dès la fin janvier, sur le site d’Éphélide je crois, que puis-je te dire d’autre que merci pour cette belle mise en lumière, cher ami au pseudonyme automnal… qui s’accorde poétiquement, pour le coup, avec ce sobre et brillant artwork ?