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Comment avez-vous eu cette idée de partir jouer aux États-Unis ?
Romain Lejeune : On a rencontré à Angers Jim Rose, personnalité de renom aux États-Unis pour son spectacle Jim Rose Circus qui a fait le tour du monde (premières parties de Nine Inch Nails, Festival Lolapalooza, il a même son personnage dans Les Simpsons et fait une apparition dans X-Files). Il s’est expatrié chez nous pour prendre sa retraite étant marié à une française (sœur d’un des créateurs de la compagnie ligérienne Royal Deluxe). Il a vraiment complètement accroché à notre projet, c’est lui qui nous a poussé à essayer d’approcher le territoire américain car il avait l’intuition que notre projet pourrait plaire Outre Atlantique. Sur ses conseils on a envoyé nos morceaux aux programmateurs du festival SXSW à Austin qui nous ont immédiatement intégré à la programmation officielle et nous ont fait de belles mises en avant (Home Page de leur site web, divers articles et chroniques sur leurs réseaux sociaux).
Et concrètement, comment on part aux États-Unis ?
Romain Lejeune : Ce n’est pas si simple, surtout pour un groupe dont la chanteuse est polonaise. Il faut faire des demandes de visa, pour ce festival en question des visas de tourisme suffisent, très simple à obtenir avec la nationalité française, mais en revanche beaucoup plus compliqué et couteux pour une polonaise : Dorota a dû se rendre à l’ambassade des États-Unis à Paris pour obtenir son visa et passer un entretien d’un prix forfaitaire de 160 euros. Elle l’a ratée la première fois car les autorités à Paris n’avaient pas connaissance des conventions concernant ce festival et lui ont dit de demander un visa de travail (qui coute 3000 euros par tête). Après de nombreux coups de fils au consulat de Houston puis au consulat de Washinton et enfin au Bureau Export de Paris, Dorota a renouvelée sa demande de visa à Paris (une nouvelle fois 160 euros) et avec le soutien des autorités américaines et du bureau export a obtenu son visa.
Il faut ensuite gérer l’hébergement, la location de voiture, la promotion sur place (attaché de presse, impression de supports de communication), la location des instruments pour qu’une fois arrivés sur place tout se déroule au mieux.
Un mot pour définir votre séjour ?
Romain Lejeune : Trop court ! Ou plutôt #tropcourt pour que ça tienne en un mot !
Quelles sont les différences entre les scènes d’Austin et de Houston ?
Romain Lejeune : A Houston tout semble plus organisé et préparé, que ce soit au niveau des infrastructures, des routes que de l’organisation des concerts. Nous avons joué sur un festival avec pas mal de moyens, c’était très simple pour nous, et le public était ébahi et conquis d’avance. Concernant Austin, notre bookeuse résume bien l’état des choses : la ville se dit être la capitale de la musique live mais ça semble être la ville qui porte le moins d’intérêt aux musiciens. C’est à dire que les conditions d’accueil sont rudimentaires, il n’y a quasiment jamais de soundcheck, les gens voient tellement de concerts qu’ils portent peu attention aux groupes, ils consomment de la musique le plus possible, peu importe la qualité du son, du lieu, etc. Cela semble beaucoup plus anarchique. Mais c’est en revanche extrêmement dynamique et en gérant au mieux les conditions difficiles, on peut rapidement rencontrer beaucoup de monde et avoir une audience très très large – en particulier pendant le festival SXSW.
Votre meilleur souvenir live ?
Romain Lejeune : Le meilleur souvenir est un passage sur scène improvisé le dernier jour de notre voyage, jour off normalement, un nouvel ami rencontré sur place nous a invité à jouer un morceau à l’improviste en acoustique dans un bar où il se produisait : The Green Mesquite. Bar rebelle et indépendant qui refuse toute programmation officielle du SXSW. On avait fini le rush du festival et on était entouré de pleins d’amis musiciens rencontrés sur place, le patron du bar était là à nous écouter avec son burger et sa clope, il nous a offert une tournée de Lone Star, la bière officielle du Texas. C’était le meilleur salaire du monde, on a jamais joué et été écouté de manière aussi sincère.
Votre pire souvenir live ?
Romain Lejeune : Franchement tous nos concerts se sont passés à merveille malgré des à priori et des conditions parfois très rustiques, chaque date a eu son lot de bonnes surprises, alors comme anecdote je vais donner le pire stress avant de monter sur scène : c’était lors de la première date, à Houston, on venait juste de louer nos guitares et on avait pas pu les essayer, au moment de faire le line check (15 minutes avant de monter sur scène) on s’aperçoit qu’elles sont complètement déréglées et fausses, impossible de les accorder, l’intonation et les tables d’harmonies ne sont pas bonnes, c’est à dire que peu importe l’accordage, les guitares seront forcément fausses pendant les morceaux. On s’apprête à monter sur scène, et franchement 30 secondes avant de commencer, je file voir le groupe avant nous avec une goutte de sueur sur le visage en leur demandant gentiment de nous prêter leur guitares, ils acceptent, même pas le temps de les prendre en main, le concert commence… au final ces guitares étaient top, on a fait un super concert avec. Donc Big Up aux Wild Mocassins qui ont sauvé notre premier live !
Combien de kilomètres avez-vous avalés ? Quelle radio avez-vous écoutée ?
Romain Lejeune : Pas tant de kilomètres que ça, on est resté au Texas, on a juste fait un aller retour Austin – Houston, 5h de route tout de même, mais pour eux c’est comme faire un aller retour d’Angers pour se baigner en Vendée ! Les kilomètres qui nous ont marqués sont surtout ceux faits à pied, amplis sur un diable, guitares sur le dos et pédales d’effet à la main – entre la banlieue et le centre d’Austin, parfois plusieurs fois par jours, et l’avant-dernier jour sous la pluie… dans l’esprit Punk, peu importe les moyens mis en œuvre et les conditions, show must go on !
Le patron du bar était là à nous écouter avec son burger et sa clope, il nous a offert une tournée de Lone Star, la bière officielle du Texas. C’était le meilleur salaire du monde, on a jamais joué et été écouté de manière aussi sincère.
Quelle est la première chanson que vous avez entendu aux États-Unis ?
Romain Lejeune : On a zappé plusieurs radios, on est tombé sur un paquet de radios country, impossible de donner le nom des artistes, c’était des trucs assez modernes, je crois qu’ils appellent le style New Country, c’est un peu le genre de Country cheesy qu’on peut entendre dans la série Nashville par exemple. Je ne suis personnellement pas très fan…
Vous avez rencontré pas mal de groupes… On doit retenir lesquels ? Si vous deviez faire une compilation… Quels titres ? Quels groupes ?
Romain Lejeune : Malgré notre pass Artist qui nous donnait accès à tous les concerts du festival, dont de gros groupes qui étaient programmés, on a pas eu le temps d’être beaucoup spectateurs, on s’était vraiment constitué une tournée de fou. On a quand même pris le temps d’aller voir The Kills, groupe dont on est très fans depuis un moment, ils ont joué pas mal de nouveau morceaux de leur futur album Ash And Ice, on pourra retenir leur single Doing It To Death, dont le clip est magnifique :
The Kills – Doing It To Death
On a plutôt vu des artistes underground avec qui nous avons beaucoup sympathisé et qu’on aimerait bien faire tourner en France :
Ash Gray – Song My Favorite Gun
Craig Kierce – Song Emily
https://www.youtube.com/watch?v=QHkEBu050Q8
Rue Snyder – Song heaven
Vous rentrez en France… Et vous repartez directement sur la route. C’est quoi les plans pour le printemps 2016 ? Il y a une date à Paris aux 3 Baudets je crois ?
Romain Lejeune : Oui on reprend la route directement histoire de ne pas succomber trop longtemps au Texas Blues, on jouera en France un peu partout, dans le désordre : près de chez nous à L’Oasis (Le Mans) avec le groupe Minuit car on a gagné un tremplin « Le Mans Pop Festival », pour les dates parisiennes L’Espace B le 14 avril, Les Trois Baudets le 13 juin, l’Espace Icare le 1er avril , on va un aussi peu plus au Sud, Bordeaux 2 fois, Biarritz et on remonte plus à l’est vers Metz, Nancy, le Luxembourg puis en Allemagne. Mais surtout on retourne au Texas fin avril pour le festival Lévitation à Austin et probablement quelques nouvelles dates au Texas et un arrêt par New York.
L’autre grosse actualité est la sortie le 15 avril de notre nouvel Ep enregistré cet hiver avec le producteur Clive Martin (Queen, Nick Cave, Stereophonics).
Si on vous propose une place pour le SXSW 2017, que dîtes vous ?
Romain Lejeune : On va prendre la question à l’envers, c’est plutôt : on va tout faire pour se refaire programmer au SXSW 2017 et organiser une plus grosse tournée aux US, Texas bien sûr : San Antonio, El Paso, Dallas, dans le desert, mais aussi des dates à LA, Minneapolis, au Kansas, à New York grâce à tous les nouveaux amis que nous nous sommes faits sur ces région et avec l’aide du Bureau Export que notre label Wild Valley vient de rejoindre.
Les Amerloques vont devoir nous supporter encore de nombreuses années on l’espère !