La déferlante We Are Match inondera nos rivages pour prolonger l'été fin septembre. Un premier album et un passage attendu à Rock en Seine, l'occasion de faire le point avec le quintette normand.

Vous sortez votre premier album, Shores le 25/09, quelle (s) évolution (s) par rapport à votre EP Relizane ?

Relizane, c’était l’explosion d’idées. C’était la première fois qu’on faisait de la musique ensemble, ça fusait de partout. Mais c’est tellement court un EP, c’est comme une carte postale, tu commences à écrire, c’est déjà fini… L’EP était à peine terminé qu’on avait déjà commencé à travailler sur la suite. Avec Shores, on s’est attelé à affronter cette explosion d’idées, à la mettre en forme, petit à petit, rivage par rivage. On s’est surpris à être plus sincères, à trouver les mots justes pour parler de ce qu’on vivait, à expérimenter beaucoup plus pour trouver les sons qui nous rassemblaient… Shores, c’est nous, avec nos défauts et nos qualités.

Le résultat est éclectique, chaque morceau a une histoire propre où la musique sert les paroles, ça peut être très violent, très électronique ou très doux, très pop… Ca dépend des moments, un peu comme nous quoi.

Pourquoi autant de temps entre l’EP et le LP ? vous croyez encore au format LP ? Alors qu’aujourd’hui tout va très vite et que beaucoup d’artistes, de groupes sortent des titres au coup par coup ?

Entre Relizane et Shores, on a pris le temps de découvrir et d’apprendre plein de trucs. On a toujours eu la volonté de faire le maximum de choses par nous-mêmes, histoire de maîtriser le processus de création jusqu’à la fin. On est toujours très critiques sur ce qu’on fait et ça a été long parfois. Mais il n’y a pas de secret, c’est en faisant qu’on fait. Et puis aussi la famille We Are Match s’est bien agrandie : label, management, tourneur… Apprendre à bien travailler tous ensemble nous a pris du temps, mais on a le sentiment que c’est pour le meilleur.

Pour ce qui est du LP, oui bien sûr on y croit toujours, on a grandi avec des albums phares qui nous ont construit et il y a encore des albums de malade qui sortent chaque année. Ca avait quelque chose de très symbolique pour nous d’accomplir ça. Maintenant sortir des morceaux au coup par coup c’est un truc qui nous plairait bien aussi. On verra comment on le sent par la suite.

We Are Match

Il parait que vous vivez dans un kiboutz au fond d’un bois (rires) ? Comment avez-vous atteint ces rives ? Comment on crée à 5 ? Qui lance les idées, textes ? musique ?

Ouais, on a passé plus d’un an dans cette baraque au milieu de la forêt, quand on y repense ça nous parait un peu dingue… Mais on avait besoin à cette époque de prendre une décision radicale, un virage. Et on a jamais regretté, on s’est tellement marrés dans cette maison, on a tellement appris aussi. Avoir vécu un truc comme ça tous les 5, ça nous a soudé comme les doigts de la main.

Au niveau de la création, on a procédé comme sur l’EP, chacun apportait des idées, des embryons de chanson et on explorait ensemble ce qu’il y avait à en faire. La « Wolf House » (oui c’est comme ça que s’appelait la maison) nous a aidé à accélérer cet échange : certains morceaux étaient quasiment finis en une nuit.

Comment se décide-t-on à faire de la musique un job à temps complet en sachant qu’il y a une concurrence de plus en plus grande et que ce n’est pas facile d’en vivre ?

Parfois tu n’as simplement pas vraiment le choix, tu ne te poses pas trop de questions, les choses se mettent en place toutes seules et toi tu essayes de suivre. Tu le vois le grand puzzle ?

J’ai lu que vous étiez fan de Chagall ? j’étais au musée à Nice la semaine dernière, qu’est-ce qui vous attire dans sa peinture ? Les images, les couleurs sont-elles des sources d’inspiration musicale ?

Haha, oui… On s’est déjà dit que ça devait faire un peu peur ces noms de grandes figures du réalisme magique qu’il y a dans notre bio.
Au-delà de la musique, on est pas mal influencés dans notre création par la bande dessinée, le cinéma, la peinture… Quand on doit s’expliquer entre nous ce qu’on a comme vision sur un morceau, une image vaut parfois mieux que des heures de discussion. Par exemple notre titre Violet tire son nom du fait que c’était la couleur qui nous venait direct quand on le jouait.

Chez Chagall il y a cette idée de représenter la magie au milieu de l’ordinaire, c’est un truc qui nous parle, nous fait rêver. Il y a des mecs comme ça qui permettent à l’onirisme de toujours exister dans notre monde et c’est cool.

We Are Match – Violet

Avez-vous travaillé les morceaux particulièrement pour la scène ?

On reste persuadé que tu n’as pas envie d’écouter la même chose dans ton salon et dans un festival à 1h du mat. Sur scène on offre une deuxième vie à nos morceaux, en y insufflant quelque chose de beaucoup plus rock, en s’appuyant sur la puissance naturelle de 4 mecs qui chantent ensemble.

Vous faites Rock en Scène le 30/08, quels artistes vous iriez écouter sur ce festival si vous pouviez ?

Honnêtement il n’y pas grand-chose à jeter dans la prog de cette année… Pour n’en citer qu’un, on a hâte de voir les ‘Currents‘ de Kevin Parker et Tame Impala prendre vie sur la grande scène.

L’album Shores sort le 25 septembre, on est encore en mode été / farniente, quels sont les rivages (réels, fictifs) qui vous attirent ?

On s’est tous forcé les uns les autres à prendre des vacances, à recharger les batteries avant la rentrée. Jim est parti voir son frère en Norvège, Simon a fait l’île de Wight avec son père… Mais on ne va rien te cacher, les rivages qui nous attirent là tout de suite c’est la vingtaine de dates qui nous attendent pour cet automne !

C’est quoi cette histoire de chats ?

We Are Match

Une grosse blague. Et ça restera toujours une grosse blague. On n’était pas fans de montrer nos visages, on préférait se cacher derrière nos amis félins… Les concerts nous ont permis de faire tomber les masques, on le vit bien maintenant. Mais on aime toujours faire référence à cette période par-ci par-là, en commençant par notre logo qui représente les fantômes de nos feu chats.

“L’amitié n’exige rien en échange, que de l’entretien.” disait Georges Brassens, comment entretenez-vous la votre ?

C’est une bonne question. Quand tu construis un truc avec tes potes, la notion d’amitié peut vite devenir flou, se mélanger avec tout un tas de trucs chiants… Mais on y arrive bien, même après un an passé les uns sur les autres dans notre maison, on se débrouille toujours pour passer des moments de potes, on continue à se voir tous les jours même quand il n’est pas question du groupe.

Vous avez fait le FAIR cette année, quel est son apport ? quelles rencontres marquantes avec d’autres jeunes groupes ?

Le FAIR c’était clairement la bonne nouvelle de l’an dernier. On était en plein sur la fin de création de l’album, on avait parfois l’impression de ne pouvoir compter que sur quelques personnes. Et un jour on reçoit un mail qui nous dit qu’une équipe de gens trop cool vont venir nous filer un coup de main. Honnêtement, on était méga contents.

Les personnes qui s’en occupent sont géniaux (coucou Julien, coucou Julie), ils ont organisé un tas de trucs, des formations, des rencontres. On a eu l’occasion de traîner avec des gens cool comme We were evergreen, Radio Elvis, Feu! Chatterton. En point d’orgue ils nous ont aidé à monter la date qu’on a fait au Café de la Danse au printemps, qui reste un de nos plus gros souvenirs de concert.

We Are Match – Speaking Machines

Speaking Machines ? un hommage au Welcome to the machine du Floyd ?

Un hommage inconscient peut-être oui. Pink Floyd a été l’un des premiers groupes de rock à se cacher derrière de grands concepts, de grands symboles pour dire ce qu’ils avaient à dire. L’art avant l’artiste, on est définitivement de cette école. Quant au thème, l’industrialisation de l’humain et des sociétés dans lesquels il vit, on s’y retrouve oui, pour sûr.

Quel est le prochain titre clipé ?

The Shark ! C’est un petit bonbon acidulé qu’on a composé vers la fin de l’album, on a hâte que tu entendes ça.

Quel artiste rêvé pour un prochain remix ?

Vu qu’on parle de rêve, un petit « Atoms For Peace SisiBakBak » remix ? Et de façon plus réaliste, remixer quelqu’un nous démange de plus en plus, on finira par passer le pas, on attend la bonne occasion. A bon entendeur !

We Are Match sera en concert eu festival Rock en Seine 2015 le dimanche 30 août sur la scène de l’Industrie à 14h30. Leur premier album, Shores sort le 25/09 chez A+LSO Records / Sony Music.

We Are Match - Shores

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

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