En effet, avec la publication de The Misunderstanding, on peut avancer sans trop se tromper que Sylvain B., la tête pensante de l’affaire, a atteint son premier but. Il a réussi à enregistrer des myriades de cordes sous la houlette d’Igor Moreno et a enregistré un disque à l’ancienne. Ces chansons sont un retour vers un passé chéri des amoureux d’une certaine idée de la pop et d’un certain Luke Haines.
On attend donc avec impatience le deuxième but de ce garçon : l’album.
Comment as-tu rencontré le label Microcultures ?
Sylvain B. : Au départ, comme c’était un projet solo, je devais assumer tout financièrement et ce n’était pas possible.
Les amis de Hold Your Horses avaient financé leur album via une autre plateforme de crowdfunding. J’ai cherché de mon coté et j’ai trouvé Microcultures : j’avais acheté l’album de Reza chez eux. Tous les artistes présents sur leur site me parlaient et notamment mon amie Pollyanna qui en faisait partie. J’ai donc toqué à leur porte !
J’ai été très bien reçu et une superbe aventure a commencé. Tout s’est très bien passé !
Discographie
ALGODonc ALGO s’est transformé de projet solo en groupe si je comprends bien ?
Sylvain B. : En quelque sorte, oui. C’est devenu une famille… Je fais de la musique depuis longtemps : j’ai commencé en 1999 à fonder des groupes sur Tours mais avec mon caractère, il m’est de plus en plus difficile de faire des concessions… J’ai notamment travaillé avec Mesparrow il y a des années et chacun a suivi sa voie. Elle est partie en Angleterre et moi je suis arrivé à Paris avec mon CAPES.
A Paris, j’ai eu différents groupes et puis je me suis retrouvé plus ou moins seul. Je me suis donc remis à écrire et de fil en aiguille, j’ai rencontré des musiciens grâce à des connaissances et Internet.
Eric Auv est là depuis le début (2011), c’est un peu le deuxième ALGO. D’autres personnes sont venues puis reparties, puis de nouvelles personnes sont venues adhérer au projet. Je crois que nous avons trouvé la bonne formule aujourd’hui.
Ce n’est pas une dictature mais j’écris tout sauf la batterie où je donne une direction à Eric.
Avec les autres, on voit les choses ensemble. On est six et j’amène les chansons et les arrangements. Ils me donnent des idées… J’approuve ou je refuse. Mais tout le monde semble content et s’y retrouve. Ouf !
Tu le prends comment si je te compare à Neil Hannon ?
Sylvain B. : Je le prends extrêmement bien. C’est une grande influence pour moi. Pour la voix, il est inégalable.
J’aime beaucoup les cordes, les cuivres, le coté très orchestral de sa musique. Remarque, j’écoutais dernièrement une Black Session de The Auteurs… Luke Haines fait énormément de belles choses avec des guitares uniquement (bon ok, il y a un violoncelle).
Pour les instruments, j’ai déjà utilisé les instruments MIDI en studio mais pour cet EP, je ne voulais pas verser dans la « facilité » ! Autant y aller jusqu’au bout : douze ou treize instruments se sont partagés les chansons.
C’est une vaste entreprise : je gère tout, des chansons à la recherche de dates jusqu’à la gestion des agendas de chacun pour répéter et faire des scènes.
Mais oui, il y a donc une volonté de se rapprocher de ces grands artistes.
Pour les instruments, j’ai déjà utilisé les instruments MIDI en studio mais pour cet EP, je ne voulais pas verser dans la « facilité » ! Autant y aller jusqu’au bout : douze ou treize instruments se sont partagés les chansons.
Comment as tu rencontré Igor Moreno ?
Sylvain B. : Nous étions, avec Mathieu, dans le même groupe (Lyssalane) et Igor avait réalisé le dernier album de son projet solo Odds & Ends,
On s’est donc rencontré avec Igor durant l’été 2014 pour parler de mon projet d’EP. Nous avions tout simplement la même vision des choses.
L’enregistrement du disque a été parfait de A à Z : c’est un magicien du son et maintenant un ami !
Combien de temps à duré l’enregistrement ?
Sylvain B. : Je ne saurais pas te dire.
Au départ je voulais sortir un album… Mais la composition me prends énormément de temps. Je mets environ un mois pour écrire une chanson. J’aimerais faire plus mais avec la vie parisienne, c’est difficile de se poser…
Pour les paroles, ça peut-être assez rapide. Ce qui prend du temps, c’est l’harmonie et les arrangements. Je n’ai pas le droit à l’erreur une fois que tout est terminé pour l’amener à ALGO en repet’. Pour le CD, nous avons enregistré de mars à septembre.
Tu peux m’expliquer le titre de l’EP ?
Sylvain B. : C’est aussi le titre d’une des chansons. Disons que les deux premiers EPs parlaient de la vie quotidienne.
Ce titre répond à un questionnement plus personnel, sur le rapport aux autres. Il traite des choix que tu fais au niveau de l’amitié, le fait de perdre ses amis par choix.
Ce n’est pas un coup de gueule, juste un bilan.
Tu te sens proche de quel(s) groupe(s) français ?
Sylvain B. : Je n’ai pas assez de culture de la scène française.
Ah si ! A Call at Nausicaa, un groupe de Bordeaux qui fait une pop très orchestrale. J’aime bien aussi les harmonies de Mina Tindle.
Quelle est l’histoire de Trains And Sisters ?
Sylvain B. : Cette chanson parle des mutations et des amis qui partent loin pour leur vie professionnelle. Avec ma copine, nous restons sur Paris pour diverses raisons. Cette chanson traite donc des gens et de la magie de la S.N.C.F.
D’où te vient ce goût plus que prononcé pour les arrangements ?
Sylvain B. : Arranger une chanson n’est pas une passion, cela arrive plutôt « naturellement ». Je m’explique : je passe beaucoup de temps à trouver exactement quels accords sonneraient parfaitement (pour mon oreille bien sûr) dans une chanson. Si ça ne me plait pas, je suis sûr qu’elle finira à « la poubelle ».
Ensuite, si la chanson sonne guitare-voix, c’est que c’est gagné. Sinon on annule tout et on recommence.
Enfin, c’est à ce moment où j’imagine, je chantonne des thèmes, où je me pose la question de qui jouerait quoi.
J’ai la chance d’avoir toute la famille ALGO pour réaliser en vrai ce que j’entends et non pas en MIDI ! J’adore les cordes et les cuivres, ça ne s’explique pas !
Du coup, arranger une chanson est une envie, un réflexe au regard de ce que j’aime musicalement.
L’arrangement fait corps avec la base même de la composition. Ce n’est pas la cerise sur le gâteau mais ça fait partie de la recette !
J’ai commencé à jouer du saxophone assez jeune (de l’alto au baryton) puis mes études en musicologie m’ont aussi aidé et peut-être influencé. Même si je n’adhérais pas à tout dans ce cursus universitaire, cela m’a apporté beaucoup pour déjà affiner dans mon esprit ce qu’une formation rock pouvait faire. Blonde Redhead et les deux jumeaux Pace ont surement eu les mêmes envies, si je peux me permettre la comparaison.
Le reste, c’est l’aventure ALGO et les rencontres que j’ai faites ces quatre dernières années qui m’ont amené à passer du trio à cordes, au trio de cuivres au trombone/alto que l’on entend aujourd’hui en live. C’est la formule magique ALGO : six personnes indispensables pour jouer ces chansons pop couplet/refrain…
C’est la formule magique ALGO : six personnes indispensables pour jouer ces chansons pop couplet/refrain.
Et cette pochette ?
Sylvain B. : J’ai cherché longtemps une photo faite au Polaroid et puis un jour je suis tombé sur ce Polaroid fait au SX70.
J’ai envoyé un mail à son propriétaire canadien et nous avons tout réglé par Internet.
Pascal Blua a eu les mains libres.
Je l’ai contacté via Mouse Design suite à sa magnifique pochette pour The Apartments. On s’est rencontré et il a accepté de travailler dessus.
Je voulais un truc pop, sobre et classe.
ALGO – Home Session #2
TOP 10
1) Le meilleur album de 2015 ?
Sylvain B. : Edge of the sun de Calexico ou peut-être le dernier Tame Impala.
2) L’album que tu attends le plus ?
Sylvain B. : Le prochain Elliott Smith mais ça me semble fichu.
3) La meilleure salle pour voir un concert ?
Sylvain B. : Le Trianon. J’y ai vu deux fois Calexico d’ailleurs.
4) La meilleure salle pour faire un concert ?
Sylvain B. : Le Trianon.
5) Ton disque préféré de The Divine Comedy ?
Sylvain B. : Liberation.
6) Le disque que tout le monde a écouté sauf toi ?
Sylvain B. : Il y en a trop ! Peut-être certains albums de Bowie.
7) Si tu pouvais créer un festival… Quel nom ? Quelles têtes d’affiche ?
Sylvain B. : J’appellerai ça Pop is not dead ou Pop is Everywhere.
Pour les groupes : The Auteurs, Belle and Sebastian, Camera Obscura, The Leisure Society, The Divine Comedy et Stornoway !
8) Show Girl ou Valet Parking ?
Sylvain B. : Show Girl.
9) Blur ou Oasis ?
Sylvain B. : Oasis.
10) Le métier de l’industrie musicale que tu ne comprends pas ?
Sylvain B. : Aucune idée.
The Misunderstanding d’ALGO sera publié le 11 décembre 2015 via Microcultures/Differ-ant.
ALGO sera en concert le 12 décembre 2015 au Pop In. Marc Morvan sera l’invité exceptionnel de cette soirée.
- Between Her Arms
- A Special Life
- Time To Say Goodbye
- Trains and Sisters
- The Misunderstanding