Sold Out et Ghinzu ont en effet joué quasi à guichet fermé devant un public lyonnais rantanplan comme d’habitude. Le duo bruxellois Sold Out, une gorgone sensuelle au chant et un beau gosse aux manettes allument la salle que cela soit avec un light show efficace en stroboscope hypnotique ou avec des titres dansants et électroniques diablement sexy à moins que cela soit Charlotte vociférant fâcheusement I don’t want to have sex with you. C’est suffisant pour attirer le reste du public accoudé au bar, suant la bière dans une salle chauffée à blanc et des toilettes privés honteusement d’eau à des fins mercantiles.
Ghinzu prend la relève, le couteau entre les dents pour offrir au public lyonnais une performance abrasive et jouissive tant leurs mocreaux sont de véritables symphonies de poche alternant des moments d’extrême tension et des accalmies précédent la tempête.
« La musique de Ghinzu s’adresse directement à celui qui l’écoute, ça ne va pas plaire à ceux qui veulent une musique d’ambiance pour manger une pizza ou un barbecue sur une terrasse en été. » clame John Stargasm. Il tombait pourtant des cordes ce soir là mais on se serait peut être cru à une convention de livreurs de pizza si quelques hurluberlus venus du fond de la salle n’avaient pas lancé énergiquement le pogo, transformant la fosse en sauna où même le virus de la Grippe H1N1 ne pouvait survivre. Même si le son n’était pas toujours très bon (trop peu de guitare sur certains morceaux et trop de claviers ‘Star Wars’) et que le set commença de façon pépère avec le triptyque enchainé Mother Allegra / Mirror Mirror / The Dream Maker et des saluts convenus limites blasés, le gang des cinq, John – 21st century crooner – Stargasm au chant, Mika – Terminator – ‘Nagasaki’ Hasson à la basse vrombissante, Antoine – Tintin sans Milou – Michel au fracassage de futs, Jean – distord sons – Waterlot aux claviers bizarroïdes et à la guitare et enfin Greg – Rahan bidouillant sa six cordes coutelas – Rémy prit rapidement une vitesse de croisière en alignant les mélodies rollercosters du dernier album (l’imparable Cold Love ou le très Strokien Take it easy) mais sans oublier les deux précédents opus avec la danse démoniaque sur Dragon, la vague vertigineuse des arpèges au piano sur Dragster Wave. Mais le concert prend toute sa dimension quand retentissent les premières notes du toujours efficace Do you read me qui déchaine le public. La reprise convenue mais énergique popularisée par les Beatles, Twist and Shout fait regretter le Purple Rain désossé que Ghinzu proposait lors de la dernière tournée. Chocolate permet à John de s’amuser avec l’auditoire avant la déferlante vertigineuse Kill the surfers. Un premier rappel permet de calmer l’orage avec un magnifique titre, This light et ses vers désabusés Would anybody close my eyes ? Would anybody shut me down, Eveything is gone for nothing... qui démontrent que Ghinzu cache sous la fureur un crooner sensible et sentimental (voir Sweet love sur le précédent album). Mais le set se termine dans l’euphorie avec Mine et surtout Blow, chanson emblématique du groupe qui témoigne que Ghinzu n’est pas Muse, groupe de stade dorénavant boursouflé, pompier et pompeux mais propose des compositions variées, des chevauchées fantastiques sans se prendre trop au sérieux.
Set List : Mother Allegra / Mirror Mirror / The Dream Maker / Cold Love/ Take it Easy / Dragon / The Dragster-Wave / 21st century crooners / Do You Read Me? / Twist and Shout / The End Of The World / Chocolate / Kill The Surfers / Rappel 1 This Light / This War Is Silent / Mine / Rappel 2 Blow