Cette année, l’évènement musical de ce printemps devait concurrencer la demi finale volcanique du championnat de France de Rugby entre l’équipe locale, l’ASM qui court depuis 9 finales après le fameux bouclier de Brennus et Toulouse. Cette échéance sportive régionale capitale a finalement donné des couleurs bleu et or aux allées ensoleillées du festival concentré sur trois lieux, avec l’incontournable Coopérative de Mai et non loin, deux somptueux chapiteaux Magic Mirrors en bois.
EuropaVox proposait cette année encore une programmation bigarrée mêlant l’ultra grand public et commercial (Olivia Ruiz, Sliimy ou Charlie Winston) à des artistes plus exigeants (Soap & Skin, Get Well Soon, le collectif Kutü ou Loney Dear).
La République Tchèque était à l’honneur en tant que présidente en exercice de l’Union Européenne avec 4 groupes allant du Rock à l’Electro avec Airfare ou Cartonnage.
Car EuropaVox est avant tout un melting pot musical qui voit se mélanger des groupes de 16 nationalités différentes. Cette vocation européenne va se renforcer dès l’année prochaine puisque le festival mené de main de maître par François Missonnier est le premier lauréat musique actuelle dEuroglobe, bourse attribuée par l’Union Européenne pour promouvoir la diversité musicale européenne, pour faire circuler davantage d’artistes, toucher plus de public, tout en valorisant l’Auvergne, nouvelle terre promise de la scène musicale hexagonale.
Ainsi, EuropaVox prendra ses quartiers à Stockholm dès le mois de novembre prochain, puis invitera l’Espagne à Clermont-Ferrand en mai 2010 et enfin s’exportera à Bruxelles en novembre 2010.
C’est bien ce qui fait le charme et l’ambiance de ce festival où l’on entend parler une pluralité de langues quand on déambule, sa pinte à la main, d’un chapiteau à un autre dans les allées verdoyantes, la musique étant le nouvel Esperanto.
C’est donc la femme chocolat métamorphosée par la grâce du million de copies vendu de son précédent opus en Miss Météores qui a ouvert le bal le jeudi 27 mai, sans surprises. Tantôt Castafiore se pavanant devant une psyché géante de conte de fée, tantôt petit rossignol suspendu à sa balancelle dans les cintres d’une Coopérative de Mai archi comble et acquise, Olivia Ruiz assume sans complexes son rang de Dionysos au féminin. Celle qu’il ne faut pas appeler « Madam' » virevolte, bondit, harangue, cajole, câline mais ne panique pas. Elle communie et communique avec son public en partageant ses crêpes aux champignons, en crachant sur le diable ou encore en faisant reprendre en chœur son hymne chocolatier anti régime d’avant l’été. C’est carré et efficace, avec des musiciens qui assurent, notamment le tromboniste sous caféine mais cela manque un peu d’émotion.
Le lendemain, EuropaVox proposait une soirée gratuite avec le terrifiant Sliimy qui est à Mika ce que l’Auvergnat Cola est au Coca Cola, un succès (damné ?), un ersatz pas désagréable au goût à la première gorgée mais qui devient vite écœurant si l’on en abuse. Il fallait plutôt ce soir là s’intoxiquer avec les Tchèques de Toxique qui ont mis le feu au Magic Mirror avec leur soul funk pop-corn sortie du micro onde accompagnée de Becherovka ou de Slivovice bien frappées. Plus tôt dans la soirée, la fanfare allemande 17 Hippies (mais souvent avec plus de 30 participants) avait célébré le cosmopolitisme berlinois dans un invraisemblable patchwork musical mêlant musique yiddish façon Rabbi Jacob, bastringue de baloche, ou conjutos mexicains. C’était joyeusement bordélique et jubilatoire, un remède anti crise qui a illuminé les yeux et les sourires de l’auditoire.