Ce retour était plein de gourmandise dans les yeux du lyonnais incontournable. Et il y avait de quoi car ce nouvel album (désormais accompagné de 8 titres live dans sa nouvelle version) marquait le retour à une électro racée et à des textes âpres qui rappellent la claque de 2002. Et sur scène, ce disque lumineusement sombre prend du coffre avec trois excellents musiciens, les textes vous uppercutent pendant que le son vous transperce.
Mais Philippe Prohom possède ce truc qui emporte le public dans son univers, une proximité devenue rare tant c’est la mode pour les groupes de faire la gueule. Vous l’aurez compris, aller écouter Prohom sur scène est le gage d’une bonne soirée et cela tombe plutôt bien puisqu’il sera en concert à Le Marché Gare le Vendredi 6 juin avec Bye Bye Dubaï.
Discographie
ProhomEt si vous en voulez encore, vous pouvez faire jouer Prohom dans votre ville en vous inscrivant sur son site.
Prohom
Tu aides ou a aidé une quantité incroyable d’artistes pour leur passage à la scène, qu’est ce que cela t’apporte pour tes propres concerts ? arrives-tu à prendre du recul par rapport à toi même ?
En fait cela m’a forcé à une certaine exigence. Je n’étais pas sûr de tourner sur cet album, pour plein de raisons, mais une fois que j’ai décidé que j’allais monter une équipe, j’ai tout de suite su que j’allais devoir me préparer pour arriver sur scène en étant sûr de ce que je voulais véhiculer. Laisser ce qu’il faut de place à l’improvisation et au lâcher prise pour que cela soit toujours vivant et différent d’un concert à l’autre, mais être sûr de mes intentions et de ce que je voulais véhiculer sur chaque chanson. En cela on a veillé à prendre le temps pour être sûr des choses. Le travail d’intervenant scénique et le travail d’artiste ou d’interprète sont tellement différents que la prise de recul est naturelle et automatique. Quand je travaille avec un groupe je suis juste un « public professionnel », qui pourra éventuellement comprendre pourquoi telle chose fonctionne ou pas et éventuellement trouver la clé pour que cela fonctionne et que le groupe fasse passer ce qu’il a envie de faire passer. Quand je chante, c’est moi qui transmet, c’est moi qui ballade les gens, donc les deux postures n’ont absolument rien à voir.
Peux-tu expliquer la relation qui te lie au Marché Gare ?
J’aime bien les gens qui font cette salle, j’aime bien comment elle s’est imposée sur Lyon et je trouve la programmation riche et variée. Donc j’y ai vécu de beaux moments en tant que spectateur. J’y ai joué plusieurs fois et à chaque fois il s’est passé quelque chose de spécial. La première fois une panne d’ordi m’a conduit à 25 minutes d’impro totale, à l’issue de laquelle l’idée de créer un one man show a sérieusement germé dans mon esprit. j’y avais aussi fait un jolie soirée sous forme de carte blanche, avec pleins d’invités ; un souvenir très fort et très riche en belles émotions. Donc voilà, je suis ravi d’y retourner !
Quel titre prends_tu le plus de plaisir à jouer sur scène ?
Ha ha ! Quelle question ! Je crois que cela change tous les soirs. Chaque concert est un nouveau concert alors si tu veux je te dirai lequel j’ai préféré chanter, mais après la date !
Prohom – Dis toi @ Le Périscope
Si tu avais le choix pour un duo inédit ?
La question s’est posée plein de fois et je n’arrive pas à y répondre. Dans l’absolu j’ai envie de travailler avec tout le monde, mais je n’ai pas vraiment de préférence ou de désir précis. Donc j’attends que le vent me pousse vers quelqu’un et je tâche d’écouter et de suivre ce vent. C’est comme cela que le duo avec Carmen Maria Vega s’est fait sur l’album et c’est comme cela que je m’apprête à chanter avec Denis Rivet sur son prochain album.
Quand on est auditeur de tes concerts, on ressent une proximité qui est rare et très agréable avec le public, est-ce important pour toi ? Comment le travailles-tu ou l’envisages-tu ?
C’est fondamental. La musique passe après. Je suis conscient que les gens viennent écouter des textes sur de la musique mais c’est le moment de vie qui m’importe, pas la performance.
Donc je travaille dans ce sens quand je choisis les titres que l’on va chanter et dans notre manière de l’aborder, moi en tant qu’interprète et mes comparses en tant que musiciens. S’adresser aux gens, les emmener quelque part, faire de ce moment un moment unique, pour nous sur scène comme pour ceux qui sont dans le public, vivre quelque chose ensemble, c’est ça ma priorité. Alors tant mieux si cela se ressent.
Le concert au Marché Gare est accompagné d’une exposition d’Emilie Teillaud, peux-tu nous dire ce qui te touche chez elle ?
Je prépare un livre avec elle qui sortira en novembre, un truc concept avec des phrases et des dessins. J’ai tout de suite adoré sa façon de réagir à mes petites phrases, complètement dans l’émotionnel ; c’était ça que je lui avais demandé, mais sa façon d’illustrer, de prolonger l’idée ou d’y réagir à l’inverse de ce que j’avais pensé m’a énormément séduit. J’aime aussi beaucoup la personne qu’elle est, l’accroche fut forte et immédiate. C’est comme le vent dont je parlais plus tôt, il faut savoir l’entendre et le suivre. Avec Emilie tout a été très évident tout de suite, il aurait fallu être sourd, aveugle et insensible pour ne pas suivre cette évidence.
Prohom - Un monde pour soi
Te fais-tu encore des cheveux avant d’entrer en scène ?
Je fais en sorte de préserver ce qu’il me reste ! Je me répète ce que je répète aux groupes avec lesquels je travaille : je suis là pour jouer, pour donner et prendre du plaisir, sur scène rien n’est grave etc. Et je me débrouille pour bosser suffisamment et arriver à peu près prêt le jour J. Mais il n’y a pas de recette, la scène, ça fait flipper, et je n’échappe à la règle.
Tes prochaines actualités ?
J’espère bien me remettre dans une dynamique de création, cela me manque énormément, donc cela va être ma priorité. Je vais aussi bien préparer la sortie de « Depuis toi », le livre avec Emilie. J’ai quelques commandes d’écriture à honorer pour un projet Lyonnais (je suis à la bourre), de composition pour un auteur stephanois et une interprète américaine (je suis encore plus à la bourre). Je dois rendre un remix pour un groupe toulousain pour le début de l’été. Je vais faire un peu de réalisation studio pour Emilie Marsh, je vais lancer une petite opération de remixs pour quelques titres de l’album, toujours beaucoup d’interventions scéniques, un nouveau partenaire en tour, histoire de faire quelques dates à l’automne… Bref… Il semblerait que je ne vais pas m’ennuyer dans les prochains mois. Je crois que j’ai fait le tour !