Après une édition 2011 très critiquée et l’annulation de l’édition UK, le Sonisphère France remet le couvert à Amneville. L’équipe organisatrice a pris bonne note des remarques plus ou moins amicales formulées à son encontre et promettait une édition à la hauteur. Sauf que ça commence mal. De trois jours de festival en extérieur, le festival passe à deux jours en intérieur. C’est le Galaxie, salle de 12 000 places qui accueillera l’évènement. L’affiche se réduit comme peau de chagrin. Exit Queen et Kiss. Et les changements d’affiche ne s’arrêteront pas là. Vendredi soir, quelques heures avant le coup d’envoi du Sonisphere, c’est Evanescence qui annule. Et le cauchemar n’en est qu’à ses prémisses.

Jour 1

» Les photos du 7 juillet 2012.

Tous les hôtels de la région sont pleins à craquer de festivaliers de 7 à 77 ans, sans que ce soit une façon de parler. Plus une chambre de libre à proximité du site. Il faudra donc planter sa tente au Camping de la forêt. Qui malgré ce que dit le site du Sonisphère n’est pas à 5 minutes de la gare d’Hagondange mais bien à une heure de marche, sans affichage, panneau directionnel d’aucune sorte… Mieux vaut être équipé en GPS. Échaudées par la mauvaise expérience 2011, les mauvaises langues affolaient déjà les foules sur internet : douches et points d’eaux payants, impossibilité de rentrer avec de l’eau et autres réjouissances. En lieu et place, buvettes et stands de nourriture, zéro fouille à l’entrée, des bénévoles ultra accueillants, des sanitaires avec eau chaude en libre service… Une joyeuse ambiance de colo, ou les néophytes qui n’ont pas leur bac camping option tente côtoient ceux qui viennent avec leur tente trois pièces et leur glacière de compétition. Calme et bon enfant, « Apero » est le cri de ralliement à tout heure du jour ou de la nuit. On est assez loin de l’image démoniaque décérébré tendance cour des miracles du metalleux que certains nous vendent et qui poussera un groupe de catholiques du dimanche à venir aux abords du site, prier pour le salut de nos âmes. Merci à eux.

Black Stone Cherry

La salle est encore timide et le public épars, mais déjà acquis à la cause du groupe américain, très porté Heavy métal tendance sudiste. La foule aux tatouages plus abondant que la moyenne se presse près des tentes de marchandising. Personne ne repartira sans son t shirt, sa bague armure ou son calice tête de mort.

Machine Head

Là, la salle se remplit généreusement, les t-shirts Machine Head sont en avantage numérique dans le Galaxie. Le groupe est une véritable machine de guerre. Le son, un peu trop saturé n’empêchera ni mosh pit ni slam ni headbangs.

Combichrist

La formation propose un son indus et dansant. Le chanteur pourrait être le fils naturel de Trent Reznor et Marilyn Manson. Inutile de résister, la formation qui donnait récemment un concert parisien parle directement aux pieds. La découverte de cette édition.

Marilyn Manson

Le pape du grotesque a pris de l’âge et offre un set décevant. La voix et le charisme sont d’époque, alors un peu ternis avec les années. Mais Manson reste un maitre de la mise en scène iconoclaste et entendre en live Sweet Dreams et The Dope Show, ça n’a pas de prix.

Meshuggah

De l’avis général, Meshuggah a bluffé par sa technicité. Une claque sonore qui aura convaincu même les réfractaires aux productions studios du groupe. Même Patton et Gould (Faith No More), sur le pit pendant le show, sont d’accord.

Faith No More

Faith No More n’était pas revenu en France depuis son comeback à Rock en Seine en 2010. Les roadies mettent un temps infini à installer la scène toute recouverte de blanc et de fleurs. Une version kitch de la reine des glaces. La salle pleine à craquer de la fosse aux gradins s’impatiente d’avoir à attendre au son d’Animal Collective. Enfin le groupe entre sur scène, suivi d’un Mike Patton claudiquant en borsalino. Le bougre a le sens de l’humour. Il ne faudra pas attendre longtemps pour qu’il gambade, se courbe, se déplie… C’est peu de dire que le groupe se bonifie avec le temps. La prestation frôle la perfection, la maitrise vocale de Patton est sans faille et son charisme intact. Une leçon de bout en bout. Si Faith No more est le projet le plus abordable de Patton, il n’en est pas moins complexe, exigeant et insaisissable. Les cinq musiciens passent maitres dans l’art de la fusion et ce n’est pas la version mutante de Midlife Crisis fusionnée à une reprise de Et moi, et moi, et moi de Dutronc qui infirmera mes dires. Plus d’une heure de concert pour la prestation qui sera de loin la meilleure de cette édition. Tantôt crooner,tantôt maitre zen, rock star, chanteur expérimental avaleur de micro, Patton est partout. Il confirme sa place d’artiste à part dans le paysage musicale de sa génération.

setlist : Woodpecker From Mars, Delilah (tom Jones), Land Of Sunshine, Caffeine, Evidence, Digging The Grave, Last Cup Of Sorrow, Interlude Méditation Zen, Spirit, Epic, Midlife Crisis / Et Moi Et Moi Et Moi (jacques Dutronc), Cuckoo For Caca, Ashes To Ashes, Just A Man

rappel : Ugly In The Morning, Easy (the Commodores), Why Do You Bother / Niggas In Paris

Jour 2

» Les photos du 8 juillet 2012.

Dimanche, alerte météorologique. Après l’hécatombe Pinklepop, les normes de sécurité sont drastiques, pas question de prendre de risques. Nous Production fait appelle à des experts et le couperet tombe. La scène extérieure est inutilisable. Dans un premier temps, on nous annonce, via un affichage discret sur les portes du Galaxie, que l’intégralité des groupes jouera sur la scène intérieure. Sauf qu’il faut se rendre à l’évidence. L’installation des scènes met un temps infini. Alors il faut revoir tout l’ordre de passage, se plier aux disponibilités de chacun, à la mauvaise volonté d’autres. Finalement, ce seront Porn Queen, Armored Saint, The Darkness, Soulfly, Wolfmother et Lacuna Coil qui se produiront sur l’unique scène du Sonisphère. La totalité des festivaliers devront s’entasser dans la salle du Galaxie dont la jauge a été diminuée pour l’occasion, la moitié des gradins rendus inaccessible pour une raison que l’on ignore. La superbe journée du samedi laisse place aux ratés du dimanche.

The Darkness

La prestation de The Darkness repose presque entièrement sur son leader, Justin Hawkins à la fois guitar hero et virtuose vocale, version blonde et bouffonne de Freddie Mercury. Le groupe des frères Hawkins oscille entre glam et heavy rock à tendance exubérante à la limite de la caricature pour un set bien mené, énergique dans la plus pure tradition d’un rock 70/80

Soulfly

Amnéville, c’est la seule date de Soulfly en France. Il ne fallait pas la rater. Le leader de la formation americano-brésilienne, ex chanteur de Sepultura, Max Cavalera, tient la scène avec un charisme grunt et chaleureux. Les sonorités à mi chemin entre hard core et neo métal teintées de sonorité latino feront saigner le mosh pitt. Rejoint par les enfants Cavalera, Zyon et Igor jr, en fin de prestation, Soulfly offre au Sonisphere une prestation puissante qui aura ravi le plus grand nombre.

Wolfmother

Il y a quelques années, Patton déclarait : « Wolfmother you suck », le lendemain de la prestation de Faith No More, c’est donc à ce même groupe de suckers que revient la primeur de monter sur la scène du Galaxie. Une voix entre Axl Rose et Cedric Bixler Zavala (The Mars Volta) presque autant de guitare que de chansons, un percussionniste harmoniciste survitaminé… Wolfmother navigue entre blues, heavy métal, psyché rock et n’en déplaise à ce cher Mike, offre une prestation de qualité.

Lacuna Coil

En lieu et place de Lost Prophetes c’est Lacuna Coil qui clôt cette édition du Sonisphère. Show ultra réglé, mise en scène au carré, des explications de textes entre les morceaux, un jeu de lumière grandiloquent. Des rouages très apparents encore gâchés par un son saturé, la voix féminine écrasée derrière la batterie… Pendant le show j’ai pensé : « Lacuna Coil, c’est les Black Eyed Peas du métal ». Pour faire avaler la pilule, le Sonisphère aurait mérité une autre clôture.

Le sort s’acharne contre le Sonisphère français, mais finalement la scène extérieure tant critiquée est ce qui a sauvé l’édition 2012. Malgré les déceptions des annulations, les festivaliers étaient globalement plus satisfaits de l’organisation de cette année. Dans sa tentative de sauver le festival de l’hécatombe, les organisateurs ont été très aidés par les membres du Galaxie. Quoi qu’il en soit, l’édition 2013 n’est pas remise en question. Même avec les pertes que l’édition 2012 supposera. Un système de compensation sera mis en place. Les modalités discutées en début de semaine seront communiquées jeudi sur le site du festival. Remboursement ou remise sur l’édition 2013, les pronostics vont bon train, en même temps que les paris sur les affiches à venir. On murmure AC/DC, Iron Maiden pour la prochaine, Metallica pour la session 2014. Faites vos jeux. Le festival que l’ont mesure sans arrêt au HellFest risque de vivre une année 2013 décisive.

» Les photos de Sonisphere 2012.

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