ASMD parade d’amour

A Singer Must Die au grand théatre d'Angers © Jérôme Sevrette
Je raccroche. Il vient de se passer presque une heure que je n'ai pas vue passer.


Chaleureuse, lumineuse, grave et en même temps légère ; à l’autre bout du fil, la voix de Manuel Ferrer chanteur du groupe A Singer Must Die, me donne l’impression d’une voix familière et bienfaisante, comme celle d’un véritable ami. Je n’ai pas eu la chance d’aller assister à leur concert au Théâtre d’Angers le 8 avril dernier, alors ce soir, quelque peu fébrile, je me décide à composer son numéro pour le féliciter de vive voix !
J’avais plutôt l’habitude d’écouter Manuel Ferrer en anglais, m’imaginant parfois grimper à bord de sa Black Limo. Ce soir, en VF et sans musique c’était tout aussi incroyable !
Attention, si vous ne connaissez pas encore Venus Parade de ASMD, je vous mets en garde : album aussi bien superbe que dangereux, car très addictif !

Le 8 avril dernier vous avez donné un concert au grand théatre d’Angers accompagné de l’orchestre de chambre d’Anjou, comment a germé ce projet et comment avez-vous vécu ce moment exceptionnel ?

Manuel Ferrer : L’album est très orchestré et au fur et à mesure qu’il se construisait, il y avait forcément un fantasme naturel à avoir envie de le faire exister sur scène de manière totalement organique. Dans mon premier groupe, je devais avoir 18 ans, ça me plaisait d’intégrer déjà un cor, une trompette, violon, violoncelle dans une formation rock à guitares. Là, il faut dire que lorsque le lieu nous a donné carte blanche, tout devenait possible, on s’est dit que c’était le moment. Le concert est passé aussi vite qu’un train, les vibrations étaient fortes, les émotions couraient dans tous les sens. Ce n’était pas gagné d’avance non plus, ça tient à des choses qu’on ne maîtrise pas, cette magie… Le rendu aurait très bien pu être mécanique, très appliqué, sans étincelle. Ce qui m’a le plus ému, c’est la somme des fragilités rassemblées, des instruments entre eux qui parfois étaient en équilibre sur un fil. Il y a une part de risque émotionnel plus fort sur ce genre de concerts : à tout moment, ce ne sont pas trois ni six, mais trente musiciens qui doivent trouver leur terrain de jeu idéal en un claquement de doigts. Quand ça fonctionne, je me dis alors que c’est une chance qu’on doit à l’instant présent, à toute une excitation générale stimulée autour de toi, entre l’équipe du son, les lumières, les musiciens, le public, on doit cela à des choses difficiles à expliquer. Je retiens beaucoup de ferveur dans la manière dont le concert à été reçu. Bon, ça n’en fait pas non plus une condition exclusive pour vivre des choses intenses, heureusement : des émotions aussi fortes peuvent aussi circuler avec un piano/voix. Si le moment était exceptionnel, c’est surtout parce qu’il était lié à cette générosité d’ensemble à un moment donné, entre nous, et venant du public. Un voyage commun.

Manuel Bichon : C’est une idée folle qui m’obsédait depuis longtemps, un rêve de gosse et quand l’occasion de jouer au Grand théâtre d’Angers s’est présentée, ce fut le moment de le réaliser. L’OCA a répondu avec beaucoup d’enthousiasme à notre proposition, ce fut une vraie rencontre, un moment d’une rare intensité, tant dans sa préparation que son dénouement.

ASMD © Jérôme Sevrette
ASMD © Jérôme Sevrette

J’imagine que lors de votre travail de répétition avec l’orchestre de chambre d’Anjou, vous avez du réadapter quelque peu votre set habituel, l’adapter ?

MF : On partait sur un album dont la plupart des arrangements étaient dessinés, structurés, ils donnaient déjà un socle sur lequel j’étais en confiance. Des arrangements aditionnels sont nés spécialement pour l’occasion, et pour une fois, je me suis volontairement mis un peu en retrait de ces nouveautés, par envie de ne pas toujours être acteur entre guillemets. Je voulais un peu déplacer les choses, avoir une oreille neuve, être surpris par ces émotions nouvelles dès la première répétition. Ca participe aussi de ces montées d’adrénalyne. Et c’était sensas d’éprouver ce sentiment de redécouverte.

MB : Notre album contient des titres très orchestrés, qu’il nous a fallu par la suite réadapter pour les jouer à 6. Cet évènement fut une occasion unique d’entendre en live les versions de l’album. Il m’a fallu tout de même adapter les arrangements pour l’orchestre, écrire les partitions pour une vingtaine de musiciens. Ce fut le travail le plus long, comparé aux répétitions. Nous n’avions que très peu de temps de répétition avec l’orchestre, mais les nombreux échanges que j’ai pu avoir avec Pierre-Antoine Marçais, le chef d’orchestre, ont permis que tout se passe dans les meilleures conditions. Ce fut pour moi l’occasion d’écrire deux mouvements destinés à l’orchestre seul. Le premier qui a ouvert le concert et le second en introduction à notre reprise du Perfect Day de Lou Reed. C’est toujours un moment très émouvant d’entendre sa propre musique jouée par un orchestre classique.

Vous avez réussi à concilier votre style muscial avec la musique symphonique, cette expérience peu habituelle vous a-t-elle donné l’envie de la renouveler ?

MF : Bien sûr, mais c’est si compliqué à monter qu’on ne peut pas considérer cette expérience autrement que comme une expérience parallèle à la vie du groupe, une concordance inouïe de rencontres. Pas simple de trouver les structures qui seront éventuellement partantes pour soutenir ce type de formation orchestrale. Ce qui est plutôt réjouissant, c’est que si jamais l’occasion nous en était donnée, on sait à l’avance que ça ne pourra pas identique. A Angers, le lieu était un somptueux théâtre à l’italienne du XIXe, avec ses colonnes, ses ornements, sa coupole peinte, ses résonnances antiques…ça a donné au concert une tournure particulière. Tu transposes ce même concert dans un espace très contemporain ou dans une grotte, dans un festival rock en plein air, et l’écoute, la perception ne devienent évidemment plus du tout les mêmes.

A Singer Must Die – The Fortress

MB : La symphonie n’est jamais très loin avec A Singer Must Die. Nous ne nous sommes donnés aucune limite dans la composition de l’album ; on y retrouve des cors d’harmonie, cordes, hautbois, flûtes, percussions…et le fait d’avoir tous ces instruments en live est une sensation tellement unique qu’il nous tarde de recommencer. Ce fut d’ailleurs la question de tous les musiciens après le concert, à quand la prochaine ?

Vous aviez un spécial Guest lors de ce concert pouvez-vous nous en dire un peu plus?

MF : J’ai découvert Kramies par le hasard des réseaux sociaux, vers 2007… Myspace à l’époque. Il vit au Colorado. Avec seulement une guitare, Il a une façon d’évoquer les grands espaces qui me touche beaucoup et une voix incroyable. Il suffit d’écouter Inventors ou Ireland, c’est bouleversant. Ca faisait longtemps qu’on parlait de l’envie de jouer un jour ensemble, mais ça paraissait lointain et irréalisable…et puis voilà, lorsque j’ai su que je pouvais l’inviter ici à Angers, il a aussitôt été emballé. On a une façon très proche de voir la musique, on échange beaucoup. Lorsque je lui ai proposé de reprendre en duo Perfect Day, l’idée lui a semblé… parfaite (rires). Ca collait à la joie de se voir pour la première fois, à l’amitié, à la circonstance, au moment éphémère. De retour aux Etats-Unis après ce concert, il m’a dit « On ne va pas s’arrêter là, enregistrons un duo, je vais te proposer quelque chose ». Ca ne se refuse pas. Je pensais avoir ce luxe de chanter une chanson dont il aurait tout écrit, être dans le confort d’une de ses nouvelles chansons (sourire)…pas du tout, il souhaite que j’écrive la partie de texte que je chanterai. Ca me plaît, cet échange-là, qui va faire intéragir nos mots, ça va plus loin qu’un simple envoi de wetransfer où je n’aurais eu qu’à poser ma voix. C’est une belle manière de prolonger cette rencontre, de continuer à se parler, mais cette fois par le biais de la musique.

Kramies - The Fate That Never Favored Us

Venus Parade a déjà plus d’un an, était-ce pour A Singer Must Die, l’occasion de se renouveler quelque peu ?

MF : Venus Parade est sorti il y a un peu plus de 6 mois, c’est tout jeune… Il a pu exister parce qu’il a été projeté par tout ce qui s’est passé avant. Ce besoin permanent de se renouveler, c’est pour moi un moteur. En ce qui concerne la scène, les occasions de nous produire sont extrêmement rares, ce serait vraiment prématuré dans notre cas de sentir une quelconque lassitude (sourire). Là, ce concert symphonique était une vie particulière et pour que ce soit excitant, j’essayais de profiter comme je pouvais de chaque seconde. Je pense qu’on ne peut capter le présent – et c’est ce qui maintient une chanson en vie au moment où on la joue – que si on garde en mémoire son histoire, les conditions dans lesquelles elle est née, et si cette chanson est stimulée par de nouvelles chansons en germe. Tu négliges un de ces deux aspects, et ça devient une chanson morte. Dans le premier cas, elle sera jouée de façon mécanique, dans l’autre cas elle appartiendra définitivement au passé.
J’ai vu cette expérience de concert comme une chance rare, et en même temps c’est une évolution qui marque sans doute le commencement d’autre chose.
MB : Je ne parlerais pas d’un renouvellement, mais d’un aboutissement.

Mêler le classique à votre pop flamboyante était sans doute un beau challenge pour vous, associer deux langages musicaux différents est une belle idée…

MF : Les codes utilisés en classique utilisent un langage différent, mais avec une sensibilité qui finit par rejoindre mon intention de départ. C’est à la fois stupéfiant et très émouvant d’assister à une séance de travail de direction d’orchestre. Je revois encore Pierre-Antoine Marçais en répétition dire aux cordes « Plus d’allant, plus d’allant… » sur l’introduction de The Armless Sailor. Moi, je disais à Manuel à l’étape des arrangements : « Je veux entendre au tout début trois mouvements capables d’évoquer la mer qui se retire, puis un changement de tonalité qui puisse évoquer un changement de lumière, d’arrière-plan. » On était finalement sur la même perception, dans un espace un peu abstrait où seule la musique parle. Ces barrières-là n’existent pas.

A Singer Must Die – Grand Théâtre d’Angers

A propos du langage justement, du choix de la langue, vous qui aimez tant la langue française, pourquoi avoir choisi de chanter en Anglais ?

MF : Parce que j’ai envie de chanter, justement…Ce sont des questions que l’on pose rarement aux groupes belges, d’ailleurs. Je suis passé par une phase d’écriture en français il y a quelques années, j’ai tout gardé. Je n’exclus pas le fait qu’ils ressortiront un jour, mais ce sera à retravailler : les images sont parfois trop abstraites, il n’y avait pas vraiment de mélodie de refrain, ou en tout cas ça me paraissait trop faible. J’avais l’impression de rester dans un « entre-soi », de porter un costume trop étriqué, le chant n’était pas libre. Quand je pense à cette période, ça me renvoie à quelque chose d’assez incomplet, d’inaccompli même. Je me sentais “empêché”, j’avais l’impression que ma voix ne sortait pas. J’ai un souvenir très frustrant du chant en français finalement. Si des rencontres doivent avoir lieu, je proposerai volontiers certains textes à d’autres, ils le feront bien mieux que moi.

Il y a un retour en ce moment de groupes chantant en français, de musiques à textes si je puis dire, assumez-vous toujours votre choix de l’anglais ?

Il existe aussi des musiques à textes en anglais (sourire). Les contraintes des deux langues ne sont pas les mêmes…les chanteurs francophones sont bien obligés faire gaffe à la phonétique. Ils sont nécessairement amenés à sacrifier parfois le sens, pour que les mots sonnent. L’anglais ne me donne quasiment aucune limite sur le fond puisque justement, tout sonne. Alors je peux aller au fond de ce que je veux dire, beaucoup plus facilement, l’anglais me permet d’avoir une sorte d’écran idéal pour l’exprimer très librement. Ca n’a pas grand-chose à voir avec de la pudeur, puisque j’ai toujours considéré que la musique était un truc complètement impudique. Ma « prison » est ailleurs…La langue anglaise n’autorise pas vraiment de fantaisie lexicale ou grammaticale, les images doivent être bien concrètes. J’aime ce rapport aux mots où l’on peut facilement emporter une phrase très simple avec soi, loin des exercices de style. L’anglais n’est pas la langue du détournement, c’est très direct. Je lis parfois des propos de chanteurs francophones qui ne sont plus seulement dans la défense de ce qu’ils font, mais qui se mettent dans une posture de repli presque réactionnaire. Ca me surprend d’autant plus qu’aujourd’hui, la musique française se porte à merveille, qu’il y a une vraie vitalité en France, qu’elle est loin d’être menacée, et j’en écoute beaucoup. Bref, il y aurait beaucoup à dire, en tout cas je me sens vraiment loin de ces cloisons. Assumer ce qu’on fait, oui, je ne sais pas comment on peut faire les choses autrement, ou s’affranchir serait peut-être plus juste.

Est-ce peut-être pour sublimer vos mélodies que vous avez fait ce choix, puisque la compréhension des paroles ne peut-être immédiate pour tous du fait de la langue ?

L’anglais m’ouvre des champs plus grands et plus libres, c’est certain. Cela permet de ne me priver de rien, au fond, tout peut être à portée de mains (rires). Je serais très malheureux de me dire « ok, je vais faire une chanson, mais je ne pourrai pas aller dans telle direction, pas chanter de telle manière, etc », j’aurais le sentiment d’avoir les pieds cloués au sol. Ceci dit, pour ce qui est de la compréhension des paroles, j’ai tenu à ce que le livret de l’album puisse aussi parler d’une autre manière à ceux qui l’auront entre les mains, avec du texte français, mais tout ça est arrivé de manière imprévue.

A Singer Must Die – Black Limo

En effet, le livret comporte en plus des paroles, des textes impressionnistes de Guillaume Mazel, rédacteur en chef d’A Découvrir Absolument

C’est la magie d’une rencontre qui a donné naissance aux textes en français de Guillaume Mazel. Il voulait écrire au départ une critique d’album, mais il est finalement allé beaucoup plus loin. Il a non pas traduit les paroles des chansons mais s’est inspiré librement de ce que ces chansons pouvaient lui évoquer, d’une manière extrêmement poétique. Cet échange-là est fort parce qu’il a finalement donné naissance à autre chose, je ne m’y attendais pas. Son écriture est très sensorielle. Il a un talent génial, ce qu’il a écrit n’est pas un récit illustratif. C’est-à-dire que lorsqu’on le relit, on peut y découvrir une perception encore différente de la première lecture. C’est un peu le parallèle que je fais avec le travail photographique de Jérôme Sevrette : c’est pour moi un génie de l’image. Il m’arrive de temps en temps de retourner voir ses séries de photos, ses travaux personnels en-dehors de ses collaborations : je les connais pourtant bien et à chaque fois, je suis surpris, ses photos ont bougé, les émotions ne sont plus tout à fait les mêmes, je ressens un truc nouveau. Dans un texte très court que l’on trouve dans le livret, David Jacob a aussi apporté sa contribution, j’y tenais. Ses mots sont brillants, ils ont une profondeur rare qui dit beaucoup avec très peu. Il y a quelque chose d’ultime dans cette écriture-là, parfois sous l’angle absurde, de presque britannique…le lire me fait souvent penser au mot definitely que j’aime beaucoup entendre. Je suis très fier de les avoir rencontrés tous les trois, et d’avoir pu les emporter comme ça à l’intérieur des mélodies du disque.

Votre coup de cœur musical du moment ?

Des concerts en Angleterre début mai ont été l’occasion de belles retrouvailles : j’avais presque oublié à quel point The Band Of Holy Joy était un des groupes les plus poignants que j’avais jamais vus sur scène. Ils sont mythiques, ils ont un vrai public de fidèles au Royame-Uni et en Europe. J’avais eu la chance de jouer avec eux plusieurs fois en Angleterre en 2007, les relations sont intactes. C’est magnifique de se dire que les amitiés s’inscrivent dans une continuité, donnent un sens. Ils préparent leur nouvel album. Ces concerts nous ont aussi fait découvrir Morton Valence puisqu’on a fait des plateaux communs, ça m’a littéralement scotché. Ca me donne plus qu’envie d’essayer de faire venir ces deux groupes en France.
J’ai aussi craqué sur le nouvel album de Bill Fay, je suis très impatient d’écouter Opium de Jay-Jay Johanson et le nouveau disque de Mercury Rev.

Ecoutez-vous beaucoup de musique classique par ailleurs ?

MF : C’est très sporadique, mais lorsque je découvre une nouvelle pièce de Bach en particulier, je suis toujours émerveillé par son génie. J’écoutais il n’y a pas si longtemps des pièces transposées au piano, on y entend déjà tous les courants à venir, dont le romantisme. Ce n’est pas simplement la compétence technique qui expose son savoir-faire, il y a un sens si harmonieux dans tout ça…ça reste quelque chose de très mystérieux, ces émotions-là. Je pense avoir un rapport à la musique très intuitif. Je ne suis pas du tout un spécialiste en la matière, je me sens surtout quelqu’un de très réceptif dès que des instruments se superposent, se répondent, tracent des lignes entre eux. Voilà, Bach c’est pour moi, le grand maître du contrepoint.

MB : Il m’arrive d’en écouter, par périodes, je suis vraiment touché par la période romantique, Chopin, Brahms, Shubert. Ma première rencontre avec la musique classique fut le Boléro de Ravel, j’étais tout jeune et je fut réellement marqué par toute la subtilité et l’intensité de cette musique.

Black Limo, Christmas will never be as it was (sublime) sont pour moi avec Still words, les titres incontournables de l’album, avez-vous de nombreux retours sur ces titres ?

MF : Merci pour ces compliments… De nombreux retours, c’est un bien grand mot, c’est très relatif (rires). Ce sont des titres qui sont en effet parfois cités par les gens qui nous suivent, mais j’ai plutôt le sentiment que les préférences sont très diffuses selon les auditeurs. Je pense que ces personnes se sont montrées sensibles à un album, avant tout.

A Singer Must Die – Still Worlds

Vous replongez-vous déjà dans le travail d’un nouvel album ? De nouveaux projets ?

MF : Hormis le projet de titre pour Kramies et d’autres chansons un peu en marge que j’ai envie de proposer, je vais enfin trouver le temps de me remettre à écrire, de chercher des mélodies qui déclencheront peut-être des sons, des idées d’arrangements. La mélodie me tient toujours, mais j’ai envie de textures de sons un peu sales en ce moment. Le résultat sera peut-être un désastre par rapport à ce que j’avais en tête, alors j’irai dans ce cas dans une toute autre direction. C’est surtout ce que demande la chanson qui va ordonner tout ça. J’ai pas mal de doutes au début du processus, mais je suis convaincu que ce sont les chansons qui dictent ce dont elles ont besoin au final, et là, il y a tout un tas de choses heureuses qui échappent. Ce sont toutes ces choses inattendues auxquelles je m’accroche. Je me sens juste être un aiguilleur, avec peut-être un goût pour l’aventure.

Je ne suis pas quelqu’un de très discipliné, avec des contraintes, des horaires à m’imposer pour faire des chansons. Je suis plutôt du genre à déclencher un environnement qui va me permettre – j’espère – d’absorber les choses. Je suis un réceptif. Après la date du 8 avril, j’étais vidé. Je me suis dit « bon, si je me mettais à faire une nouvelle chanson ? C’est le moment. » Je suis allé me balader à la campagne, j’ai regardé les fleurs pousser, j’ai pris mon temps. Rien n’est sorti, l’expérience a été nulle (rires). Je ne devais pas être prêt…
Il faut que je parte quelques jours, changer de cadre permet souvent de retrouver la mèche. C’est souvent dans ces déplacements de lieux, d’ailleurs, que sont nées pas mal de chansons, que leur texte ou leur ligne de chant y ont pris leur source. Le premier album avait été largement stimulé par un séjour en Angleterre, mais il n’est pas toujours nécessaire d’aller bien loin : pour cet album By The Dawn of Monday est apparu au beau milieu de quelques dates à Paris, Fell Foot Wood remonte à une période des concerts en Angleterre dont un justement lors d’un festival étrange en pleine forêt, la mélodie de A Right Arm Beyond Love m’est tombée pendant de grosses pluies, je me suis planqué sous un arbre, et coup de bol, j’avais mon vieux dictaphone sur moi. « Majestic Walk » est un peu particulière, j’étais à sec à cette période, et j’ai écrit justement là-dessus, la tristesse de ne plus trouver aucune source d’inspiration. Mais c’est tout de même généralement le fait de me projeter qui nourrit la course du moment, sans quoi je m’éteins.

MB : Il y a déjà quelques titres qui sont à l’état de maquette.

A Singer Must Die - Venus Parade

Vous pouvez réécouter des extraits du concert au Grand Théâtre d’Angers ainsi qu’une interview avec Alain Maneval sur France Inter.

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