Bien belle soirée pour le second soir du festival Just Rock ? à Lyon devant un public clairsemé au Ninkasi Kao, les beaufs préférant s’engourdir le cerveau devant un écran géant pour admirer les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints (Merci Pierre D.) et s’avachir la bière à la main devant la fessée magistrale qu’une salade niçoise a donné à la prétentieuse andouillette lyonnaise.
L’affiche était pourtant alléchante avec des artistes bigarrés, accessibles et talentueux . Les premiers à investir la scène du Kao tout en douceur furent Vandaveer, duo Amerikana qui mêle un archange incandescent de beauté au chant et Rose – Raymonde Bidochon – Guerin, cheveux fushia, chaussettes en laine remontées aux genoux et robe à fleurs (fanées) importées directement d’ex RDA aux backing ‘angel’ vocals. Les voix sont aériennes, tricotant de délicates et sobres mélodies avec une grâce à faire marcher sur l’eau ce bon Jeff (Buckley), un duo de troubadours folk qui renvoie Winston se faire fumer dans les cyprès ou Yodelice à sa manucure.
Changement d’ambiance après cette overdose de douceur et de simplicité avec le dromois H-Burns qui vient présenter son nouvel album We go way back avec sa somptueuse pochette par Richard Bellia (sortie le 16 novembre chez Discograph). Après deux premiers albums plutôt orientés blues, Renaud Brustlein et sa troupe (les fidèles amis de Thousand and Bramier et Jonathan Morali de Syd Matters) proposent un set abrasif et accrocheur, une voix toujours aussi intense, un songwriter qui vit ses chansons désormais beaucoup plus électriques, quasi en transe, les yeux mis clos. Les titres prennent de l’ampleur sur scène, la tension monte petit à petit, l’orage gronde et éclate pour mieux s’apaiser. Même les deux magnifiques anciennes chansons Horse with no medals et Big city blues sont transfigurées. H-Burns devrait avec ce nouvel album changer de stature et rallier logiquement Bourges dont il fait les sélections Découvertes Rhône Alpes, le 28 Novembre prochain a l’espace St Germain de Vienne.
Enfin, la bande à Schuller vient clore la soirée en beauté avec ses bombinettes sensorielles. Ni progressif, ni post rock, ni électro pure, ni pop atmosphérique, Sébastien se fait la belle avec une musique hybride qui atteint des sommets d’émotion et de frissons. Chaque titre vous enlace, vous emporte dans son univers parallèle, avec une musique amniotique, une sorte de post prog où les machines seraient enfin humanisantes et chaleureuses. Keziah Jones dit très justement que la clé de la qualité pour un artiste est de trouver un son, une originalité et Schuller en France semble assez unique et singulier, comme un Radiohead sans prise de (grosse) tête.