Il y a quelques années, Oasis et son label avaient réussi l’exploit de publier deux compilations (Time Flies et Stop The Clocks) sans le moindre inédit. Cette fois-ci, le vieux s’est forcé la main.
Oasis
Inutile de revenir sur les qualités intrinsèques de (What’s the Story) Morning Glory?.
Nous sommes à l’automne 1995 et Oasis s’apprête à doubler la mise avec une quinte flush royale. Quelques années plus tôt, les très distingués Suede ont ouvert la porte de la Brit pop mais ils se voient voler rapidement dans les plumes par les péquenots du Nord. Oasis est un coup de semonce qui va durer de 1994 à 1997. Et en 1995, c’est le meilleur groupe du monde.
Avec (What’s the Story) Morning Glory?, Blur peut ramasser ses dents et Pulp peut attendre encore quelques semaines avant d’entrevoir le succès et devra patienter encore quelques années avant de fermer la porte de ces quelques années de gaudriole so british.
Pour l’instant, c’est Oasis qui mène la danse. Et de quelle manière… Alan McGee, patron de Creation Records, n’en revient toujours pas : écouler plus de vingt millions d’exemplaires d’un disque lui semblait inenvisageable. Et pourtant.
Après le faux départ qu’est Roll With It, le plan marketing a fonctionné à merveille et les chansons de Noel Gallagher ont fini le boulot toutes seules.
Les effets ressentis en 1995 sont toujours les mêmes en 2014 :
Wonderwall et Some Might Say sont toujours des perfusions de speed gratos pour tous les gamins de Manchester et tous les ados du monde. Les romantiques et les doucereux mods vont toujours se réfugier dans les jupons de She’s Electric et les orphelins des Stone Roses dansent toujours un slow sur Champagne Supernova.
(What’s the Story) Morning Glory? offre à chacun son petit coin de paradis.
Et les bonus dans cette affaire ?
Le deuxième disque offre les faces B des singles tirés de cet album. Les Christophe Colomb de 2014 qui découvriront l’Amérique avec les joyaux que sont Rockin Chair ou The Masterplan et qui se feront dessus à l’écoute du monstrueux Headshrinker auront la même réaction que les fanatiques de l’Oasismania de 1995 : comment peut-on être assez con pour mettre de tels morceaux en face B ? Le privilège des grands. Liam Gallagher y chante comme jamais (la version studio de Rockin Chair est imbattable) et Noel Gallagher est impérial sur Talk Tonight.
Le tout étant remarquablement remastérisé.
Discographie
OasisOasis – Some Might Say (Demo)
Quant au troisième disque, quelques lives croisent des démos inédites. Avec toujours ce constat accablant : les chansons de Noel sont des petits modèles de syncrétisme pop mais des grands morceaux avec la voix de Liam. La démo de Some Might Say en est le parfait modèle.
Pour les lives, on repassera. Et on soufflera gentiment dans l’oreille des responsables du catalogue d’Oasis que deux trois cacahuètes comme la version live de The Masterplan à Knebworth, c’est sympathique mais diablement éculé.
Cela fait des années que les fans attendent une édition complète de certains grands concerts du groupe. Alors un morceau perdu au milieu de deux démos…
Plus inquiétant : c’était le moment parfait pour sortir de vrais inédits et ce n’est pas le cas. Les fonds de tiroir seraient-ils vides ? En même temps, faire enregistrer dix chansons à Liam Gallagher en 1995 relève de l’exploit alors on ne va pas se plaindre.
Oasis - (What's the Story) Morning Glory?