There’s Never Been A Crowd Like This est le premier disque solo de Davies est cela a toute son importance. Pour la première fois, on peut entendre l’écriture de Davies réduite à sa portion congrue. Cachée derrière les larsens des The Moles et derrière les cuivres d’Eric Mattews (avec qui il a formé le duo Cardinal le temps d’un superbe album), la plume de Davies cachait discrètement son amour pour la pop. En 1991, Davies préfère maltraiter la mélodie de Surf’s Up plutôt que de la cajoler. En 1994, Davies laisse le volant à Mattews pour le disque de Cardinal.
En 1996, les compteurs sont remis à zéro. Les Moles ne sont plus qu’un vieux souvenir et l’aventure Cardinal a pris l’eau. Davies est au pied du mur. En pleine vague Brit Pop, il prend le train en marche et se lance à la poursuite d’Albarn. Richard Davies change de prénom en se transformant en Ray Davies new-yorkais et fait la nique à Neil Hannon. There’s Never Been A Crowd Like This est un disque incroyable où son auteur déroule avec une facilité déconcertante les Tables de la loi pop tout en les cassant. Avec Davies, tout se paie. Vous croyez atteindre le nirvana avec le premier couplet d’une chanson ? Davies préférera filer à l’anglaise avec un refrain totalement inattendu et vous laissera pantois sur le bord de la route. Une fois que vous avez compris l’algorithme Davies, vous êtes prêt pour un grand voyage.
Comparé à un certain Mick Head (The Pale Fountains, Shack) par un amateur plus qu’éclairé, Richard Davies sera salué par la critique mais ignoré par le public.
En France, le disque était disponible uniquement en import. Les Français ont donc une excuse…
Un an plus tard, Davies remet le couvert avec son deuxième album solo (Telegraph). La trame du scénario reste la même. Seuls les chansons et les acteurs changent. Davies est produit par un ex Flaming Lips (Ronald Jones) et JD Beauvallet est remplacé par Gilles Dupuy pour chroniquer le disque chez les Inrocks. Quant aux Français, ils n’ont plus aucune excuse : Davies avait décroché un deal de distribution via V2 pour ce disque. Ce sera de nouveau un échec commercial. Mais ça, c’est une autre histoire.
Richard Davies
There’s Never Been A Crowd Like This est ton premier album solo. Quelle relation entretiens-tu avec ce disque ?
Richard Davies : Je l’aime. A l’époque, je travaillais dans un centre commercial du sud de Boston. J’étais sûr de moi en ce qui concerne la musique mais résigné par les chemins de ma destinée.
Pourquoi as-tu décidé de faire un disque solo ?
Richard Davies : Je n’ai jamais choisi de faire un album solo. J’ai juste été confronté à la réalité économique. J’ai donc fait un album solo. Je gagnais ma vie bon gré mal gré, assez pour vivre et aimer.
Quelles sont les différences d’écriture entre un disque des Cardinal et un disque solo de Richard Davies ?
Richard Davies : Aucune. Mais vraiment aucune.
Je te blesse si je te dis que certaines de tes meilleures chansons se trouvent sur There’s Never Been A Crowd Like This ?
Richard Davies : Et bien je te défie de dire que cet interview est ta meilleure interview. Cela dit, je crois bien que certaines de mes meilleures chansons se trouvent sur ce disque. J’étais encore assez jeune, loin de chez moi et très concentré sur ma musique. Tout est encore valable aujourd’hui. Sauf le fait d’être jeune. Et je ne souhaite pas te blesser en disant cela.
Peux-tu m’expliquer le titre de cet album ?
Richard Davies : Il vient du fait de vivre à New-York et de voyager à travers l’Amérique avec des gens très particuliers. L’Amérique est vraiment comme dans les films et les disques.
Et où a été-prise la photographie de la couverture ?
Richard Davies : C’est très osé, mais elle a été prise près de Wall Street.
Quelle est l’histoire de Sign up maybe for being ?
Richard Davies : Elle évoque la triste époque que j’ai passée avec les Flaming Lips. Je croyais qu’ils étaient vraiment plus bizarres qu’ils ne le sont en réalité. En fait non, il s’agit juste de types normaux qui font ce qu’ils peuvent. Jouer avec les Flaming Lips, c’était un peu comme être dans l’armée : tu es commandé par des voix et tu vois s’évanouir ta liberté.
Richard Davies – Sign Up Maybe For Being
Comment t’es tu retrouvé dans le studio Prophet Sound à Stoughton ?
Richard Davies : Je ne voulais pas m’éloigner de la maison. J’en avais marre de voyager sans cesse pour faire de la musique. Je voulais rester à Shirley jusqu’à la fin de l’enregistrement. Nous vivions à Quincy. Ainsi nous pouvions vite rentrer à la maison le soir.
Quel est ton meilleur souvenir lié à cet enregistrement ?
Richard Davies : L’enregistrement lui même. Aussi, le souvenir des Témoins de Jéhovah qui rôdaient sur la route alors que je galérais à enregistrer le piano de Showtime, qui était déjà écrit. L’un d’entre eux a dit qu’il savait jouer du piano, il est entré et l’a enregistré.
Qui t’a aidé à faire ce disque ?
Richard Davies : Oh mon Dieu, plein de monde. Je ne peux pas les citer de tête.
Quelle est ta chanson préférée de ce disque ?
Richard Davies : J’aime Transcontinental, Sign Up Maybe For Being, 6/4 On, Chips Rafferty et In Between Moods. Tu trouves pas qu’elles sont toutes un peu folles ?
Richard Davies – Transcontinental
Aimes-tu cet album ? Comment le perçois-tu ?
Richard Davies : Je l’aime. Je pense qu’il est vraiment bon.
There’s Never Been A Crowd Like This de Richard Davies est disponible via le label Flydaddy Records.
Richard Davies a reformé les The Moles et a publié l’album Tonight’s Music il y a quelques jours via le label Fire Records.
- Transcontinental
- Sign Up Maybe For Being
- 6/4 On
- Chips Rafferty
- Why Not Bomb The Movies?
- Jubilee
- In Between Moods
- Hard River
- Topple Into My Fantasy
- Showtime