Les différents projets de Mason (The Beta Band, King Biscuit Time, Black Affair) ont tous ce coté un peu « décalé » pour ne pas dire « dérangé ». En formant avec Gordon Anderson The Beta Band au milieu des années 90, Steve Mason a ouvert la voie aux expérimentations sonores de Radiohead (pour ne citer qu’eux). Sans ce groupe de Brighton, le début des années 2000 aurait sonné de manière très ennuyeuse. Steve Mason a eu ce rôle de passeur qui vend peu de disques mais dont tout le monde se recommande dans les interviews.
The Beta Band mort et enterré, Steve Mason enfila son plus beau polo Fred Perry et se lança dans une carrière solo. Moins déglingués, les disques solos de cet ancien résident de Brighton désormais londonien laisse entrevoir encore plus la qualité de la plume de ce garçon. ses deux premiers albums sont gorgés de chansons plus ou moins cachées derrière une pseudo timidité et derrière des pochettes effrayantes (Monkey Minds In The Devil’s Time). Travaillant avec des producteurs réputés (Dan Carey), Mason fait quelques concessions pop et domptent ses fulgurances musicales.
En 2016, c’est la rupture. Mason semble s’être débarrassé de ses démons et a quitté sa ville de cœur pour s’installer à Londres. Sur Meet The Humans, Mason apparaît comme totalement apaisé. Et les chansons ? Toujours aussi belles. Cet anglais pourrait fournir en matières premières Taylor Swift ou Gwen Stefani. Au lieu de ça, il reste l’un des secrets les mieux gardés du Royaume-Uni. Tant mieux pour nous.
Comment vas-tu ?
Steve Mason : Je vais très bien merci. Je reviens tout juste du festival 6 Music qui se tient à Bristol. Je suis content d’être de retour.
Pourquoi as-tu déménagé de Brighton à Londres ?
Steve Mason : Je voulais une vie sociale et habiter dans une ville qui possède des artistes aux horizons divers. En plus c’est la ville des Mods et j’ai toujours été un peu Mod.
Qu’est ce que tu aimes dans cette nouvelle ville ? Une des chansons de Meet The Humans s’appelle Trough My window. Que vois-tu à travers la fenêtre de ta nouvelle maison ?
Steve Mason : Ah c’est la première chanson que j’ai écrite sur Brighton. Ce n’est pas vraiment très gai. J’étais là depuis une semaine et j’ai regardé à travers une fenêtre sale de mon appartement. Je voulais voir si l’enfer m’avait accompagné. Il y a toujours ce genre de moments après un grand changement. Maintenant je suis passé à autre chose… Et maintenant je dois nettoyer mes fenêtres et mon jardin.
Pourquoi as-tu choisi de travailler avec Craig Potter ?
Steve Mason : J’ai été très impressionné par le son des deux derniers albums d’Elbow. C’est aussi simple que ça.
Ton nouveau disque est très calme et apaisant. Es-tu d’accord avec l’avis du Guardian qui écrit que Meet The Humans sonne « comme une exaltation optimiste » ?
Steve Mason : Pourquoi ne serais-je pas d’accord avec le Guardian ?
Pourrais-tu définir ce disque en un seul mot ?
Steve Mason : Non. Et si je le pouvais, pas sûr que mon disque soit digne d’être écouté.
« Il y a quelques temps j’ai vu une femme traverser la route avec un sac à dos. J’ai fait une chanson dessus en imaginant qu’il y avait la tête de son mari dans le sac. »
Pourquoi avoir appelé cet album Meet The Humans. Le résultat est fantastique. Comment vois tu l’humanité ? Ta vision a toujours été la même ?
Steve Mason : Car il était temps pour moi de réintégrer cette société, de rencontrer l’Humanité et de voir ce dont elle est capable. Voir si je n’ai rien raté. Je vois les êtres humains comme des êtres confus et perdus. Leurs valeurs sont totalement fausses. Ils vivent avec les mauvaises personnes et l’école se charge de les pervertir. Mais il n’est jamais trop tard ! Tu peux toujours rattraper le temps perdu.
Tu donnes une nouvelle place aux claviers sur ce disque. Je me trompe ?
Steve Mason : Non, tu as raison. C’est peut-être l’âge mais effectivement j’ai été de plus en plus attiré par les claviers sur mes trois derniers disques. Il est peut être temps d’arrêter.
Quelle est l’histoire de Ran Away ?
Steve Mason : C’est une chanson vindicative. La forme est belle. Cela compense la bile que je déverse dedans…
Qui est la choriste qui chante avec toi sur To A Door ?
Steve Mason : Il s’agit de Kristina Train et elle poursuit une florissante carrière solo. C’est une américaine qui vit à Londres mais on croirait que sa musique provient de Nashville. Elle est venue d’Écosse et nous avons écrit quelques chansons. Je lui ai demandé de chanter sur cette chanson. J’étais curieux d’entendre comment ça sonnerait. J’ai gardé sa voix sur la version finale. J’adore comment nos voix sonnent ensemble. D’ailleurs, nous avons quasiment les mêmes voix.
Comment écris-tu tes chansons ? Les paroles en premier ?
Steve Mason : Une chanson peut m’être inspirée par n’importe quoi et je la développe de différentes façons. Il y a quelques temps j’ai vu une femme traverser la route avec un sac à dos. J’ai fait une chanson dessus en imaginant qu’il y avait la tête de son mari dans le sac.
Qui est l’auteur de la pochette de Meet The Humans ?
Steve Mason : Elle a été faite par mon amie Olivia Bullock. C’est une graphiste très talentueuse qui habite Lewes, une ville au nord de Brighton. Nous avons beaucoup parlé du disque et de ses chansons avant qu’elle ne commence à travailler dessus. Puis je lui ai donné un exemplaire de l’album. J’ai été très surpris par le résultat. C’est beau et ça correspond parfaitement au cahier des charges.
Tu as travaillé ta voix depuis l’album Monkey Minds In The Devil’s Time ? Sur ce disque, elle sonne très bien !
Steve Mason : Merci. Non je n’ai absolument pas travaillé ma voix. Nous avons pris plus de temps cette fois-ci pour enregistrer les voix. C’est sûrement ça qui fait la différence.
Steve Mason – Planet Sizes
Ton premier album solo s’appelle Lost And Found. Maintenant tu publies Meet The Humans. Quelles sont les prochaines étapes ? Steve Mason le maître du monde ?
Steve Mason : Mon premier album s’appelle Boys Outside. Le suivant est un album concept intitulé Monkey Minds In the Devils Time. Et maintenant il y a Meet The Humans. La prochaine étape est de m’aventurer dans l’espace en faisant fi des contraintes terrestres. Ça me semble logique. Je voulais rejoindre Mars au départ mais j’ai loupé l’embarquement.
Top 10
1) Ta bande originale de film préférée ?
Steve Mason : Il était une fois dans l’Ouest.
2) Le meilleur endroit au monde pour voir un concert ?
Steve Mason : Le Barrowlands à Glasgow.
3) Le meilleur endroit au monde pour faire un concert ?
Steve Mason : N’importe où tant qu’il n’y a pas de limite sonore.
4) Ton disque préféré de David Bowie ?
Steve Mason : La chanson Cant Help Thinking About Me de Davey Jones and the Lower Third.
David Bowie & The Lower Third – Can’t Help Thinking About Me
5) Le refrain ultime ?
Steve Mason : Nothing But A Heartache Everyday des The Flirtations.
The Flirtations – Nothing But A Heartache
6) Londres ou Paris ?
Steve Mason : Le Londres que j’ai connu est mort et enterré. La ville a été vendue. Plus rien d’intéressant ne s’y passe. Londres vit sur ses gloires passées et plus rien ne s’y produit. Je penche donc pour Paris. Et si j’avais vraiment le choix je prendrais Berlin.
7) Ta pochette d’album préférée ?
Steve Mason : Smell of Female des The Cramps.
8) Le producteur de tes rêves ?
Steve Mason : Spector. Mais il faut aussi un bon espace pour enregistrer. Mais il y a énormément de studios britanniques avec des endroits incroyables qui ferment leurs portes. Et sans eux, le producteur n’est rien. Pouvez-vous imaginer le Wall of Sound sur un ordinateur portable dans une chambre à Peckham ? Je peux, je l’ai essayé, ça ne marche pas.
9) Ton artiste français préféré ?
Steve Mason : Yves Klein.
10) Ton disque honteux ?
Steve Mason : J’assume tout ce que j’écoute.
Meet The Humans de Steve Mason sera publié le 26 février 2016 via Double Six/Domino Records.
- Water Bored
- Alive
- Alright
- Another Day
- Ran Away
- To A Door
- Hardly Go Through
- Through My Window
- Planet Sizes
- Like Water
- Words In My Head