Moins folky-famous que ses compères Patrick Watson, Bon Iver ou encore Ben Howard, Richard fait pourtant un sacré boulot, complet, bucolique et discret.
Dans son adolescence, il organise des soirées musico-acoustiques dans les bars de sa ville, et apprend plusieurs instruments. Au chant et à la guitare, il s’éclate avec les Polysoul, Theremin ou encore les Missing Pieces, sort quelques EP solo, se fait acheter un titre (le très beau « All at sea ») pour la soundtrack des Expert à Miami puis signe enfin son premier album chez Kartel, en 2008.
Fraichement débarqué à Paris avec sa compagne et ses valises pleines d’envies, il réunit tous ses grands copains musicos dans une colloc’ trop nice, et des nombreuses jam session ambiance mélancolique-nevrosée en sortira un nouvel opus très calme et intimiste fin septembre 2009 qu’il intitule The Animal.
Discographie
Richard WaltersPuis deux ans plus tard, Walters se réveille. Il a la rage. Il nous pond un autre album, Pacing, très pop/rock, avec une énergie explosive mais de bonne augure qui lui sort d’on ne sait pas trop d’où. Ca marche de mieux en mieux pour notre gentil artiste bigleux au front dégarni. Même s’il se fait discret comme une souris sur la toile, on sait qu’il a rendu les clés de l’appart’ et qu’il s’est mis du vent sous les semelles en parcourant ça et là les chemins de bohème et en y puisant l’inspiration nécessaire pour nourrir ses prochains textes et mélodies romantiques.
https://www.youtube.com/watch?v=6XhW77ltIIQ
Aujourd’hui, avec Regretless, Walters est de retour, même douceur et même fausset languissant, mais plus sûr de lui. Ici, la mélancolie a laissé place à la nostalgie. Walters est heureux, il n’a plus peur de rien. Il ne regrette rien.
Avec des titres qui rappellent ni plus ni moins des ballades en forêt, Blossom, Redwoods, Snowdrifts, le « king of sleaves » a enveloppé ses poèmes du silence et de la beauté de ses errances hivernales… A l’inverse de Chris Bathgate, dont la voix se fait discrète, Walters sublime ses paroles. Sa voix inonde toute l’atmosphère en éclatant parfois en cascades multiples de tonalités qui nous emmènent loin, loin, sur des paysages oniriques. Derrière, les violons pleurent avec le sourire, le piano s’affirme gaiement et la batterie amène parfois un groove allègre et dynamique qui rappelle le blues jazzy de Paolo Nutini – Blossom.
Walter a une voix tellement éthéré qu’il en ferait pâlir le cristal. Lorsqu’il chante, seul, juste avec un fond de piano et quelques violons pour adoucir, on dirait qu’il soupire de soulagement. Que ça lui fait du bien de chanter ses peines, ses désillusions, ses souvenirs manqués…
Dans Tomorrow begins, on retrouve cet espèce de gigantesque croisée des mondes de Sufjan Stevens, lorsque tout monte en puissance dans l’explosion instrumentale.
Finalement, l’album est bien dosé. Un début dynamique et mélodieux, presque nerveux mais qui met dans le jus, suivi de ballades de plus en plus calmes, pour finir enfin sur des solos presque trop lentement épurés.
Qu’on ne se le cache pas. Après tout, Walters est un chanteur heartbroken. On ne change pas les gens, ni ce qu’il ont en dedans.