Casiokids
Vendredi 29 mai, le groupe se produisait au Showcase pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Du moment où ils ont commencé à installer leurs joujoux, attirant les curieux comme des moustiques vers la lumière, jusqu’à celui où ils ont quitté la scène, ces ovnis venus du froid ont balancé une sauce bien relevée qui a déchaîné le public. Le lendemain nous les avons retrouvés sous le pont Alexandre III pour en savoir un peu plus sur cette belle bande de gamins excités.
Les Casio Kids n’étaient pas au complet, leur batteur, Joachim, avait disparu. L’ inquiétude des autres était visible. Même Omar, qui 24 h sur 24 arbore le large sourire de celui qui a gobé un cintre, n’était pas à la fête. Pour se remonter le moral ils sont allé chercher quelques bricoles à picorer. Mais pas n’importe lesquelles : vin rosé, yaourts, cerises, framboises, et même Contrex ! Lorsqu’on leur a demandé s’ils connaissaient les vertus amaigrissantes de ce beuvrage, ils se sont accrochés à leur jean slim craignant de les perdre et ont avoué qu’ils avaient choisi cette eau parce qu’ils trouvaient la bouteille sympa.
En partageant leur pique-nique, car ils l’avaient si gentiment proposé, nous leur avons posé quelques questions.
Où est Joachim ?
Nous n’en avons pas la moindre idée. Nous sommes restés un peu après le concert. Il a dû prendre une cuite, décidé de faire une petite sieste de 5 minutes et s’endormir quelque part. C’est bien son genre…
Comment les Casiokids se sont-ils rencontrés ? Dans une cour de récré ?
Non, A Bergen en Norvège. C’est une petite ville, mais c’est aussi un très bon endroit pour commencer à jouer car il est facile d’y rencontrer du monde. Et tout le monde se mélange, les hip-hoppeurs traînent avec les indie-rockeurs, un vrai melting pot !
Comment avez-vous commencé à jouer ?
Nous avons appris seuls, sauf Omar qui a pris des cours de piano et est ensuite passé à la guitare parce que c’était plus cool. Au début, nous n’avions pas beaucoup d’instruments, juste un petit synthé Casio que nous avons gardé. Une vraie pièce de musée, il pourrait être à Beaubourg ! Nous échangeons les instruments et ça donne lieu à différentes interprétations des chansons puisque nous ne jouons pas tous de la même manière de tel ou tel instrument.
Mais alors, qui est le chef ?
Personne ! Nous sommes une vraie démocratie ou une anarchie plutôt. Un peu les deux, comme en Norvège.
Comment travaillez-vous ?
Un peu à l’arrache ! Nous avons notre propre studio à Bergen. Là-bas, c’est comme si tout était permis. Nous essayons des choses même si nous ne sommes pas tous là. On commence par le beat et on fait des jam sessions pendant des heures, puis on se sample plusieurs fois. Nous ajoutons les voix en dernier. Parfois on met 4 heures à écrire une chanson, parfois des mois.
D’où vient votre goût pour l’Afrique ?
L’Afrique c’est là d’où les humains viennent. Nous aimons les rythmes, les voix, les mélodies, les bandes du Ghana et du Mali. Fela Kuti et Amadou et Mariam nous influencent. La musique africaine est tellement pleine de vie. Il y a plein de gens dans une pièce et ça part dans tous les sens. C’est notre façon de travailler aussi.
Etes-vous influencés par les jeux vidéos ?
Non, pas tellement. Nous sommes plus influencés par l’électro française que par le 8-bit. Nous aimons Justice, Daft Punk, Air…
Quelles seront vos prochaines sorties disques ?
On ressort un single en juillet et 2-3 autres d’ici la fin de l’année. Mais, l’album devrait sortir l’année prochaine, au printemps. On ne veut pas se presser car il faut que les chansons aillent bien ensemble. On les sort une à une pour voir la réaction du public. On aime bien tester nos chansons sur les enfants aussi car leurs réactions sont spontanées. En Norvège, nous avons fait une tournée dans des jardins d’enfants, certains adoraient, d’autres pleuraient !
Lors de vos concerts, il y a souvent un théâtre d’ombres en digital qui accompagne la musique, avez-vous envie de lancer d’autres projets d’ordre visuel ?
Pas vraiment, mais nous aimerions beaucoup composer la bande originale d’un film. D’ailleurs, un film norvégien qui sort à l’automne utilise l’une de nos musiques.
Pour ceux qui se faisaient du souci, Joachim est finalement réapparu. Ses amis avaient vu juste. Il avait un petit coup dans le nez et s’était assoupi dans le Showcase. Il s’est réveillé dans la boîte dans laquelle il est resté enfermé jusqu’à ce qu’une femme de ménage lui ouvre ! « Heureusement, j’avais un bouquin », a déclaré le batteur !