Petit rappel historique pour ceux qui dorment au fond : Nick Diamonds est un des membres fondateurs du trio le plus génial de l’indie-pop des années 2000, The Unicorns. Plutôt que de préparer un digne successeur à l’ovni Who Will Cut Our Hair When We’re Gone ?, les petits gars de Montréal ont préféré s’engueuler comme du poisson pourri, à une époque où Arcade Fire fait encore leurs premières parties et foutre par terre un destin prometteur.
C’est donc sur les cendres encore fumantes de The Unicorns que se monte Islands, récupérant au passage deux des membres originels et quelques compos prévues pour un deuxième album qui ne verra donc jamais le jour. Return To The Sea, sorti en 2006, sera le premier album d’une discographie prolifique et Islands verra son line-up changer régulièrement pour s’adapter aux envies stylistiques du facétieux leader. Histoire de fêter dignement la réédition augmentée de Who Will Cut Our Hair When We’re Gone ? à l’été 2014, The Unicorns se reforment le temps d’une mini-tournée en ouverture d’Arcade Fire. L’ironie de la vie, les rôles inversés 10 ans après, tout ça. Les fans n’en peuvent plus, les concerts sont fous, les rumeurs de nouvel album sont persistantes, et puis finalement non, rien, les mecs se prennent la tête encore une fois et retournent vaquer à leurs occupations.
Parmi ces occupations, justement, il y a un album solo dans les cartons très chargés de Nick Diamonds. Or, si on a insisté si lourdement sur The Unicorns dans le paragraphe précédent, c’est précisément parce que cet album est paradoxalement ce qu’il y a de plus proche de l’univers unicornesque. City of Quartz regorge en effet de mélodies immédiates et de chœurs hallucinés, de synthés vintage maltraités, de guitares sautillantes, de rythmiques chaloupées, bref, de trouvailles improbables et redoutablement efficaces.
Nick Diamonds - City of Quartz
L’instrumental d’ouverture donne parfaitement le ton du disque qui porte son nom : quelques nappes de synthés irriguent une boîte à rythme et une basse qui groove, dans une ambiance de maison hantée cheap et rigolote. Suivent ensuite Love Is Stranger et Witch Window, dont les boucles et les choeurs excitent la curiosité avec surtout la première très bonne surprise de l’album : Where Is The Elephant et son hip pop sautillant que n’aurait pas renié Why?.
La deuxième partie du disque va crescendo : Bohemian Groove sent le tropicalia, Something About The Moon déborde de funk mélancolique et Hit The Skids, le véritable sommet de l’album, se lance dans une cavalcade froide et épique que seul le libidineux The Sting peut venir calmer. City of Quartz termine en roue libre, dans la frénésie electro de I’m Nobody et les boucles contemplatives de God Internet. Comme toujours avec Nick Diamonds, on aime la manière dont il créé le contraste entre des paroles blasées (« Like a wave, I crash into you, all day » sur Bohemian Groove, « You’re wrong, the dream is over, the magic is gone » dans l’outro de Something About The Moon) et des mélodies euphoriques, légères ou parfaitement joyeuses. Soyons donc rassurés : il n’y aura jamais de deuxième album de The Unicorns, mais ce City of Quartz en est une suite presque parfaite.
- City of Quartz
- Love is Stranger
- Witch Window
- Where is the Elephant
- Ungrievable Lives
- The Mind Reels
- Bohemian Groove
- Something About the Moon
- What Can the Sun
- Hit the Skids
- The Sting
- I'm Nobody
- God Internet