Dempster Highway
Il y a des disques qui vous étreignent, qui vous enlacent, vous caressent. C’est le cas de We Sail de Dempster Highway, une collection de 6 titres impeccables avec rien à jeter comme dans un bon jambon d’Auvergne où même le gras est goûtu. Même si ce n’est pas sa toute première fois puisqu’un précédent EP autoproduit, Running In Circles avait déjà mis la puce à l’oreille, c’est ici comme une naissance, l’éclosion d’un talent à suivre de très près. Point de surproduction, au contraire on a l’impression que l’on joue dans votre salon (saloon ?) alors que le disque a été enregistré dans la fameuse Blue House du gourou Christophe Adam (dont on attend toujours impatiemment une suite à sa discographie). Le EP s’ouvre sur Diffident Man avec une voix fragile à la Randy Newman, quelques notes de piano font danser des bijoux hypnotiques autour d’un cou séduisant et la timidité se meut en frénésie. Lost nations scrute les paradis perdus dans un blues poisseux, Long time gone quémande le pardon dans un slow langoureux et crade « the highway was callin’, forgive me pal, if I was long time gone », l’appel de la route est trop fort. Sail fait voyager mais on emprunte les sentiers de traverse, le chant se fait vocifération de Sioux dans un pow wow libérateur avec un titre que l’on a hate de voir jouer en live. All we have est une ballade au coin du feu qui apaise, on entend le feu crépiter et s’entrechoquer les Molson. Le disque se clôt par Dear, everest de cet EP enregistré en une prise miraculeuse touchée par la grâce, des arpèges, des choeurs à la Elvis Perkins, de la simplicité, de l’ingénuité mêlée à de la gravité, le rappel parfait pour une communion, pardon, un concert.
Dempster Highway - We sail