15h30 à la grande scène, Cage The Elephant, concert acoustique sobre, exactement ce qu’on attendait d’eux. Non, je me gausse, ils ont envoyé, évidemment, du pâté de campagne de ma région les mecs de Seattle. Un Matt Shultz très en forme qui nous a ressuscité Jagger et Axl Rose pour une heure (comment ça, ils sont pas morts ?), chipant les contorsions félines de l’un et les 110 mètres haies de l’autre. Du rock, du vrai, avec un son dégueu on le concède, foudroyé par des aigus un peu braillards et une voix légèrement sous-mixée. Un beau moment, jouissif avec son lot de slam et de poupée gonflable portée bien haut comme les couleurs d’un pays disparu. Un groupe qui assure grave et qui s’en tamponne pas de son public. Un bon début.
Cage The Elephant – Shake me down
Discographies
Cage The Elephant ★ Camp Claude ★ Crystal Fighters ★ Die Antwoord ★ Jake Bugg ★ Pegase ★ Wild Beasts16h30 après être passé prendre un MARTINI histoire de, on est tombé sur Kitty Daisy And Lewis. La fratrie jouait devant une foule un peu clairsemée mais s’est produite avec élégance et bravoure (les gens étaient pour la plupart assis). Plutôt réjouissant et solide en tout cas, pas fulgurant mais bourré d’influences diverses (blues, country, ska ?…) qu’il est plaisant de reconnaître au détour de leurs chansons.
Kitty Daisy And Lewis – Going down to the country
17h30 on a croisé les Français de Pegase, enfin nous, on était dans l’herbe et eux sur scène, assez loin donc on s’est pas exactement croisé non plus… bref… Pégase c’est un peu la déception, mélodiquement c’est top, rien à dire mais il manque quelque chose, comme un supplément d’âme, ou un chanteur qui abandonne ses graves soufflés pour nous emballer un peu ; un jeu de scène aussi tout simplement. C’est pas qu’il manque beaucoup mais il manque quelque chose. Mieux à écouter qu’à voir, pas transcendants sur ce coup-là.
Pegase – Out of range
18h c’était l’heure de Camp Claude du coup on s’est arraché du stand M… et là la vie, dans toute sa splendeur nous à pris par le collet. Pour aller à la scène de l’industrie il fallait passer devant celle de la cascade et à la cascade il y avait… Wild Beasts… vous qui entrez dans cette antre des superlatifs abandonnez toute espérance, on l’avoue sans honte Wild Beasts on connaissait pas, pas du tout. Quelle claque, quelle classe ! Des sons de claviers New Orderesques ou Dêpeche Modiens alliés à l’élégance de deux chanteurs complètement différents en pleine possession de leur moyens. Enchevêtrement de voix parfaitement timbrées et d’envolées abyssales (je sais c’est antinomique). L’un des deux étant une sorte d’incroyable baryton dont le thorax est probablement une grotte datant du Mésolithique. Un concert plein d’émotions, devant une foule captivée, immobile. Difficile de s’en extirper, du coup on est allé boire un Martini. Désolé pour Camp Claude… c’eut été bien.
Camp Claude – Hurricane
Wild Beasts – Mecca
19h on s’est partagé entre Jake Bugg et Crystal Fighters. Jake Bugg c’était surtout pour prendre des nouvelles de la sinusite du chanteur. Ça allait pas beaucoup mieux et c’était toujours un blues-rock pas folichon. Les Fighters par contre tout emplumés et sautillants qu’ils étaient c’était déjà plus aguicheur. Les tubes se sont enchaînés, agréables, réjouissants, que demande le peuple ? Fatalement, un peu émoustillés par les Crystal Fighters on a re-pris un Martini.
Jake Bugg – What doesn’t kill you
Crystal Fighters – Follow
20h évidemment il y avait la grosse tête d’affiche : Blondie. Forcément on voulait voir Debbie Harris chanter Call me. Les gens aussi d’ailleurs, impossible de jouer des coudes, ça faisait très Johnny sur le champ de mars. Pourtant dès le début y’avait comme un truc pas clair… la voix de la pauvre Debbie qui restait bloquée dans l’ascenseur. Entendre Blondie à la radio c’est quelque chose, entendre Hearth of Glass en vrai, en 2014 c’est tout autre chose et d’un seul coup on se rend compte que sans leur belle Blonde ben Blondie c’est Bruni… un rock vieillissant, en témoigne une « nouvelle » chanson que Madame Harris nous annonce, débutant par une reverb/clavier/une imitation de donald duck par un oncle bourré/ on ne sait pas trop… ne tirons pas sur l’ambulance qui a perdu sa Sirène, restait le Martini pour se souvenir.
Blondie – Maria
Puis 22h. L’heure tant attendue. Le monstre à deux têtes. L’apocalypse Hipopéenne. Les Die Antwoord. L’instant de la nuit où des tas de formes indistinctes (on a vu une licorne bleue, elle se reconnaîtra) convergent vers le même point à la main une bouteille pleine de liquide trouble (et troublant). Pour ceux qui ne connaissent pas en terme de violence un concert de Die Antwoord ça se situe quelque part entre une berceuse de maman et Jurassic Park (le 2, la scène dans les hautes herbes). Le tout c’est d’avoir les bons réflexes, si votre voisine anorexique perd un bras dans le pogo… ne la touchez pas elle est peut-être contaminée. Le flow (t’as vu!) est ravageur, les instrus du Dj High Tech (masqué et torse nu dévoilant la plastique impeccable d’un entraîneur de rugby à la retraite) diaboliques. On sait exactement quand il faut sauter, quand il faut se jeter sur son voisin la bave aux lèvres, on sait, on sait tout ça et pourtant on ne peut pas s’en empêcher. Les poses théâtrales de Ninja (certaines, dans le silence nous captivent de longues secondes) sont là pour galvaniser la foule, conjuguées aux danses tribalo-suggestives et twerkisantes de Yo-landi. Die Antwoord qu’on aime ou qu’on n’aime pas c’est avant tout des bêtes de scène. Pas le temps de voir le temps passer. C’est un show, une imagerie qui se déroule. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils étaient dans la place. Respect ma gueule. Et comme dirait mon pote François, passe-moi le Martini.
Die antwoord – I fink u freeky
photos © Wallendorff