Moodoïd
Le temps était plus qu’incertain hier au théâtre antique de Fourvière à Lyon et le public averti avait par grappes revêtu le poncho translucide réglementaire le faisant ressembler à un amas d’aliens en cocons.
On avait déjà beaucoup aimé la musique et les paillettes de Moodoïd lors de son passage au Le Marché Gare en avril dernier où cela avait été de la folie pure en fin de concert. Changement de volume au théâtre antique de Fourvière avec le mur de gens que l’on peut quasi toucher de la scène et son traditionnel jet de coussins. Pablo et ses girls avaient déjà ouvert pour Phoenix et ce fut une parfaite introduction à cette soirée joyeusement pop.
En un set resserré, le public de Phoenix a pu entrer dans le monde de Moodoïd avant de découvrir le 18 août leur premier album, le monde Möö. Les ‘douze cordes’ étaient bien sûr de sortie (3 en tout) ainsi que cette voix planante et séraphique conférant aux chansons cette teinte psyché si efficace sur Je suis la montagne ou La chanson du ciel de diamants mais sans oublier le côté dansant avec l’imparable hymne à l’amour De folie pure. Les fans ont pu par ailleurs se procurer en avant-première le vinyle Les chemins de traverse / La lune (Entreprise) à la somptueuse double pochette.
Moodoid - Les chemins de traverse / La lune
Phoenix
Quand Phoenix entre en scène, la nuit est tombée et la clameur gronde. Les arbres bruissent sous le vent et forment des ombres houleuses et inquiétantes. Mais dès les premiers accords d’Entertainment, la crainte de l’orage s’évanouit et le sourire éclaire les visages serrés devant la scène. Thomas Mars et ses acolytes sont là pour faire le show et se racheter d’une déconvenue en novembre dernier à la Halle Tony Garnier. Ils nous attrapent prestement au Lasso, la machine à tubes est lancée, et le public se déchaîne déjà dès les premiers accords sautillants de Lisztomania. Certaines harmonies quand les quatre front man chantent ensembles font évidemment penser aux Beatles. The real thing déboule et tout le monde suit, les ‘follow me’ sont scandés avec ferveur quand surgit une déjà vieillerie des années 2000, Too young qui demeure sacrément efficace. La désanchantée et spleenesque Girlfriend rompt un temps la liesse mais celle-ci reprend de plus belle avec trois titres enchaînés, le séduisant Trying To be cool, le cinglant Drakkar Noir et le langoureux Chloroform.
S’ensuit un enchaînement bien connu des fans, Bankrupt! encadré par les deux parties de Love like a sunset puis un If I Ever Feel Better ultra dance floor doublé d’un Funky Squaredance. Consolation Prizes sera le seul titre du It’s Never Been Like That de 2006, pour revenir rapidement sur le dernier album avec le lanscinant S.O.S. In Bel Air. Le public surchauffé ne veut pas faire la paix sur Armistice ou sur 1901. Un Countdown en acoustique éloigne la pluie de plus en plus menaçante mais suspend aussi l’antique théâtre aux lèvres désabusées de Thomas, We’re sick, We’re sick for the big sun, We rumble and trip. Mais Rome réveille bien vite de cette torpeur mélancolique.
Au final, un concert centré sur les deux derniers albums sans grandes surprises, très efficace, parfait pour un début d’été coloré avec un groupe qui sous ses aspérités ultra joyeuses cache un certain vague à l’âme sans aller jusqu’au taedium vitae cher à Sénèque. Le groupe a donc su se faire pardonner et avait sans doute les dieux romains avec lui, sitôt le concert fini, c’est un véritable déluge qui s’abat sur les noctambules de Fourvière s’égayant en direction de la ficelle.
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