Tirant son nom du train qui relie l’État de l’Oregon à New York, Empire Builder est le quatrième album d’une artiste qui sait prendre son temps.
Elle a commencé sa carrière en 2006 avec If You Come to Greet Me et a marqué l’année 2012 avec le très beau La Grande.
Empire Builder semble être le testament d’une nouvelle vie. Laura Gibson a tout perdu dans l’explosion de son appartement new-yorkais. Instruments, cahier de notes. Tout a brûlé. Aidée par Dave Depper (Death Cab For Cutie) et Nate Query (The Decemberists), cette native de Coquille (Oregon) publie son album le plus intime et au final le plus touchant.
Comment vas-tu ?
Laura Gibson : Je vais très bien ! Je suis très occupée. J’ai beaucoup de travail entre l’université et la sortie de mon disque. Mais je suis reconnaissante pour tout ce qui m’arrive.
Pourquoi as tu choisi de travailler avec John Askew ?
Laura Gibson : Je me suis sentie un peu perdue après la tournée de La Grande. J’avais déjà travaillé avec John sur quelques projets. Il a un bon esprit. Il est très patient et créatif. J’avais réservé un studio pour deux jours pour répéter quelques bouts de chansons et nous avons fini par enregistrer six chansons. Cela était assez évident qu’il fallait continuer avec John. Il est merveilleux. Et ce fut une collaboration très amusante.
Pourrais tu définir ce disque en un seul mot ? Ou deux ?
Laura Gibson : Honnête. Ou coup de poing au Cœur.
Quelles sont les différences, pour toi, entre La Grande et Empire Builder ?
Laura Gibson : Empire Builder est un album plus strict, tant au niveau de la musique que des paroles. J’ai voulu limiter la palette des sons. Le violon et le violoncelle sont donc les deux seuls instruments qui ont été utilisés pour les arrangements. La Grande en comptait bien plus. Et puis Empire Builder est plus sombre et a plus d’espace en terme de son.
Les chansons d’Empire Builder sont plus personnelles et donc ont été plus difficiles à écrire. J’ai énormément travaillé et désormais écrire est synonyme d’introspection. J’essaye de me comprendre. La Grande est un disque plus joyeux et « explosif ». Les chansons ont été écrites plus rapidement et parlent de mon entourage. Empire Builder fait raisonner le présent en moi.
Qui a pris la photographie que tu as utilisée pour la pochette d’Empire Builder ? Pourquoi l’avoir choisie ?
Laura Gibson : C’est une amie qui s’appelle Shervin qui a pris cette photographie. Quand j’étais en train de choisir la pochette d’Empire Builder, j’ai regardé énormément de photographies. Un ami m’a dit à propos de ce cliché avait figé un moment d’indécision. C’est le cas de l’album. Et puis j’aime l’ombre et le fond, et la lueur de la lumière en haut du cadre.
Quelle est l’histoire The Cause ? Et de Not Harmless ?
Laura Gibson : J’avais The Cause en tête depuis un moment. Tout comme le refrain. Je ne suis pas sûre de « la cause », cela peut-être soit une bonne cause soit quelque chose de plus négatif. Je voulais quelque chose d’assez ambiguë. C’est une chanson sur la prise de décision et sur le fait de faire collaborer amour et travail.
Not Harmless évoque notre tendance à nous plier pour plaire aux autres. Mon désir étant d’arrêter cette façon d’être. J’ai toujours voulu écrire une chanson où je suis la méchante.
Empire Builder est ton album le plus géographique. Je me trompe ? C’est un magnifique voyage entre N.Y.C et l’Oregon.
Laura Gibson : J’ai toujours tendance à réfléchir par rapport aux lieux et à la géographie. La Grande tirait son nom d’un endroit de l’Est de l’Oregon. Une grande partie des images que j’utilise vient des paysages que j’ai vus.
Empire Builder tire son nom du train qui m’emmène de l’Oregon à New York. Il ne s’agit pas d’un endroit mais d’un entre deux. Ce disque est un disque de transition d’où ce titre. Empire Builder est aussi une référence à l’ambition. Une chanson évoque ce thème sur l’album. Que fait-on avec l’ambition ?
Laura Gibson – Empire Builder
Où ont-été écrites les chansons d’Empire Builder ?
Laura Gibson : Toutes ont été écrites dans les montagnes et le désert de l’Oregon, sur les côtes des États de l’Oregon et de Washington, dans mon vieil appartement de Portland, durant le projet de l’Emily Dickinson House à Amherst (Massachusetts), dans le train Empire Builder, dans mon premier appartement à New York, dans l’avion, dans les cafés, tout en restant dans les maisons de mes amis par la pensée et en marchant autour de Manhattan.
Quel est ton meilleur souvenir lié à l’enregistrement d’Empire Builder ?
Laura Gibson : J’ai passé une semaine sur la côte de l’Oregon à enregistrer avec Peter Broderick. On s’est vraiment bien amusé pendant la phase d’arrangement des cordes. J’avais toutes ces parties assez étranges dans ma tête et j’ai voulu les chanter à Peter. Il s’est marré quand il a entendu ces sons étranges et les a parfaitement exécuté au violon. Nous avons fait tous les arrangements ainsi. On prenait des pauses pour aller voir l’océan. Dave Depper, un ami très proche, nous a rejoint pour faire les parties de guitare électrique. Nous allions courir le matin sur la plage et on préparé le repas du soir ensemble. Nous avons bien ri et puis il y a ces fameux moments de « magie accidentelle ».
Pourquoi avoir travaillé avec Nate Query et Dave Depper ?
Laura Gibson : Et Bien, j’ai travaillé avec Nate sur mes deux derniers disques. Il est sensationnel ! Il est d’une grande gentillesse et est très talentueux. Avec lui, c’est toujours facile et marrant. Dave est mon meilleur ami. Nous avons déjà travaillé sur pas mal de projets mais c’est la première fois qu’il jouait un rôle important sur un de mes disques. Travailler avec ces deux personnes a été incroyable. Ils ont un agenda très rempli, c’est un miracle d’avoir pu les avoir à la maison pour travailler.
TOP 10
1) Le meilleur album de 2015 ?
Laura Gibson : Sprained Ankle de Julien Baker.
Julien Baker – Sprained Ankle
2) Londres ou Paris ?
Laura Gibson : Paris.
3) Ton artiste français préféré ?
Laura Gibson : En musique ? Françoise Hardy peut-être. Ou Yann Tiersen. Le choix est difficile. Vous avez une quantité folle de bons artistes.
4) Le meilleur endroit pour faire un concert ?
Laura Gibson : Dans la clairière d’une forêt.
5) Le meilleur endroit pour voir un concert ?
Laura Gibson : A la maison. Avec de la bonne nourriture !
6) Ta bande originale de film préférée ?
Laura Gibson : J’ai mentionné Yann Tiersen tout à l’heure. Je vais donc dire Good bye Lenin !. J’ai écouté ce disque lors d’un road trip. Il me rappelle beaucoup de choses et me fait me sentir bien. Il y a un lien.
7) Ton album préféré de Grant-Lee Philipps ?
Laura Gibson : Je ne peux pas choisir mais je viens juste d’écouter des chansons de Virginia Creeper et je les aime beaucoup.
8) Le producteur de tes rêves ?
Laura Gibson : Ça fait longtemps que je souhaite travailler avec Merrill Garbus ou Richard Swift.
9) Le refrain ultime ?
Laura Gibson : So Long Marianne de Leonard Cohen.
Leonard Cohen – So Long Marianne
10) Si tu pouvais créer un festival, quel nom lui donnerais-tu et qui inviterais-tu ?
Laura Gibson : Il s’appellerait “Elder”. Tous les invités auraient plus de 60 ans. Il y aurait Yoko Ono, Leonard Cohen, Van Dyke Parks, David Byrne, Brian Eno, Vashti Bunyan. Et des gens moins vieux feraient les premières parties. Ils pourraient partager leur sagesse. Ce serait tellement rafraichissant et merveilleux.
Empire Builder de Laura Gibson sera publié le 1er avril 2016 via City Slang.
Laura Gibson sera en concert au Point Éphémère (Paris) avec Grant-Lee Phillips le 27 avril 2016.
- The Cause
- Damn Sure
- Not Harmless
- Empire Builder
- Five and Thirty
- The Search for Dark Lake
- Two Kids
- Louis
- Caldera
- The Last One