No Escape nous ramène au groupe que l’on connait et donne le ton de l’album, semblable à celui de l’album précédent. Le monde autrefois décrit comme apocalyptique l’est toujours autant ; pas de sursaut d’optimisme en vue pour le duo britannique. Leur mélancolie reste toujours mélodieusement tragique ; ainsi, Nature Regulate (à l’aide de son piano), A Thousand Followers ou encore Mule – particulièrement lunaire – nous permettront d’être spectateur d’un monde transformé par un Homme lui-même métamorphosé sur une bande originale apaisante.
Saver Destroyer est la nouvelle Off ; plus rythmée et sèche, elle porte un titre énigmatique et contradictoire mais qui pourtant traduit bien la musique du groupe. Et alors que Missing Sun arrive jusqu’à sonner étonnamment comme un bon vieux U2, le groupe ne se retient pas d’innover dans ce nouvel opus.
Ainsi, Sorrow surprend : son introduction quasi-orchestrale et dramatique (peut-être influencée par la tournée récente d’Archive avec un orchestre symphonique ?) contraste avec une suite plus paisible où les gammes aiguës d’un piano, dans un premier temps, rendent justice à la voix de Dave Pen avant de la laisser se perdre dans un flux de sons plus fluides. Quant à The Safety In Numbers Is Now Zero, c’est son puissant falsetto qui intercepte. Hormis le fait que c’est la première fois que l’on entend Jonsi (Sigur Ros) prendre possession du corps de Dave Pen, c’est également par sa présence dans les couplets au détriment des refrains qui est déroutante. Il s’agit pourtant d’un double risque payant : cette petite dernière ferme la danse en apothéose, autant musicalement que lyriquement.
BirdPen – Nature Regulate
Cet album est lui aussi un petit bijou poétiquement dantesque, peut-être plus effrayant que son prédécesseur car nous mettant face à des réalités concrètes. Avant tout, Global Lows est à sa manière contestataire, nous invitant à repenser nos choix et nos actes, à vaincre nos peurs, se protéger du mensonge et surtout à ne plus s’enfermer dans des modes de pensées et des habitudes qui ne fonctionnent pas ou plus. C’est un système entier qui doit être remis en question, car comme ils le disent « there’s no escape, nowhere to go » : c’est ce monde qui doit être sauvé. Car les erreurs humaines sont toujours les mêmes (Only The Names Change), il faut trouver la force de se retourner avant d’avancer. Global Lows innove tout en restant fidèle à l’univers de ses auteurs ; puissamment sombre et intelligente, cette dépression planétaire est un magnifique dernier appel au secours. Enfin, « dernier », on ne l’espère pas.
Discographie
Birdpen