Les mille et unes nuits des The Moles

En publiant en 2016 un nouveau disque de The Moles, le label Fire Records nous fait deux cadeaux.


Le premier cadeau est ce nouvel album des The Moles. La poétique du chaos chère à Lyonel Sasso est toujours présente. Tonight’s Music est un album long et dense qui mettra du temps à révéler toutes ses saveurs.

Le second est la découverte de Richard Davies. La qualité de la musique de ce garçon est inversement proportionnelle à sa notoriété. Et comme Davies est connu de quelques initiés… Signé au début des années 90 chez Seaside avant d’être transféré chez Flydaddy Records (Super Furry Animals, Pure Joy), Davies a publié une kyrielle de disques sensationnels en duo (Cardinal) et en solo. Le succès n’est jamais venu frapper à la porte de cet Australien exilé sur la côte Est américaine.

Acheter le nouveau disque de The Moles, c’est donc découvrir des disques de la trempe de There’s never been a crowd like this et l’écriture hallucinante de Davies. Débarrassée des cuivres d’Eric Matthew et des rugosités des Moles, l’écriture y révèle toutes ses qualités.

Richard Davies

Comment as-tu rencontré le label Fire Records ?

Richard Davies : Le label Fire Records avait distribué Instinct des Moles dans les années 90. On est rentré de nouveau en contact en 2011-2012 pour rééditer mes disques et pour sortir de nouvelles choses.

Pourquoi publier un disque des Moles en 2016 ?

Richard Davies : Les The Moles sont une sorte de déguisement. C’est juste une appellation générique pour me mettre en scène. J’ai toujours aimé les groupes derrière lesquels les auteurs se dissimulent et dont l’identité est trouble. C’est donc assez naturel pour moi d’enregistrer un disque des The Moles. Je serai dans les Moles jusqu’à la fin de mes jours.

Quel est ce bâtiment que nous pouvons apercevoir sur la pochette ? Pourquoi as-tu choisi cette image ?

Richard Davies : Je suis allé à Londres pour jouer quelques concerts des Moles il y a quelques temps. J’ai passé beaucoup de temps dans les pubs et les parcs de Stoke Newington. D’ailleurs la chanson Highbury & Islintgon sur le disque évoque le confort de ce quartier et la majestuosité de ce lieu, mais aussi l’ambiance singulière qui est la conséquence de son histoire. Je crois que ce bâtiment est un des pubs de ce quartier.

En 2012, tu as reformé les Cardinal avec Eric Matthew pour publier Hymns. En 2016, The Moles> vont publier un nouvel album. Quelle relation entretiens-tu avec ton passé ?

Richard Davies : Écrire un disque et l’enregistrer est quelque chose de très éphémère, donc je n’imaginais pas qu’un jour je serais impliqué dans mon propre passé musical, parce que je suis toujours en action. Mais j’étais jeune et naïf. Les chansons reflètent ma personnalité et celle des musiciens avec qui je joue, donc il y a une contrepartie à l’éphémère, un phénomène constant et naturel, comme quand on tire l’eau du puits.

Pourquoi as-tu appelé ce disque Tonight’s Music ?

Richard Davies : J’ai écrit ces morceaux pendant la nuit. Tonight’s Music est la B.O de ces nombreuses nuits.

Comment as-tu rencontré Bob Fay, Malcolm Travis, Dion Nania et Jarvis Taveniere ?

Richard Davies : J’ai rencontré Bob en 1992. Il fait partie d’une bonne partie de ma vie musicale et de toute ma vie américaine.
J’ai rencontré Malcolm grâce à notre passion commune pour Stephen Merritt des The Magnetic Fields. Malcolm et moi nous nous entendons très bien. Free Time, le groupe de mon ami australien Dion Nania, a travaillé avec Jarvis. Ce fut donc assez simple de travailler ensemble. Les sessions pour Tonight’s Music furent rapides et simples. Le résultat est assez croustillant et pop, comme le son du Swinging London des sixties.

Si tu devais utiliser un mot pour définir Tonight’s Music, lequel choisirais-tu ?

Richard Davies : Omnivore.

Comment as-tu trouvé le son de Tonight’s Music ? Il est splendide !

Richard Davies : Le son de ce disque est le son de nombreuses nuits et le son de nombreux endroits. Des coins de New-York comme des lofts, des terrains vagues, des bars ou des restaurants, des fermes du Massachusetts… Il y a aussi pas mal de mon pied-à-terre de Cape Cod, des sorties avec les copains dont j’enregistrais les sons, de la pop traditionnelle, des lettres écrites à des amis (comme Red Carpet pour Robert Pollard). J’ai plutôt laissé tomber la guitare sur ce disque.

Quelle est l’histoire de You’re In My Band ? Et celle de Wear and Tear ?

Richard Davies You’re in My Band est une réflexion sur l’alchimie qui s’opère entre différents humains qui s’unissent pour créer un disque, l’intersection du fascisme et de la démocratie, l’échange, l’égoïsme et la paranoïa, la camaraderie, tout ça mélangé.
Wear and Tear, c’est Bob Fay qui joue de la batterie impulsivement, comme il le fait toujours. Il n’y touche pas pendant 4 ans, juste pour voir la différence que ça fait quand il rejoue 4 ans après. Wear and Tear, c’est aussi l’immense patience et l’attente nécessaires à chaque artiste. L’excitation et l’euphorie ne sont qu’une toute petite partie de l’expérience.

Tu penses pouvoir jouer ton disque en France ?

Richard Davies : J’aimerais beaucoup. J’ai un groupe avec qui je joue à Londres et je suis en train de monter un concert avec la version new-yorkaise des Moles. Je tente de faire la même chose à Detroit. J’aimerais bien avoir une version parisienne des Moles. Il faudrait juste qu’ils sachent jouer quelques morceaux de manière assez relâchée.

Comment as-tu écrit ces chansons ?

Richard Davies : Tout dépendait de la nuit. Les chansons de ce disque ont été écrites de toutes les manières possibles : traditionnellement, instantanément, patiemment, avec des sons lo-fi et des sons plus structurés.

Ce ne fut pas trop difficile d’écrire des chansons pour les Moles après une pause de 20 ans ?

Richard Davies : Les choses se sont faites très naturellement. Les choses attendaient pendant que je travaillais sur le disque des Cardinal et un de mes disques solo. Les Moles font partie de moi autant que mes autres projets.

Tonigh’s Music est comme un double album avec ses 24 morceaux. Quand as-tu commencé à l’écrire ? Il y a quinze ans ?

Richard Davies : Cela a pris pas mal d’années… Entre les études, le boulot et la vie. Et surtout quand la nuit me permettait d’écrire des chansons !

The Moles - Tonight's Music

Tonight’s Music des The Moles sera disponible le 12 août 2106 via Fire Records.

The Moles - Tonight's Music

Tracklist : The Moles - Tonight's Music
  1. Strange Summer
  2. Head In The Speakers
  3. Space Fever
  4. Highbury and Islington
  5. Needle and Thread
  6. Slings and Arrows
  7. Stray Dog
  8. Red Carpet
  9. Damien Lovelock
  10. K.B.O.
  11. Home For The Hobos
  12. Are You Free Tomorrow?
  13. Dreamland
  14. Beauty Queen of Watts
  15. Chills
  16. Out Of Thin Air
  17. Room Temperature
  18. You're In My Band
  19. Hand Carved Imported Oil Painting
  20. Shandy
  21. Wear and Tear
  22. Tonight's Music
  23. Artificial Heart
  24. Imperial Blues 03:59

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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